Le Grand Prix d’Abu Dhabi, du point de vue pneumatique

Dernière sortie du tendre cette année

Par Franck Drui

29 octobre 2012 - 18:26
Le Grand Prix d'Abu Dhabi, du (...)

Le pneu medium P Zero Blanc et le mélange tendre P Zero Jaune sont désignés pour ce weekend, à l’occasion du Grand Prix d’Abu Dhabi, qui aura lieu juste après le Grand Prix d’Inde. Abu Dhabi marque la dernière sortie du pneu tendre en compétition cette saison. Le composé le plus versatile de la gamme Pirelli sera apparu sur 15 des 20 Grand Prix du calendrier.

Abu Dhabi propose une surface rapide et douce, avec une grande variété de courbes et de vitesses de passage. Ce n’est pas un hasard, lorsque l’on sait que la philosophie du circuit était d’incorporer tous les meilleurs atouts des autres pistes existantes.

Néanmoins, Yas Marina représente un ensemble cohérent, où l’usure pneumatique est faible et où les pilotes peuvent pousser fort depuis le départ jusqu’à l’arrivée. Avec énormément de données collectées en tests à Abu Dhabi, la connaissance par les équipes Pirelli de ce circuit spectaculaire est déjà importante. De nouveaux essais pour les jeunes pilotes se tiendront par ailleurs une fois encore juste après le Grand Prix avec six équipes cette saison.

Yas Marina place des demandes spécifiques sur les pneus. La première portion du tour consiste en une séquence fluide de courbes, pendant laquelle la monoplace est soumise à des forces latérales de 4G, avant une longue ligne droite au cours de laquelle elle demeure à pleine charge d’accélération pendant environ 15 secondes et est soumise à des charges d’appuis avoisinant les 800 kg. Dans le virage 11, les pneus subissent jusqu’à 5G au freinage, tandis que la dernière portion de virages fait progressivement monter les pneus en température –le pic étant atteint à environ 120°C.

Une particularité du Grand Prix d’Abu Dhabi est de débuter en soirée et de se dérouler jusqu’au crépuscule, amenant les températures en piste et dans l’air à chuter et non augmenter comme habituellement. Un facteur qui aura son importance sur la stratégie pneumatique.

L’œil du Directeur de Pirelli Motorsport, Paul Hembery : « Nous garderons toujours des souvenirs émus d’Abu Dhabi car il s’agit de l’endroit où notre aventure en F1 a réellement débuté : en 2010, les équipes y testèrent nos pneus pour la toute première fois lors des tests officiels de fin de saison, après le Grand Prix. Ce fut un test très spécial car nous étions les nouveaux fournisseurs et que les équipes avaient besoin de comprendre nos pneus. Nous sommes revenus faire des tests à Abu Dhabi quelques fois depuis et y avons lancé notre programme media international 2012 en début de saison. C’est la variété du circuit qui nous a amenés à choisir souvent Abu Dhabi pour nos essais. Il nous permet en effet de tester en profondeur chaque aspect de la performance pneumatique. Nous apprécions également cette piste ultra-moderne et les infrastructures de premier plan. Nous savons que la combinaison du medium et du tendre fonctionne extrêmement bien ici. Les équipes disposent de nombreuses données sur les caractéristiques du circuit et devraient ainsi être en bonne position pour établir de solides stratégies de course qui feront une réelle différence à la fin du weekend. Avec un championnat aussi serré actuellement, avoir la bonne stratégie pourrait littéralement permettre au titre de se décider. Les qualifications sont également vraiment importantes à Abu Dhabi et nous nous attendons à assister à de gros efforts en qualifications samedi. ».

L’œil du pilote de course, Vitaly Petrov (Caterham F1 Team) : « Abu Dhabi est un superbe endroit où courir : on y a toujours un grand soutien des fans russes qui font le déplacement et j’aime le défi d’une course ici, avec un petit peu de tout : la section à fond du premier secteur, les virages plus étroits allant vers l’hôtel et cette portion presque urbaine autour de celui-ci, avant de revenir sur la ligne droite des stands. C’est également cool de courir en commençant la course en soirée pour finir au coucher du soleil. C’est un super endroit pour admirer la F1 pour les fans ; j’ai vu que cela rend bien à la télévision, particulièrement autour de l’hôtel. Techniquement, l’un des principaux défis est de bien ajuster le freinage. On passe beaucoup de temps à travailler sur la stabilité au freinage et l’on peut perdre ou gagner beaucoup de temps sur les zones de freinage selon que l’on y attaque ou pas. Mais le challenge est magnifié par le fait de devoir gérer les gommes. Nous disposerons des mediums et des tendres pour la course et avec une évolution de la piste si importante au fil du weekend, il convient de s’assurer de prendre soin des pneus autant que possible afin de tirer le meilleur de chaque train sur chaque séance. Globalement, il s’agit d’une course que je suis impatient de mener et j’espère que nous pourrons y réaliser quelques progrès et assurer un bon spectacle pour tout le monde ».

L’œil du pilote d’essais Pirelli, Lucas di Grassi : « Abu Dhabi est une de ces courses qui représente autant un défi pour les ingénieurs que pour les pilotes. Tout est question de trouver le bon équilibre : le pilote ne fait pas autant la différence que sur des circuits comme Spa et Suzuka, par exemple. En termes d’infrastructure, Abu Dhabi est le meilleur circuit au monde selon moi : c’est un superbe endroit pour venir voir les F1, avec un petit peu de tout et un cadre spectaculaire. L’usure pneumatique n’est pas un grand problème à Abu Dhabi –une bonne traction est ce qu’il y a de plus important -, mais le travail réalisé en essais libres est encore plus important que d’habitude. Il sera vital pour les équipes de trouver un bon équilibre sur les deux mélanges. La différence de vitesse entre eux devrait être assez faible si la monoplace est bien réglée. Avec le championnat qui touche à sa fin, tout le monde tentera de trouver le dernier petit brin d’avantage. Ce sera donc très intéressant d’un point de vue technique et stratégique. Avec des températures raisonnablement élevées, la montée en température des pneus ne devrait pas poser de problème, même avec le composé le plus dur. Je m’attends à ce que la plupart des équipes opte pour deux arrêts, mais certains pilotes pourraient ne tenter qu’un seul stop ».

Les notes techniques pneumatiques :

 Comme de nombreux circuits, Abu Dhabi nécessite des réglages à appuis moyens afin de garantir une bonne vitesse en ligne droite (qui fait plus d’un kilomètre), mais également assez d’appui pour fournir assez de stabilité au freinage et d’adhérence dans les virages.
 Il y a relativement peu de changements de direction à haute vitesse. Afin de faciliter la traction, qui est l’un des besoins clés à Yas Marina, les ingénieurs ont tendance à régler les monoplaces avec un arrière relativement souple. Au début du weekend, la poussière sur la surface de la piste peut créer du graining, et le niveau d’évolution du circuit est assez important.
 Abu Dhabi se situe au niveau de la mer, ce qui garantit une importante pression de l’air ambiant. Cela favorise la puissance moteur, augmentée par les températures tombantes en soirée, vers la fin de la course. Cela aura également un impact important sur la stratégie pneumatique et l’usure.

Recherche

Info Formule 1

Photos

Vidéos