La signature de Räikkönen, ou l’aboutissement de la stratégie Vasseur chez Sauber

La performance amène les sponsors, non l’inverse

Par Alexandre C.

13 septembre 2018 - 08:10
La signature de Räikkönen, ou l'abo

L’an prochain, un champion du monde pilotera pour Sauber. Kimi Räikkönen, remplacé par Charles Leclerc chez Ferrari, a ainsi trouvé refuge en son ancienne écurie et s’est engagé avec elle jusqu’en 2020.

Il s’agit d’une bonne nouvelle pour tous ceux qui craignaient de ne plus voir Iceman dans le paddock. Mais de manière parallèle, cette signature surprise valide aussi la stratégie de Frédéric Vasseur, axée sur la performance avant tout, depuis que le Français a succédé à Monisha Kaltenborn à l’été 2017.

Il y a encore 12 mois, Kimi Räikkönen aurait-il même imaginé rejoindre Sauber ? La chose paraît beaucoup moins probable. A l’été 2017 en effet, Sauber demeurait encore une écurie peu attractive. Engluée dans le fond du peloton, l’équipe suisse était encore en proie à d’importantes limitations financières, malgré le sauvetage de l’écurie par Longbow Finance, sponsor de Marcus Ericsson.

L’avenir ne s’annonçait pas forcément plus radieux pour l’écurie : Monisha Kaltenborn avait signé un pré-accord avec Honda pour une fourniture moteur ; Nobuharu Matsushita était pressenti pour occuper un baquet en 2018 afin de concrétiser ce partenariat. Or, le Japonais n’avait gagné que deux courses de GP2 en deux saisons dans la catégorie…

L’arrivée de Frédéric Vasseur a visiblement renversé la dynamique chez Sauber. 2 points marqués en 2016, 5 en 2017, et déjà 19 cette saison : Sauber est redevenue une écurie de milieu de grille.

Cette progression indéniable, dont la signature de Kimi Räikkönen est la traduction, est en bonne partie le résultat de la stratégie directrice de l’ancien patron d’ART : mettre la performance au premier plan des considérations, sur le plan du moteur ou des pilotes.

« C’est un problème de riche ! » réagissait ainsi Fred Vasseur quand on lui demandait si Sauber ne serait pas gênée à l’idée d’accueillir un champion du monde. « Je m’en fiche. Je veux avoir les meilleurs pilotes dans la voiture. C’est le plus important pour l’équipe : ne pas sacrifier la performance. C’est bien meilleur d’avoir un champion du monde que quelqu’un qui n’a rien gagné. Je suis juste concentré sur la performance. Le plus important pour moi, c’est d’avoir le meilleur line-up pour l’an prochain et pour le futur. C’est ma seule préoccupation. »

Cette ligne directrice étant fixée, la première décision du Français a donc été de déchirer l’accord entre Honda et Sauber. Le but affiché était de garder la possibilité de sous-traiter la boîte de vitesses. Mais les considérations liées à la performance ont occupé une place décisive dans l’esprit du Français, qui était allé jusqu’à dire que « Honda peut faire peur ».

Fred Vasseur, par pragmatisme, s’est dès lors rapproché de Ferrari, en poussant plus loin l’accord de collaboration technique avec Maranello. L’arrivée d’Alfa Romeo, permise par ce revirement, a permis de plus à Sauber de retrouver des marges financières qui permettront de développer l’écurie – Vasseur indique déjà recevoir « 10 fois plus de CV » que la saison dernière.

Sur le plan des pilotes, à la place de Nobuharu Matsushita, c’est Charles Leclerc qui est venu renforcer l’écurie. L’un avait peiné en GP2, l’autre avait survolé la F2. Imaginons que l’accord avec Honda soit toujours d’actualité : à la place de Kimi Räikkönen, c’est peut-être Nobuharu Matsushita qui aurait pu faire équipe avec Marcus Ericsson l’an prochain…

Cette stratégie axée sur la performance ne met bien sûr pas de côté les considérations budgétaires. Cependant, Fred Vasseur procède à l’inverse de Monisha Kaltenborn : pour lui, la performance amène l’argent, les sponsors, les recettes ; faire le raisonnement contraire peut mener à une dépendance accrue envers les pilotes-payants et créer un cercle vicieux dans les résultats. Le risque vaut d’être pris.

Cet accent mis sur la solidité sportive rassure en effet les investisseurs, et attire les sponsors, comme le déclarait Mika Salo récemment. « La F1 est un business, et le nom de Kimi amène des sponsors, de l’argent, et une meilleure base financière. C’est un bel accord pour Sauber. »

La signature de Kimi Räikkönen n’est donc pas un épiphénomène, un coup de chance pour Sauber qui n’aurait fait que profiter d’un jeu de chaises musicales. Le retour du Finlandais valide en réalité la stratégie de Fred Vasseur, qui fait de la performance la condition préalable de la sécurité financière et de la crédibilité de l’équipe. Une stratégie de « racer ».

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