Les châssis clients, l’arme pour faire baisser les coûts ?
Le sujet divise
Le Groupe Stratégie de la F1 s’est réuni pour la première fois lundi et a commencé l’étude de l’épineux débat des châssis clients en Formule 1. Un sujet hautement sensible puisqu’il pourrait faire baisser les coûts pour certains mais aussi signifier la disparition des petites et moyennes équipes telles qu’on les connait. Quelques patrons ont accepté d’en parler.
"C’est un débat intéressant," commence Christian Horner. "Si vous regardez les coûts, il faut au moins 500 personnes pour courir en F1. En réalité c’est trop. Pour réduire les coûts la solution la plus logique serait de vendre une voiture actuelle ou vieille d’un an dans son intégralité. Mais le fait que cela aille contre ce qu’est la F1 et ses constructeurs est un autre débat. Côté coûts, c’est le moyen le plus efficace. Doit-on le faire ? C’est une autre question. Il y a donc un débat et nous devons garder l’esprit ouvert."
Pour Ross Brawn, l’avis est déjà plus tranché... "Nous ne sommes pas fan de cette idée, nous préférons travailler sur la réduction des coûts de base pour concevoir une voiture pour toutes les équipes. Il faut peut-être trouver un moyen de partager des pièces qui ne font pas la différence sur la performance. Comme le pédalier ou la direction, qui sont souvent mentionnés. Nous pouvons progresser de ce côté sans endommager l’ADN de notre sport."
Vijay Mallya, patron de Force India, une équipe qui ne fait pas partie du Groupe Stratégie, est totalement opposé à l’idée de châssis clients.
"Nous sommes même totalement hostiles à ce concept. La FOTA n’a pas réussi à faire fonctionner le RRA et maintenant on veut y parvenir en étudiant une idée de châssis client. C’est ridicule de mon point de vue. Nous avons des usines, des employés, vous ne pouvez pas mettre tout cela à la poubelle en autorisant à acheter une voiture de l’année passée à l’une des 6 équipes du Groupe Stratégie. Cela impacterait totalement la raison d’être de la F1 depuis le jour où elle est née."
Chez Sauber, Monisha Kaltenborn est évidemment d’accord et propose d’autres pistes. "Je ne peux qu’abonder dans le sens de Vijay. Cela fait 40 ans que Sauber produit des voitures de course, nous sommes donc opposés à cette idée qui ruinerait notre business. Il y a d’autres façons de réduire les coûts. A travers ce Groupe Stratégie, nous pourrions avoir une meilleure visibilité d’une année sur l’autre afin de limiter les investissements sur un système qui viendrait à être banni, pour ne citer qu’un exemple."
Le mot de la fin revient à Eric Boullier, le patron de Lotus. "Personnellement, l’idée de châssis clients est contre l’ADN de la F1 mais il est aussi évident qu’il faut mettre en place des coûts réduits. Ce débat est là pour nous réveiller et pourrait mener à des réductions de coûts ailleurs ou même une limite de budget."
"Une autre solution est de laisser aux gens le choix de ce qu’ils veulent faire pour réduire les coûts, du moment qu’il y a des règles en place. Il faut le faire pour éviter les châssis clients sinon peut-être que nous nous retrouverons à faire courir 3 voitures par équipe pour garder une grille décente. Et là ce sont encore des coûts qui augmentent. Il faut réfléchir et réfléchir intelligemment," conclut le Français.