Le retour des ravitaillements, une fausse bonne idée ?

Magnussen soulève l’idée

Par Alexandre C.

23 novembre 2016 - 15:43
Le retour des ravitaillements, une (…)

Pour augmenter le spectacle en Formule 1, Bernie Ecclestone a récemment formulé une proposition radicale : passer à deux Grands Prix par week-end. Sans aller jusqu’à cette audace, une autre piste a été récemment soulevée par Kevin Magnussen : réintroduire les ravitaillements en course.

« J’aimerais que les ravitaillements en essence reviennent en F1. Ce serait spectaculaire, mais plus important encore : cela permettrait de varier davantage les stratégies » a ainsi estimé Kevin Magnussen.

Pour le Danois, les F1 ne peuvent pas assez attaquer en course, notamment en raison des limitations du débit d’essence introduites avec le nouveau règlement en 2014. Et d’ailleurs, cette situation ne devrait-elle pas empirer si les voitures sont bien plus véloces en 2017 ?

Quoi qu’il en soit, cette solution évoquée n’a rien de neuf. Les promoteurs attendent plus d’attaques en piste, plus de suspense aussi avec de multiples options stratégiques et des voitures avec un plein d’essence qui côtoieraient des voitures moins chargées... N’est-ce pas l’assurance de voir davantage de dépassements ?

Sur le papier, c’est en effet une belle promesse. Il faut néanmoins se rappeler pourquoi la F1 a décidé de bannir les ravitaillements en 2010 – et pourquoi les équipes ont encore refusé une telle hypothèse en 2015.

Tout d’abord, c’est une question de sécurité. Les stands sont des lieux exigus, où les voitures côtoient de près les mécaniciens. En NASCAR, mais aussi en F1 (que l’on se rappelle la Benetton 1994 en feu de Jos Verstappen à Hockenheim), les incidents ne sont pas si rares, et toujours extrêmement dangereux.

La question est ensuite budgétaire. A l’heure où la F1 ne cesse de parler de réduction des coûts, réintroduire les ravitaillements n’est pas innocent. Pat Symonds, le directeur technique de Williams, une écurie privée, rappelle ainsi qu’il s’agit de payer le fret, d’acheter le matériel nécessaire et de l’entretenir. Une charge que nombre d’écuries ne peuvent se permettre sans faire de sacrifices ailleurs.

Enfin, le retour des ravitaillements ne garantirait pas plus de spectacle, ni davantage de diversité de stratégies. Comme le rappelle encore Pat Symonds, dont l’expérience en F1 n’est plus à démontrer : « Cela aurait aussi des conséquences sur la stratégie en course. Aujourd’hui, on peut faire des choix en ne tenant compte que des pneus, mais si vous devez en plus prendre en compte l’essence, vous ne pouvez plus varier d’un iota. C’est le ravitaillement qui dictera l’arrêt aux stands. Je pense que la fin des ravitaillements a permis d’avoir des courses plus intéressantes. Je serais désolé qu’on les réintroduise. »

Que l’on se remémore le temps où Michael Schumacher et Ross Brawn planifiaient leurs dépassements non pas sur la piste, mais dans les stands (comme en 1998 à Budapest ou à Magny-Cours en 2004) !

Les trois composés différents de pneus apportés par Pirelli chaque week-end jouent déjà ce rôle crucial : amener une dose de variété stratégique. Néanmoins, pour apporter davantage de spectacle en F1, la formule est connue et rabâchée : il faut une convergence des performances pour une lutte rapprochée entre plusieurs écuries pour la victoire. Alors, tout le monde trouvera le règlement formidable…

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