Les docteurs restent prudents concernant Schumacher

Sabine Kehm a donné des nouvelles rassurantes de Michael Schumacher hier, le pilote allemand se réveillant et reprenant conscience par moments selon le communiqué qu’elle a adressé à la presse.

L’agent du septuple champion du monde n’a toutefois pas voulu entrer dans les détails.

"Ces propos sont médicalement difficiles à interpréter," commente le Dr Alain Simon, consultant pour L’Equipe. "La phase de conscience, ça veut dire qu’il ouvre les yeux quand on lui demande, il les ferme quand on lui dit de les fermer. Les personnes qui sont dans cette phase ne parlent pas mais ont ces réflexes. Mais ça peut encore durer des mois comme ça. Dans cet état-là, la personne hospitalisée n’est pas autonome, elle est sous appareil, elle ne respire pas seule. Peut-être que ces moments de conscience et d’éveil sont un espoir ?"

"Dans un trauma crânien avec perte de connaissance, au-delà de trois mois c’est un coma de longue durée avec séquelle. En-dessous de trois mois il peut n’y avoir aucune séquelle," ajoute-t-il.

Alain Ducardonnet, le docteur consultant de BFM TV reconnait que c’est toutefois une nouvelle encourageante "parce que jusqu’alors, il n’y avait rien eu de particulier, Michael Schumacher était dans un coma artificiel. Les médecins avaient tenté le réveil mais de toute évidence, ça ne s’était pas bien passé. Là, ça bouge un peu, c’est le côté "bonne nouvelle". Mais les termes de "moments de conscience et d’éveil", ce sont des mots extrêmement génériques."

"Il répond peut-être aux ordres simples : "ouvre les yeux", "serre la main". On pince la peau pour voir si on sent la douleur. Ce sont les premiers gestes que l’on fait pour apprécier la conscience. Le seul problème est de savoir si l’on peut garder Michael Schumacher en coma spontané et ne pas être obligé de le remettre en coma artificiel. Et pour l’heure, cela on ne le sait pas et nous n’avons pas d’informations là-dessus. Personne aujourd’hui n’est capable de dire comment cela va évoluer."

"La progression est extrêmement lente. Nous n’avons pas, aujourd’hui, d’examens qui nous permettent d’évaluer le potentiel de récupération. C’est ça, le vrai problème. Toutes les IRM, tous les scanners que l’on peut faire, vous donnent une idée de ce qu’il y a, bien évidemment, mais ne vous dit rien de la fonctionnalité. Il n’y a qu’au moment où on aura une conscience suffisante pour un examen neurologique complet, qu’on pourra évoquer les séquelles."

Cet avis est partagé par le neurochirurgien, Philippe Decq.

"C’est un bon point, mais il faut rester extrêmement prudent," explique-t-il à BFM TV. "Des signes d’éveil, ça veut dire qu’on a probablement observé des mouvements des yeux. Il suit du regard, on retrouve un contact. Ce sont les premiers éléments qu’on observe après ce type de traumatisme crânien grave. C’est encourageant. On est content d’apprendre ça, mais il faut rester extrêmement prudent."

"Les lésions sont manifestement extrêmement graves," ajoute Philippe Decq. "Tout peut encore arriver. On ne sort jamais indemne d’un traumatisme de cette gravité. On ne peut pas parler de guérison pour l’instant. On parlera d’amélioration progressive de son état jusqu’à un niveau qu’on statuera après un an, un an et demi."