La vie sur la route : maintenir les F1 en bonne santé
Le challenge logistique des Grands Prix hors d’Europe
Les baies de travail à Enstone ont été bien vides récemment. Avec quatre courses lointaines d’affilée, cela fait à présent plus de cinq semaines que les R30 ne sont pas rentrées au bercail. Malgré l’aspect glamour de la vie sur la route, maintenir les voitures en bonne santé sans repasser par la case départ est un réel challenge. Quelles sont donc les mesures mises en place afin d’assurer que les R30 restent saines et prêtes pour la course ?
Tout d’abord, il faut mentionner le fait que les équipes dépendent fortement du fret aérien qui transporte leur matériel, voiture comprises, dans monde entier. S’il est vrai que les châssis ne sont pas encore retournés à Enstone, une bonne partie des éléments constitutifs de la R30 ont été régulièrement ré-expédiés à l’usine. En fait, plus d’une tonne de frêt aérien est revenue à Enstone depuis la Malaise la semaine dernière. Dans les caisses, un grand nombre d’éléments de carrosserie et de composants de suspension qui avaient besoin d’entrer en maintenance.
« Chaque pièce a une durée de vie en termes de design et une durée de vie en termes de service, » explique James Allison, Directeur Technique. « Lorsqu’un composant atteint le kilométrage limite, il faut l’ôter de la voiture. Il est alors envoyé à l’usine pour inspection, même si c’est depuis l’autre bout de la planète. C’est le cas, par exemple, de nos composants de suspensions en carbone : il faut les tester après chaque Grand Prix afin de localiser toute faiblesse potentielle. Il s’agit de sécurité. »
Avoir à envoyer autant de fret à Enstone est un réel défi logistique. C’est pourquoi des membres de l’équipe sont souvent amenés à transporter des pièces en bagages sur des vols commerciaux. C’était en fait la seule manière de respecter les délais imposés par les deux courses qui se sont suivies, l’Australie et la Malaisie : il a fallu rapatrier les pièces à Enstone, effectuer les révisions nécessaires, et les renvoyer à Sepang en moins d’une semaine.
La révision des pièces n’a pas uniquement lieu à Enstone. Un expert est en effet présent sur chaque course afin de garder un œil sur les composants cruciaux. « Nous pouvons vérifier un bon nombre de matériaux en composite à l’aide d’ultra-sons, afin de déceler toute faiblesse, » explique Alan Permane, Chef Ingénieur. « Si nous montons un nouvel aileron avant, nous pouvons utiliser cette technique pour scanner certains points de l’aileron et déceler d’éventuelles fractures liées au travail de la pièce. Nous inspecterons l’aileron après le tour d’installation et ensuite après chaque run pour être certain que tout fonctionne comme il le faut. »
Pour faire face aux imprévus, il est également important d’être réactif. L’équipe l’a découvert à Melbourne lorsque l’arceau de la voiture de Vitaly a été endommagé lors de son évacuation par camion. Dans ce cas, il n’y a que le bureau d’études qui puisse aider. Celui-ci a préparé un kit de réparation et l’a expédié vers Sepang pour qu’il soit apposé sur la voiture. Sans cette réactivité, il aurait été très difficile pour l’équipe de course d’effectuer les réparations sur place.
Malheureusement, alors que la plupart des composants de la voiture auront été entretenus ou remplacés depuis Bahreïn, on ne peut pas faire grand chose quant à l’apparence des voitures durant les courses lointaines. Repeindre est un luxe et il faudra attendre. Les deux R30 porteront donc quelques cicatrices issues des batailles auxquelles elles se sont livrées durant les premiers Grand Prix. Ce n’est rien de bien méchant, juste quelques éclats ici ou là. Les voitures seront repeintes lorsqu’elles rentreront de Chine, la semaine prochaine. Elles seront alors flambant neuves pour la saison européenne !