Mark Webber revient sur sa carrière

Après douze saisons en Formule 1, dont cinq au plus haut niveau, Mark Webber tirera sa révérence dimanche soir pour rejoindre Porsche en Endurance l’an prochain. Une décision prise face à la lassitude de la tension qui règne en Formule 1, mais qui le pousse à quitter le plus haut niveau des sports mécaniques.

"C’est une décision difficile pour n’importe quel sportif, parce que c’est contre notre ADN" reconnaît Webber. "Est-ce que c’est agiter le drapeau blanc ? En un sens ça l’est, mais à un moment vous vous rendez compte qu’il y a assez de choses que vous ne voulez plus faire. Fut un temps où je pensais à ce sport tout le temps, ce n’est plus le cas, c’est différent. Je pourrais continuer si je le voulais, bien sûr, mais je ne veux pas trop tester mes capacités au volant à ce niveau".

Mark Webber disputera sa 215ème et dernière course en Formule 1 : "215 courses... c’est énorme. A ce niveau, il faut savoir être souple, il faut continuer sans arrêt à apprendre. C’est comme Roland Garros et Wimbledon, ce sont globalement les mêmes surfaces mais les techniques de jeu et de victoire évoluent sans arrêt" explique-t-il dans une analogie au Tennis. "En tant que pilote vous devez toujours évoluer car si vous ne vous adaptez pas, vous êtes sportivement mort".

"J’essaie de transmettre ça aux plus jeunes maintenant, comme Mitch Evans. Il faut avoir le maximum de cordes à votre arc pour survivre. Je suis passé par de nombreuses phases pleines d’émotions dans ma carrière. Je suis très sérieux professionnellement, parce que c’est ce que je croyais devoir faire, ne pensant pas avoir assez de talent naturel mais je savais que je pouvais avoir de très bons résultats par le travail. Je devais le faire, et ça m’a permis d’écraser des mecs qui étaient plus rapides que moi mais qui travaillaient moins, ils n’ont pas eu la carrière qu’a été la mienne".

"C’est ce que j’ai appris à mon sujet, à quel point il était important de travailler sans relâche. Je l’ai fait pendant toute ma carrière" se félicite l’Australien.

Des décisions aussi énormes représentent un changement énorme pour un pilote, et alors qu’elle a été prise il y a quelques mois, elle devient réelle ce week-end pour Mark Webber. Même quand c’est ce qu’on veut, tourner une telle page n’est-il pas difficile ?

"Je pense que ça va aller, même si c’est la dernière fois que je fais tout ça" semble appréhender le pilote Red Bull. "C’est une grosse décision. J’ai eu les conseils de quelques hommes et femmes qui sont passés par là, ce n’est pas simple à bien faire. Frank Bruno n’est pas quelqu’un que j’ai appelé, mais je me rappelle l’avoir entendu dire que le plus gros combat à disputer est lorsque ce jour arrive" explique-t-il au sujet de l’ancien boxeur qui avait pris sa retraite après une lourde défaite face à Mike Tyson.

"Il y a beaucoup d’adrénaline autour de tout ça, et d’un coup il n’y en a plus, c’est pour ça que je dois faire autre chose. Les résultats que j’ai eus en F1 étaient bons, je ne pensais pas réaliser ça et j’en suis fier, c’est un voyage et j’en ai eu un exceptionnel. J’aurais été ravi de rester grandir à Queanbeyan parce que je n’aurais connu que ça, mais lorsque l’on découvre une autre façon de vivre, d’autres parties du monde, ça devient une sacrée aventure. On en retire plus que des simples résultats".

Après tant d’années, et des hauts et des bas, Mark Webber a-t-il des regrets concernant ses douze saisons en Formule 1 ? "On aimerait toujours que ce qui nous arrive nous soit arrivé plus jeune mais on ne peut pas mettre une vieille tête sur de jeunes épaules. Il y a eu des moments d’adversité et de doute, il y a forcément des mauvaises décisions et des erreurs, nous en faisons tous. On n’apprend pas assez si l’on n’a pas assez de défis. Les courses qui m’ont appris le moins de choses sont celles que j’ai gagnées ! On apprend mieux quand les choses ne vont pas dans notre sens car on veut savoir pourquoi".

Webber, bien que décrivant la F1 comme l’apogée d’une carrière, reconnait que tout peut lasser une personne, et qu’en dépit d’être présent au plus haut niveau, "il était temps de changer".