Lancement RS18 : Interview croisée de Nick Chester et Rémi Taffin
Ils sont directeurs techniques châssis et moteur
Nick Chester et Rémi Taffin, les Directeurs Techniques Châssis et Moteur de Renault Sport Formula One Team, se livrent au sujet de la Renault R.S.18. Rémi est responsable des groupes propulseurs Renault développés sur le site de Viry-Châtillon. Travaillant étroitement avec Nick, Rémi s’assure que l’équipe d’ingénieurs produit un ensemble optimisé et harmonisé avec le châssis.
Quels ont été les principaux enseignements en 2017 ?
Nick : 2017 représentait l’arrivée des nouvelles F1. Plus larges, chaussées de pneus plus gros, elles offraient un ensemble aérodynamique très différent avec leurs ailerons avant et fonds plats plus grands et générant plus d’appuis. Ce règlement nous a permis d’en apprendre beaucoup au fil de l’année. De même, la R.S.17 était la première monoplace conçue dès sa genèse par Enstone et Viry.
Nous avions une voiture rapide, assez pour être la quatrième force du plateau en fin d’année. Nous avons néanmoins rencontré quelques problèmes de croissance, notamment du côté de la fiabilité. Sur le châssis, il y avait aussi des éléments où nous aurions pu faire mieux. La saison représentait néanmoins un grand pas en avant pour notre compétitivité et nous en avons retenu d’importantes leçons.
Rémi : En 2017, il s’agissait de rendre la monoplace rapide et de l’aider plus particulièrement à devenir la quatrième force de la grille. Du côté du moteur, nous avons eu un peu de mal à finir toutes les courses, mais nous avons également su produire de belles performances correspondant à l’objectif. Il fallait trouver le juste équilibre entre performance et fiabilité.
L’année dernière, nous avons vu notre groupe propulseur sur la plus haute marche du podium à trois reprises. Nous avons donc les moyens de nos ambitions. Nous devons hausser notre niveau de jeu sur tous les plans, mais tous les éléments dont nous avons besoin pour y parvenir sont là. Notre compteur de points aurait pu être bien plus élevé si nous avions toujours rallié l’arrivée. C’est notre but en 2018 : avoir une voiture en mesure de terminer toutes les courses pour marquer de gros points régulièrement.
En 2016, nous nous sommes attachés à recréer la dynamique entre Enstone et Viry. C’était une chose évidente à faire. La saison suivante a démontré que nous étions capables de travailler en équipe, une et indivisible. Nous prenons des décisions judicieuses et nous traversons ensemble tous les bons et mauvais moments avec un processus clairement défini et respecté.
Quels sont les changements visibles en 2018 ?
Nick : Pour 2018, le règlement châssis reste assez stable. On note surtout l’introduction du halo et la suppression de l’aileron de requin sur le capot moteur. Dans son concept, la R.S.18 s’inscrit dans la philosophie de la R.S.17 avec toutes les leçons retenues en 2017. Nous avons beaucoup appris l’an passé sur l’aérodynamique. Nous devrions avoir bien plus de libertés avec cette monoplace.
Rémi : Nous avons conclu la saison avec un ensemble châssis-moteur performant. L’essentiel était donc d’exploiter la dernière spécification du groupe propulseur et les progrès accomplis sur la fiabilité. Nous avons effectué un programme long et productif sur les bancs avec le R.E.18 afin de ne pas être perturbés en essais et en course. Nous voulons améliorer la performance tout en équilibrant cela avec la fiabilité pour que l’écurie puisse approfondir sa compréhension de la R.S.18.
Quels sont les principaux domaines où l’équipe peut évoluer en 2018 ?
Nick : Sur le châssis, d’importantes différences sur la suspension devraient nous permettre de mieux négocier les bosses tout en offrant un peu plus de prévisibilité aux pilotes. Le développement aérodynamique atteint un niveau élevé, non seulement pour l’appui, mais pour disposer d’une enveloppe de performance plus accessible. Cela nous donnera une voiture plus facile à utiliser dans ses limites tout en facilitant le travail des pilotes pour en extraire le maximum.
Rémi : Il est évident que nous souhaitons nettement améliorer notre niveau de performance tout au long de la saison. Nous avons gardé cela en tête. Le lien est clair entre nos évolutions sur le moteur et les possibilités offertes par le châssis.
Quelles sont les nouvelles majeures sur le front des groupes propulseurs ?
Rémi : Le principal changement du règlement concerne la diminution du nombre de groupes propulseurs attribués par pilote sur la saison. Il n’y en aura maintenant plus que trois. C’est même plus difficile que cela puisque nous serons limités à trois moteurs à combustion interne, mais à seulement deux MGU-K et deux batteries !
Notre priorité est la fiabilité et tout le défi sera de rallonger la vie du moteur d’un quart par rapport à nos objectifs de 2017. Bien sûr, nous savions que cette règle arrivait et c’est pourquoi nous avons commencé à concevoir le bloc 2018 dès 2016 avec cette restriction en tête et plus d’heures sur les bancs moteur que jamais auparavant.
Quelle est l’ampleur de la revitalisation des installations ?
Nick : Enstone a connu beaucoup de progrès. Nous avons des outils, des ordinateurs et des infrastructures modernisées. Des départements entiers ont emménagé dans de nouveaux locaux. L’Enstone d’aujourd’hui est très différent de celui de 2016. Des installations et des équipements récents et modernes entraînent de meilleures méthodes pour un meilleur produit final. Même des détails comme la nouvelle cantine comptent ! L’ambiance est bonne, les recrues se sont bien intégrées et l’esprit y est plus ouvert que jamais.
Rémi : C’est formidable de voir les nouvelles installations d’Enstone. Quiconque de Viry se rend à Enstone est impressionné et heureux de constater que Renault s’en occupe sérieusement. Toutes les dépenses sont destinées à notre but commun : gagner. C’est un signe clair qui montre que nous partageons les mêmes ressources et prenons les décisions justes, ensemble. Nous avons aussi des projets en cours à Viry.