Manor : Faut-il continuer à tourner en rond ?

Un constat triste mais fataliste

Par Emmanuel Touzot

8 janvier 2017 - 09:55
Manor : Faut-il continuer à tourner (…)

Une nouvelle fois, l’équipe Manor se retrouve en grandes difficultés financières et à moins d’un miracle, elle ne participera pas au début de la saison 2017, si elle ne met carrément pas la clé sous la porte. Une situation qui n’est pas une nouveauté pour une structure qui n’a jamais réussi à se dépêtrer de son manque de budget.

Originaire de la "classe 2010", en compagnie de HRT et Caterham, Manor faisait office de structure solide face à ses deux rivales, disparues respectivement fin 2012 et fin 2014. Toutefois, il ne faut pas oublier que lorsque Caterham a été mise en liquidation judiciaire, Manor avait été mise en redressement, à l’époque sous le nom de Marussia.

Une telle issue était à craindre puisque les difficultés financières ont toujours accompagné cette petite équipe, d’abord sous la bannière Virgin, qui avait cédé une majeure partie des parts de l’équipe à Marussia. Lors de cette ère, la plus longue, elle n’avait dû son salut qu’à la 10e place du classement des constructeurs acquises en 2013, puisque le budget moteur grimpait en flèche avec l’arrivée des V6 turbo hybrides.

On avait cru le plus dur passé pour Marussia, mais les coûts incontrôlés n’avaient même pas été englobés dans les primes acquises, et les deux points marqués par Jules Bianchi à Monaco en 2014, synonymes d’entrée d’argent supplémentaire, n’avait pas empêché un défaut de paiement auprès de ses fournisseurs mais aussi de ses salariés. Et de ce manquement était arrivé le redressement judiciaire qui poussait même l’équipe à manquer la fin de saison 2014.

Sauvée par Justin King et Stephen Fitzpatrick et renommée, Manor ne participe pas au Grand Prix d’Australie, faute de préparation sur ses monoplaces datant pourtant de l’année précédente. Seul le châssis est très légèrement modifié tandis que le bloc propulseur Ferrari reste celui de 2014.

Après une saison désastreuse, l’équipe est de nouveau mise en faillite fin 2015 et ne doit son salut qu’à l’élan de générosité intéressé de Mercedes qui conclut un accord avec l’équipe : elle lui fournira un moteur de l’année en cours, le meilleur du plateau, et placera Pascal Wehrlein pour sa saison d’apprentissage.

Un accord qui permettra à Manor de marquer le point de la 10e place en Autriche et à Mercedes de placer un autre de ses poulains en Formule 1 avec Esteban Ocon.

Las, Sauber finira par récupérer la 10e place du championnat constructeurs et la prime de la FIA qui l’accompagne. Manor commence à chercher de nouveaux investisseurs avant d’être finalement placée en redressement judiciaire. Stephen Fitzpatrick reconnaît alors que la perte de la 10e place a été l’élément déclencheur de cette mauvaise situation.

Maintenant que l’effacement des dettes est possible, les nouveaux repreneurs pourraient se bousculer pour venir en Formule 1, mais le temps presse et il faudra déplacer des montagnes pour que Manor poursuive son aventure dans la discipline.

Car si un accord est trouvé courant janvier, il faudra relancer la production des voitures conformes aux nouvelles règles techniques et réussir à les mettre en piste courant mars. Un délai que n’avait pas réussi à tenir l’équipe il y a deux ans, sans avoir a composer avec un changement de règlement au milieu. On peut également citer l’exemple de Renault qui, devenue propriétaire de son équipe en décembre, n’a pas souhaité lancer la production d’une nouvelle voiture en trois mois.

A moins que la Manor de 2017 soit déjà bien avancée, ce dont on doute sérieusement, il faudra la concevoir, la viabiliser auprès de la FIA, construire toutes les pièces pour mettre deux monoplaces en piste et, dans le pire des cas, lui faire prendre part à une séance d’essais privés. Et si cette condition n’est pas respectée, c’est avec des milliers de kilomètres en piste, ainsi que des mois de développement en usine, que Manor se présentera sur la piste à Melbourne.

De quoi repartir pour un nouveau championnat en fond de grille, sans possibilité de récupérer les primes données par la FIA aux dix premiers, et se retrouver dans la même situation dans 12 mois en ayant ruiné un autre investisseur.

Ces mêmes investisseurs qui se poseront sûrement la question avant de racheter Manor : le jeu en vaut-il la chandelle ?

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