L’ingénieur doit savoir critiquer son pilote
Permane explique comment s’y prendre
Alan Permane est aujourd’hui directeur des opérations en piste chez Lotus, mais il a auparavant travaillé avec, par exemple, Jacques Villeneuve, Jean Alesi ou encore Giancarlo Fisichella. Sa grande expérience avec les pilotes en fait un ingénieur bien placé pour nous parler de la relation entre un pilote et son ingénieur, qu’il ne juge pas spécialement facile. "La relation entre le pilote et son ingénieur est délicate. Vous devez avoir un respect l’un pour l’autre. Le pilote doit faire confiance à l’ingénieur et l’ingénieur ne peut pas être en admiration devant le pilote."
L’ingénieur, sur le muret des stands, a tous les éléments à sa disposition et doit donc expliquer au pilote où il doit s’améliorer, ce qui peut être une position inconfortable face aux stars au volant. "Il doit être capable de lui dire ce qui n’est pas bon ou ce qui ne va pas, et ce n’est pas facile à faire quand vous avez un pilote multimillionnaire qui est adulé par le reste du monde ! C’est important d’avoir une relation où on n’a pas peur de marcher sur les pieds du pilote parfois."
Mais Permane pense avoir toujours réussi à dire les choses avec diplomatie puisqu’il garde de bons contacts avec les pilotes qu’il a côtoyés. "Vous devez les critiquer et je crois que c’est quelque chose que j’ai réussi à faire. Je m’entends bien avec tous mes ex-pilotes et je suis toujours en contact avec Fisi."
Pourtant, Alan Permane se rappelle qu’il y a eu des moments un peu difficiles avec Giancarlo Fisichella, que tous deux ont toutefois su bien gérer. "Mais il y a eu des moments où il avait besoin qu’on le réveille. C’est juste dans sa nature et il y répondait bien."
Le Britannique précise qu’il ne faut pas être trop direct et annoncer les choses avec tact. "On ne leur dit pas forcément ’ce n’est pas assez bien’, mais ça peut juste être ’tu as cinq tours jusqu’à ton arrêt aux stands dont enchaîne quelques bons tours."
Tous les pilotes n’ont en revanche pas besoin d’être "réveillés", continue Permane, se souvenant de l’époque de Michael Schumacher chez Benetton. "Quand Pat Symonds était l’ingénieur de Michael Schumacher, il n’avait pas besoin de le pousser ou de le réveiller, mais il lui donnait des informations sur les points critiques de la course."
Certains pilotes ont quand même besoin qu’on leur rappelle des choses basiques... comme regarder le panneau brandi dans la ligne droite des stands. "J’ai déjà eu un pilote à qui je devais rappeler de regarder le panneau des stands ! Quand il sortait du dernier virage, j’avais l’habitude de dire ’panneau des stands’", confirme Permane, sans dire de quel pilote il s’agit. "Quelques uns ont besoin qu’on leur rappelle de boire, mais c’est plutôt lors des séances d’essais, si jamais on a mis un kit à tester."