La F1, un souhait rarement exaucé pour les pilotes français

Paroles d’anciens pilotes de l’Academy

Par Franck Drui

14 septembre 2011 - 16:46
La F1, un souhait rarement exaucé (…)

Lorsqu’ils débutent en sport automobile, la plupart des pilotes ne rêvent bien souvent que de F1. Certes, depuis la création de l’Auto Sport Academy en 1993, 14 pilotes y ont déjà goûté et le dernier en date n’est autre que notre Champion 2007 : Jean-Eric Vergne. Membre du Red Bull Junior Team depuis 2008, il devrait prendre le volant de la Toro Rosso-Ferrari aux essais du vendredi matin dès le Grand Prix de Corée le 14 octobre prochain et nous espérons bien sûr le voir à temps plein dans la catégorie suprême en 2012 ! Mais, il y a peu d’élus…

Pour autant, certains arrivent à tirer leur épingle du jeu et font de belle carrière comme Benoît Tréluyer ou encore Romain Dumas, formés en 1995, aujourd’hui pilotes officiels Audi et respectivement vainqueurs des 24 Heures du Mans 2011 et 2010. Il existe en effet d’autres alternatives auxquelles l’Auto Sport Academy prépare tout aussi bien. La preuve avec une série d’interviews d’anciens élèves, de la génération suivant celle des Bourdais, Montagny, Sarrazin, Dumas, Tréluyer et consorts… Certains roulent encore en monoplace, d’autres sont au volant de berline et d’autres encore ont bifurqués vers le rallye ! Mais quoi qu’il en soit, ils parviennent à assouvir leur passion, parfois à en vivre et ils se font remarquer !

Ils sont six à avoir répondu à nos questions. Le plus ‘âgé’ est Dimitri Enjalbert qui est entré à l’Auto Sport Academy en 2003, à l’époque où elle s’appelait Filière FFSA, en disputant le championnat Formule Kart (organisé de 2003 à 2008). Puis l’année suivante, il faisait ses grands débuts en automobile toujours au côté du centre de formation fédéral en Championnat de France Formule Campus, aujourd’hui appelé Championnat de France F4. Deux ans après, Kévin Estre et Tristan Vautier se disputaient âprement le titre. A égalité de points à l’issue du décompte, c’est le premier avec 6 victoires contre 5 qui décrochait la couronne. En 2008, Mathieu Maurage et Vincent Beltoise ont eu l’occasion de vivre une année charnière dans l’histoire de l’Auto Sport Academy puisqu’ils étrennaient la toute nouvelle monoplace de l’Academy, dans un championnat désormais international ! Le neveu de Jean-Pierre Beltoise décidait de refaire une saison dans la discipline où il retrouvait un certain William Vermont.

Le premier cité et le dernier, Dimitri Enjalbert et William Vermont, inaugurent cette série d’interviews du mois de septembre. La semaine prochaine, nous retrouverons les ‘frères-ennemis’ de l’année 2006 : Kévin Estre et Tristan Vautier et enfin, nous clôturerons avec Vincent Beltoise, qui jongle entre ses études d’ingénieur à l’INSA et diverses expériences dans diverses disciplines, monoplace ou berline, et Mathieu Maurage qui s’est tourné vers le rallye où il commence à s’y tailler une sérieuse réputation !

Pouvez-vous vous présenter et nous dire en quelques mots, quel a été votre parcours en sport automobile ?

William Vermont : « J’ai bientôt 20 ans. J’ai débuté en karting en 2002, en minime. En 2006, j’ai remporté la Coupe de France Nationale puis, j’ai fait deux ans de 125 avant de me présenter au volant ACO duquel j’ai été finaliste. C’était très serré entre Yann Zimmer et moi ; l’écart n’a jamais dépassé le dixième de seconde ! Mais il a été plus rapide. Venant de Picardie, j’ai reçu le soutien du Comité Nord-Picardie ce qui m’a permis d’intégrer l’Auto Sport Academy. C’était en 2009, l’année où a été titré Benjamin Bailly. J’ai fini 3ème du Championnat avec deux pole positions et trois victoires à mon actif. L’année suivante, j’ai roulé en Formule ADAC où je me suis classé 4ème. C’était une année très difficile en raison notamment d’un manque d’harmonie avec l’écurie dans laquelle j’évoluais. Cependant, j’ai beaucoup appris, cette expérience m’a fait mûrir, progresser et je me suis endurci mentalement. »

Dimitri Enjalbert : « J’ai 26 ans et je vis à Sainte Geneviève des Bois dans l’Essonne. Je vais plutôt parler de mon parcours en sport mécanique puisque j’ai débuté par le motocross à l’âge de 4 ans (de 1989 à 1999). Cette pratique devenant trop dangereuse, je me suis tourné vers la compétition karting (Cadet, Promo Junior, N100), que j’ai clôturée par un titre de vice-champion de France Formule Kart en 2003 à la Filière FFSA. Le passage à l’automobile s’est fait naturellement grâce à la Formule Campus. Comme mon souhait a toujours été de piloter des berlines, j’ai choisi de partir vers la Clio Cup (Champion de France Junior), puis l’Eurocup Mégane Trophy jusqu’en 2010 (Vice-Champion d’Europe). En 2009, j’ai eu aussi l’opportunité de participer au Championnat d’Europe GT3 FIA en tant que pilote officiel Morgan, ainsi qu’à la Formula Le Mans. »

Qu’en est-il de votre saison 2011 ? Pouvez-vous nous en faire un bref résumé, nous dire quels sont vos objectifs pour cette fin d’année et aussi vos projets pour 2012 ?

William Vermont : « C’est compliqué car je n’ai pas de programme figé par manque de budget. J’ai fait quatre courses endurance en Championnat Européen Radical SR8 en partageant la voiture avec un pilote danois. Nous avons gagné à Spa. J’ai aussi disputé trois courses en European F3 Open où je compte trois podiums dont une victoire et une pole position. La situation est délicate car je dois trouver après chaque course le financement pour la suivante. Toutefois, je continue l’entrainement de la même manière, aussi bien physique que mental. J’espère pouvoir terminer la saison en F3 et effectuer un test en Formula Renault 3.5 qui est mon objectif pour l’année prochaine. Cependant pour concrétiser cela, il faut des investisseurs... mais je ne baisse pas les bras. »

Dimitri Enjalbert : « J’ai débuté cette saison 2011 par un meeting en GT3 FFSA sur une Aston Martin à Lédenon, puis j’ai disputé deux meetings en Mégane Trophy au Motorland et à Spa Francorchamps, deux autres en Championnat d’Europe GT3 FIA (Portimao et Silverstone), également sur l’Aston. J’ai aussi eu l’occasion de participer à des ‘courses plaisir’, comme les 25h Fun Cup avec un pilote formé lui aussi à l’Auto Sport Academy : Paul-Loup Chatin où nous avons terminé deuxième, ou encore le Classic Endurance Racing. En cours de saison j’ai eu l’opportunité de rouler en Championnat du Monde GT1 FIA sur une Corvette.Aujourd’hui j’ai déjà fait trois meetings, Silverstone, Navarra et Le Castellet, avec à chaque fois des résultats toujours meilleurs. Je vais très certainement partir en Chine pour deux autres week-ends avec comme objectif le podium. Pour 2012 j’aimerais retrouver un volant de pilote professionnel. »

Pourquoi avoir choisi l’Auto Sport Academy et quels souvenirs en gardez-vous ? Qu’y avez-vous appris ? Y-a-t’il des choses qui vous ont aidées lors de votre passage dans une autre discipline, des choses dont vous vous servez encore aujourd’hui ? Enfin, si c’était à refaire, vous le referiez ?

William Vermont : « J’ai choisi l’Auto Sport Academy pour la qualité de sa formation qui reste peu onéreuse à l’échelle du sport automobile. Globalement, j’en garde un bon souvenir. J’y ai beaucoup appris que ce soit techniquement ou encore sur la gestion de meeting de courses, sur les relations humaines, j’ai aussi pu parfaire mon anglais... Alors, oui bien sûr que je le referai. D’autant que cette année, on peut faire des réglages sur sa voiture, ce qui est un plus pour la formation des pilotes. »

Dimitri Enjalbert : « La Filière FFSA était, comme l’est aujourd’hui l’Auto Sport Academy, le seul moyen de mener de front les études et le sport automobile, tout en ayant le plus de chances de réussir correctement dans les deux domaines. Les personnes que j’ai rencontrées à l’époque (mécaniciens, pilotes, équipe pédagogique, coach sportif…) sont restées mes amis, preuve que je garde d’excellents souvenirs de cette aventure ! D’ailleurs je n’ai jamais vraiment quitté l’Auto Sport puisque je suis évaluateur pour les candidats au diplôme du BPJEPS ! En fait, à la Filière FFSA, j’ai appris à travailler avec les autres ! En karting, ton entourage se compose d’un mécanicien (le plus souvent ton père) et parfois d’un préparateur moteur. La Filière FFSA était composé de la même façon qu’un team, il fallait apprendre à travailler avec les mécaniciens, mais aussi les ingénieurs, les consultants, le préparateur physique, les responsables sportifs, et bien sûr tes concurrents qui doivent être tes coéquipiers si tu veux progresser… Cet apprentissage s’est fait progressivement, ce qui n’aurait pas pu être le cas si j’avais sauté l’étape de la Campus. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas. »

William, que dirais-tu aux nouveaux élèves qui viennent à l’Auto Sport Academy et ne jurent bien souvent que par le circuit, notamment la monoplace et particulièrement la F1. Quant à toi Dimitri, ton parcours prouve que d’autres voies sont possibles pour continuer à pratiquer sa passion. Que leur dirais-tu alors ?

William Vermont : « C’est vrai que cela reste mon objectif mais, pour avoir un peu goûté à l’endurance, j’avoue que c’est une discipline très agréable. Et un parcours tel que celui de Romain Dumas ou encore de Stéphane Sarrazin est fabuleux, non ? Cependant, il est primordial et important de poursuivre ses études autant qu’on le peut car c’est un sport où seul le talent ne compte pas, qui dépend d’énormément de paramètres pour accéder au haut niveau. Je leur dirais donc de bien garder cela à l’esprit et de se rendre compte de la chance qu’ils ont conduire des voitures de course ! »

Dimitri Enjalbert : « Personnellement, et je ne sais pas si c’est normal, mais je n’ai jamais rêvé de la F1 ! Lorsque j’ai débuté, j’ai tout de suite été attiré par le GT, le DTM, les 24 Heures du Mans ! Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas plus facile d’arriver en GT1 FIA ou WTCC qu’en GP2. La seule différence c’est que lorsque tu as les fesses dans une GT1, tu sais que tu as atteint ton objectif et tu as la satisfaction de te trouver dans la catégorie reine. Alors qu’après la GP2 il faut encore beaucoup de chance et une super opportunité pour arriver en F1. Le dernier point positif : tu peux gagner ta vie plus facilement en berline ! »

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