Liberty fait face à une équation compliquée pour le futur règlement moteur
Stabilité du règlement, réduction des coûts, technologie de pointe : des objectifs conciliables ?
Les accords Concorde pour l’après-2020 ne sont toujours pas finalisés entre les écuries, la FIA et la FOM. Le temps commence à presser pour les écuries et surtout pour les motoristes… Où en sont alors les négociations ?
Chase Carey, lors d’un récent rapport aux actionnaires de Liberty Media, n’a pas fait de révélations fracassantes, en confirmant seulement que les discussions se poursuivaient actuellement « en privé » entre les parties intéressées.
« J’aimerais que ça soit réglé tôt plutôt que tard. Mais le défi, c’est que tout ce dont nous parlons devra s’appliquer en 2021. Et habituellement, avoir une deadline dans ce genre de négociations aide. »
Mais justement, reconnaît Chase Carey, il n’y a pas vraiment de deadline fixée à ces négociations, si bien qu’elles se hâtent avec lenteur aujourd’hui…
« Nous n’avons pas quelque chose pouvant mettre de la pression dans les négociations – comme si l’on disait que tout devrait être bouclé impérativement d’ici le 31 décembre 2018. J’aimerais que ce soit le cas, parce que c’est plutôt sain pour nous d’être concentrés sur le futur. »
« Mais nos discussions sont bonnes. Nous avons des objectifs en interne. Elles ont été utiles. Et les meilleures discussions pour le moment sont celles que nous avons avec les 10 écuries, et qui sont en cours. Nous avons un bon pressentiment sur ce processus, nous avons confiance dans notre capacité à arriver à une bonne conclusion. Mais nous n’allons pas révéler des deadlines, je ne pense pas que ça nous aiderait. »
Sur le plan du moteur, pour l’après-2020, étant donné le retard déjà pris et les souhaits des motoristes actuels, la tendance est à une relative stabilité du moteur, confirme Chase Carey.
« Avec toutes les équipes, nous sommes tombés d’accord pour dire que le bon chemin à prendre était plus une stabilisation des règles moteur existantes, et qu’il fallait en retour adapter le règlement technique pour améliorer le spectacle en piste et régler les problèmes financiers des écuries. Dès le départ, notre but a été de développer des moteurs plus simples, moins chers, plus bruyants et plus puissants, qui permettent aux pilotes de faire la course. Le mieux, c’est de stabiliser le moteur existant et ensuite, à travers le règlement sportif et technique, de finir le travail. »
« Quand vous avez un nouveau moteur, tout le monde repart de zéro, et il y a toujours des conséquences que vous n’attendiez pas, que vous ne vouliez pas » remarque Carey, qui regrette sans doute ici la large avance prise par Mercedes au début de l’ère V6.
Stabiliser le moteur a pourtant un revers : attirer un nouveau manufacturier en F1 sera bien plus difficile… Les autres motoristes auront déjà pris beaucoup d’avance et plus le temps passera, plus un motoriste non-engagé en F1 prendra du retard.
Même si le règlement reste stable, Chase Carey reste étrangement confiant dans la capacité du sport auto à attirer de nouveaux motoristes…
« Nous voulons nous assurer d’avoir des moteurs continuant d’être pertinents pour les voitures de série. Mais surtout, en termes de technologie, nous voulons un moteur qui soit à la pointe de ce qui existe dans le monde. Donc, si nous remplissons tous ces objectifs, cela pourra contribuer à attirer aussi les nouveaux motoristes dont la F1 a besoin. »
Un motoriste ne pourra cependant rentrer en F1 si les coûts sont importants… ce dont Chase Carey est bien conscient. Il pense alors à limiter l’usage des bancs d’essais pour freiner la course aux armements.
« Le temps passé sur le banc d’essais fait partie de ce qui coûte le plus cher dans le règlement actuel, parce que vous pouvez alors mener des tests sans fin. Donc vous voulez adapter le temps et l’argent requis pour être compétitif en F1. Et cette liste théorique de réformes est probablement aussi importante que n’importe quel autre outil pour rendre les moteurs plus viables et attractifs pour les motoristes, actuels ou nouveaux. Et ce du point de vue du sport comme du business. »
On comprend dès lors les impasses de ces objectifs - une quadrature du cercle : attirer les nouveaux motoristes, malgré un règlement stable... être à la pointe de la technologie... tout en limitant les coûts de développement. La F1 pourra-t-elle courir efficacement derrière plusieurs objectifs simultanément ?