Le météore Verstappen a brillé au Brésil
Une course étincelante
« Pilote du jour », Max Verstappen l’a été à de nombreuses reprises cette saison – mais pas toujours de manière entièrement méritée. Au Brésil, cependant, le Néerlandais n’a clairement pas usurpé sa récompense. Il a d’ailleurs probablement livré la performance la plus remarquable de sa carrière, avec sa victoire en Espagne en mai dernier.
Sur piste humide, à Interlagos, le pilote Red Bull a régalé de bout en bout. Dès le (vrai) départ derrière la voiture de sécurité au 8e tour, il dépassait Kimi Raikkonen. Et ce n’était que le début d’une longue série de ravissements pour les yeux, notamment ce dépassement, sublime, à l’extérieur, sur Nico Rosberg, à l’extérieur du troisième virage, dans les « Esses » de Senna.
Le Néerlandais a encore montré d’autres qualités : sa patience et son intelligence de course ; un sang-froid à toute épreuve, sans être trop agressif (tout au plus Sebastian Vettel s’est plaint d’un dépassement « peu correct », mais il n’a guère été suivi par les commissaires) ; des réflexes formidables, comme lorsqu’il a empêché sa Red Bull, au dernier moment, de venir percuter les rails au bout de la montée vers la ligne droite des stands. Du grand art, assurément !
Tout aussi subjectifs qu’ils puissent l’être, Jos Verstappen et Christian Horner résumaient le sentiment général à l’arrivée. « Je pense que je n’ai jamais rien vu de tel. Je dois dire qu’il m’a surpris aujourd’hui, ça arrive encore ! Et cela fait longtemps que je le connais, j’ai vu beaucoup de ses courses. Aujourd’hui, il a été incroyable » confiait ainsi le père de Max. De son côté, le directeur de Red Bull saluait « un des meilleurs pilotages » qu’il ait jamais vus.
Max Verstappen, après un arrêt aux stands mal avisé de Red Bull, a réussi à remonter, en moins de vingt tours, de la 16e à la 3e place. Sa course folle vers le podium a bien sûr été facilitée par l’avantage procuré par des pneus en meilleur état, par la qualité ensuite du châssis de sa monoplace. Mais tout de même, quelle remontée incroyable, qui contraste tant avec la course terne de l’autre Red Bull, celle de Daniel Ricciardo ! Après l’épreuve, le Néerlandais lui-même semblait presque étonné : « Nous avons dû changer de nouveau les pneus, je suis reparti seizième et je pensais que la course était terminée pour moi, mais j’ai continué à attaquer, à dépasser et à un moment j’ai entendu : ’Max tu es quatrième, continue’, et terminer sur le podium est incroyable. »
Au moment d’expliquer une telle réussite, le pilote Red Bull assurait qu’il était « habitué à ces conditions » qui rappelaient son Hollande natale. Il y a bien sûr une autre raison à ce succès éclatant : en bon ancien champion du monde de la discipline, Max Verstappen a adopté durant la course, à de nombreuses reprises, des trajectoires de karting, zigzaguant à l’extérieur pour trouver la meilleure trajectoire pour dépasser ou la plus sèche.
La course de Max Verstappen n’est pas sans rappeler la folle remontée qu’effectua un autre pilote Red Bull, un certain Sebastian Vettel en 2012, en ce même Grand Prix du Brésil. L’Allemand, percuté par la Williams de Bruno Senna, avait failli perdre le titre face à Fernando Alonso. Mais, déchaîné en course, il avait pris tous les risques pour remonter avec une vitesse folle vers le haut du peloton. Max Verstappen n’est certes pas encore quadruple champion du monde. Qu’il en ait le potentiel ? C’est tout à fait évident après cette dernière démonstration. A Interlagos, c’est l’élève Verstappen qui a fait la leçon aux maîtres d’école.