Lotus revient sur son Grand Prix de Hongrie
Débriefing avec Simon Rennie
Egalant son meilleur résultat, le double podium de Budapest a été une superbe récompense à l’issue d’une fantastique performance globale de l’équipe Lotus. Nous avons discuté avec l’ingénieur piste Simon Rennie pour savoir comment elle a été vécue depuis le muret des stands
Remontons à vendredi. Quel était le programme des pilotes aux essais libres ?
La première séance a été consacrée aux tests sur des nouveautés, qui se sont révélés probants. Même si nous étions focalisés sur le développement aéro, Kimi se disait satisfait du ressenti sur la voiture. Par conséquent, nous avons fait peu de modifications avant la deuxième séance, en dehors du fait de retirer les nouvelles pièces. Kimi était toujours aussi content de la voiture en séance 2 et il descendait ses temps régulièrement. Malheureusement, la deuxième moitié de cette séance a été gâchée par la pluie et nous n’avons pas pu réaliser notre habituelle simulation de course.
Il y avait moins de satisfaction du côté de Romain qui se trouvait inhabituellement loin des chronos de Kimi. Il a réussi à combler l’écart graduellement lors des deux séances, mais il ne se sentait pas aussi à l’aise que d’habitude. Pendant la soirée, les ingénieurs ont étudié les datas avec lui et ont décidé d’apporté quelques modifications, à la fois en aéro et en mécanique et sont revenus à des bases utilisées quelques courses auparavant. Romain se situait encore à distance des temps de Kimi en début de séance samedi, mais il a fini par retrouver la confiance et il était totalement revenu dans le coup en fin de journée. Dans l’ensemble, donc, ce fut une bonne journée.
Les trajectoires de Kimi et Romain ont paru assez différentes lors des qualifications…
Le meilleur tour de Kimi en Q3 était moins bon que celui de Q2, lequel avait déjà été ralenti par le trafic dans les deux derniers virages. Avant la dernière phase, nous prévoyions un tour dans les 1.21, surtout avec les nouveaux pneus tendres qui s’avéraient plus rapides à chaque tour. Malheureusement, Kimi n’a pas eu un tour vraiment clair et a perdu deux dixièmes dans le premier secteur.
A l’inverse, Romain a commencé prudemment. Mais sa confiance n’a fait qu’augmenter et à la fin il volait littéralement. Cela a été un vrai tour de force de revenir comme il l’a fait d’où il se trouvait vendredi à la deuxième place sur la grille. A l’œil nu, il était évident qu’il se sentait beaucoup plus à l’aise avec la voiture.
La météo était un peu douteuse dimanche matin mais la chance a été avec l’équipe finalement !
Tous les regards étaient tournés sur les prévisions dimanche. Nous espérions un très bon résultat fondé sur des comparaisons entre les qualifications et le rythme de course, mais l’arrivée de la pluie, prévue en milieu de course, aurait bouleversé la hiérarchie. Heureusement, le ciel ne s’est pas assombri et la température est restée élevée, ce qui convient bien à la E20.
Les premiers relais se sont déroulés aussi différemment pour les pilotes …
Ils ont pris tous les deux des départs corrects. Romain a bien résisté à Sebastian [Vettel] et a ensuite bien tenu le rythme de Lewis [Hamilton]. Pour Kimi, à partir du moment où il a été passé par Fernando [Alonso], son premier relais était compromis. Heureusement, nous avons fait en sorte qu’il gagne des places au premier arrêt. Dès lors, il a enchainé les tours rapides pour se rapprocher des leaders.
A ce moment-là, c’est devenu le jeu du chat et de la souris. Racontez-nous…
Kimi devait fait faire un long relais sur son deuxième train de pneus. Mais nous n’étions pas aussi sûrs que d’habitude de la longévité des durs puisque nous n’avions pas pu faire de simulation vendredi. Il a donc décidé de préserver ses gommes en début de relais et d’attaquer à la fin, quand ceux qui s’étaient arrêtés plus tôt se trouvaient pris dans le trafic. Ceux-là gaspillaient leurs meilleurs tours en gommes fraiches, alors que Kimi envoyait des tours très rapides. Ce qui l’a replacé devant Sebastian [Vettel] et Romain après leurs derniers arrêts.
A la fin, Kimi se trouvait dans le sillage de Lewis [Hamilton]. Pouvait-il jouer la victoire ?
Avec le même type de gomme [medium], mais cinq tours de moins que Lewis [Hamilton], Kimi pouvait frapper un grand coup et il l’a rattrapé relativement facilement, à raison de 5 dixièmes au tour. Mais sur le Hungaroring, il nous aurait fallu une plus grosse différence de performance pour le doubler. Nous espérions que les pneus de la McLaren s’écrouleraient sur la fin, mais cela ne s’est pas produit.
La fin de course a été plus difficile pour Romain. Que lui est-il arrivé ?
A 12 tours du but, Sebastian [Vettel] avait une telle avance sur Fernando [Alonso] qu’il pouvait s’arrêter et passer des pneus neufs sans perdre de position. Il était donc diablement rapide dans les derniers tours, après avoir perdu 17 secondes au stand. C’était fin, mais Romain a bien contrôlé sa cadence et ne s’est jamais trouvé sous sa menace.
Il y a eu ce moment chaud entre Kimi et Romain. Etait-ce tendu sur le muret des stands ?
Pour l’équipe, avoir nos deux pilotes sur le podium était un magnifique résultat, quel que soit l’ordre. Avec Sebastian [Vettel] tout près derrière, il fallait qu’ils poussent au maximum tous les deux. La consigne de Romain était d’y aller à fond et celle de Kimi d’utiliser son KERS en sortant de la pit lane. Cela ne pouvait que créer une situation chaude.
Romain a donné l’impression de pouvoir déborder sur l’extérieur, mais Kimi avait un bon élan en entrant dans le virage. Alors c’était roue contre roue. Heureusement pour nous, ce sont tous les deux de grands pilotes et nous savions que nous pouvions compter sur leur bon sens et ils en ont eu. Nous avons finalement obtenu ce très bon résultat avant de partir en vacances, bien méritées !
Source : www.lotusf1team.com