La Mercedes et les pneus : une grande histoire
Des difficultés à passer un après-midi tranquille
Alors que personne n’a osé émettre de doute quant à la vitesse de la Mercedes W04 sur un tour, toutes les attentes sont centrées autour de sa tenue des pneumatiques le dimanche après-midi. Car si certaines courses n’ont pas posé problème, comme Monaco ou la Hongrie, on avait vu la Mercedes s’écrouler en course, plus tôt dans la saison, comme en Espagne.
« Ce fut un peu comme les échappements Coanda, c’est le fait d’avoir des soucis avec qui nous a forcé à nous pencher sur le problème » reconnaît Ross Brawn. « Quand Paddy Lowe nous a rejoint, il a été impressionné par le niveau de compréhension que nous avions de la voiture, des outils et de la simulation ».
« Nous devons faire la même chose avec les pneus, et quand nous arriverons au bout, cela nous aura renforcé en tant qu’équipe. Les équipes qui ne rencontrent aucun souci, savent-elles pourquoi ? Si elles ne le savent pas, elles courent le danger de rencontrer des situations qu’elles ne comprennent pas. Alors que nous aurons sûrement une meilleur compréhension et les progrès seront à la hauteur des difficultés rencontrées ».
La difficulté est de prévoir, au moment où une voiture est dessinée, comment elle se comportera avec les pneus. Est-il possible de l’envisager dès la conception, ou faut-il voir la voiture en piste pour comprendre les tenants et aboutissants liés aux gommes ? Son comportement avec les pneus dépend-il de sa conception ?
« Oui c’est dépendant de sa conception, car la Formule 1 n’autorise pas assez de recherche pour essayer toutes les solutions dans la géométrie des suspensions, dans leur conformité et dans leur philosophie » poursuit Ross Brawn. « Nous n’avons pas cette opportunité, spécialement dans cette époque où les essais sont limités. On ne peut pas se lancer dans une semaine d’essais et voir comment les pneus se comportent, et ensuite réellement enquêter pour trouver les points sensibles ou les centres névralgiques qui font la différence ».
« La seule manière d’y arriver est à travers les simulations et la modélisation. Quand ces outils et ces bâtiments sont fabriqués, on est en meilleure position pour réagir aux changements car on a les moyens de comprendre ce qu’il se passe ».
Comme toujours, la Formule 1 est une science inexacte, et chacun doit trouver les meilleures manières de chercher des solutions et, avant ça, d’envisager les problèmes. L’ensemble des problématiques soulevées par la compétition s’aborde à chacun sa manière, et Ross Brawn a ses façons de voir les choses.
« Peut-être que j’ai tort et que dans quelques années les autres équipes diront qu’elles savaient exactement ce qu’il se passait. Je ne suis pas sûr que ça arrive, parce que si c’était le cas, ne pourraient-elles pas réussir en qualifications ce qu’elles réussissent en course ? Je ne suis pas certain qu’une seule équipe ait une compréhension absolue de ce qu’il se passe » conclut le directeur technique de Mercedes.