La lourde logistique de la F1, une contradiction dans l’ère hybride ?

Camions contre V6

Par Alexandre C.

14 août 2016 - 14:56
La lourde logistique de la F1, une (…)

La F1, depuis 2014, a pris un virage technologique, hybride et même écologique, puisque les nouvelles unités de puissance ont une efficacité énergétique bien plus développée que par le passée. Cette image plus verte du sport n’est-elle toutefois pas ternie par l’énorme logistique que requiert le cirque de la Formule 1, et qui mobilise tout au long de l’année 350 camions roulant au Diesel ? N’y a-t-il pas là une contradiction sévère ?

Pour Gunther Steiner, le directeur d’équipe de Haas, le chiffre de « 350 » est surestimé. Au sein de l’écurie américaine, « je crois que nous en avons neuf », explique-t-il. « Je pense que ce sont nos besoins, vous savez, nous sommes hautement efficaces, absolument. (…) Nous essayons d’être efficaces. » Si l’on se base sur Haas, le nombre de camions ne devrait donc pas de beaucoup excéder la centaine. « C’est comme quand nous installons un show. Si nous avons besoin de cela pour l’installation, alors nous devons le faire. »

Jock Clear, ingénieur en chef chez Ferrari, n’a pas voulu dévoiler le nombre précis de camions utilisés par Ferrari – sans doute bien supérieur à celui de Haas. « Comme l’a dit Gunther, nous installons un show. Est-ce qu’il y a de la confusion ? Nous sommes ici pour faire rouler des voitures de sport aussi vite que possible sur la piste. Ce n’est pas confus pour moi. Le cirque ressemble à ce que les gens veulent, ce que les fans veulent, ce que nous voulons. Je ne pense pas que Ferrari ait choisi de mettre de plus en plus de camions sur la route. Je pense que nous faisons simplement partie de ce cirque et si l’on veut changer de direction, alors Ferrari le veut aussi. C’est notre sport, c’est votre sport, mais de mon point de vue, je suis ici pour faire rouler le plus rapidement possible une voiture de course sur un circuit ».

Ferrari semble donc moins concernée par cet enjeu écologique, qui est aussi un problème budgétaire pour plusieurs équipes privées, comme Williams. « J’étais assez surpris, alors que je marchais dans le paddock de Silverstone. Je pensais que j’étais arrivé au Grand Prix Camion plutôt qu’au Grand Prix de Formule 1 », s’amuse Pat Symonds, le directeur technique de Williams. « Je pense que l’on ne devrait pas mélanger les choses. Nous avons contribué à produire une unité de puissance très, très efficace. C’est le chemin du futur et je pense que c’est une assez bonne contribution à l’ingénierie automobile. »

L’ingénieur britannique en appelle toutefois à la modération : « Si vous commencez à regarder l’essence utilisée pendant un Grand Prix, où allez-vous vous arrêter ? Allez-vous compter toutes les voitures sur le parking ? J’ai souvent expliqué qu’en réalité la personne qui était assise à son domicile pour regarder notre course ne consommait pas d’essence. S’il n’y avait pas eu de course, il aurait probablement conduit à travers la campagne, ou serait allé faire des courses. »

Monisha Kaltenborn, la directrice d’équipe de Sauber, abonde dans le sens de Pat Symonds : « Je pense bel et bien que si vous nous comparez à d’autres grands événéments sportifs, si vous regardez, par exemple, l’ensemble de notre empreinte carbone, je pense que la Formule 1, même si elle est un sport de course (…) est bien meilleure que le football parce que, comme cela a été dit, la plupart de nos spectateurs sont chez eux, alors que pour les autres grands événements, 80 000 personnes [sur un nombre d’événements bien plus élevé] font en réalité le déplacement. Donc je ne pense pas que nous fassions un mauvais travail sur ce sujet ».

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