Kubica peut-il être le joker de luxe de Renault ?

Le Polonais se sent prêt à revenir en F1 !

Par Emmanuel Touzot

12 juin 2017 - 16:51
Kubica peut-il être le joker de luxe (…)

La situation chez Renault semble se diriger vers une issue évidente : Jolyon Palmer ne terminera pas la saison dans le baquet de la deuxième RS17, qu’il n’a pas réussi à amener une seule fois dans les points. Ce dimanche à Montréal, il a encore raté le top 10 alors que la course a été très animée et qu’un pilote comme Stroll, pourtant en difficulté depuis le début de saison, a marqué des points.

La dernière déclaration de Cyril Abiteboul au sujet du Britannique est d’ailleurs sans équivoque : "Il doit signer des bonnes performances. Il a un contrat en bonne et due forme pour l’année. Maintenant, il a une exigence comme absolument tout le monde d’être performant. La première obligation, c’était pour l’équipe de lui donner une voiture qui tourne un bien pour qu’il se mette en condition pour un week-end, ce qu’on a fait."

Une déclaration qui laisse entendre que Palmer a tiré ses dernières cartouches, ou va les tirer d’ici à la pause estivale lors de laquelle il pourrait être remplacé. Si les pistes menant à Sergey Sirotkin et Oliver Rowland pourraient sembler séduisantes, celle qui mène à Robert Kubica est aussi attirante qu’elle est étonnante.

Le Polonais, dont on connaît la situation depuis plusieurs années, s’entraîne pour revenir au plus haut niveau depuis plusieurs mois après un passage en WRC mitigé. Alors qu’il disait encore il y a quelques mois que son bras n’était pas assez mobile pour piloter en monoplace, et qu’il avait décidé de s’engager en LMP1 dans l’équipe ByKolles, il semble avoir fait machine arrière, notamment parce que le prototype n’était selon lui pas au niveau, mais aussi parce qu’il a eu l’opportunité de tester des monoplaces et que les essais en question se sont bien passées.

Intriguée par l’idée du pilote de revenir au plus haut niveau, l’équipe française à aider à lui permettre de tester une GP3 courant avril puis une monoplace de Formule E début mai. Dans les deux cas, les essais se sont bien passés et le Polonais a donc convaincu Renault de lui faire essayer une Lotus de 2012.

"Robert est resté dans la famille. Le clan Enstone, qui est très fidèle, a été marqué par ce pilote. Tout le monde avait envie de lui donner l’opportunité de rouler et l’opportunité s’est présentée puisqu’on avait un roulage avec Sirotkin" a justifié Cyril Abiteboul.

Le résultat a été très bon puisque Kubica a réussi à boucler 115 tours au volant de la F1 et selon des bruits indiscrets, aurait fait des chronos meilleurs que ceux de Sergey Sirotkin. S’il était mitigé après ces essais, expliquant qu’il avait pris conscience de tout ce qu’il avait perdu, l’ancien pilote BMW a depuis déclaré qu’il voulait faire son retour au plus haut niveau et qu’il se sent prêt à revenir dans la catégorie reine !

"Tout d’abord, je me sens comme un enfant depuis ce test. Ça a été un sentiment spécial pour moi quand je me suis installé à bord" déclarait Kubica après ces essais.

"En revanche, ce sentiment n’a pas duré : j’ai récupéré très vite mes capacités, les sensations étaient bonnes et c’était comme se sentir de retour à la maison. C’est certainement une sorte de nouveau départ pour moi. J’espère que je vais avoir la chance d’aller de l’avant avec la F1 et que, petit à petit, peut-être, réaliser un vrai retour en F1. Je pense en être capable."

Évidemment, cette idée nous laisse présager de l’une des plus belles histoires de la F1 moderne, puisque personne n’aurait imaginé qu’il arrive à revenir au niveau après son terrible accident de rallye début 2011. Avouant qu’il avait passé des années très difficiles, à devoir faire son deuil de la F1, Kubica est aujourd’hui prêt à y revenir et Renault pourrait s’offrir un joli coup de communication au passage, en plus d’offrir une belle chance à son ancien protégé.

Toutefois, réussir à piloter sur un circuit quelque peu aseptisé comme Valence au volant d’une monoplace de 2012, dont les exigences sur le physique des pilotes sont moindres, n’équivaut pas les contraintes subies par les pilotes cette saison, où les voitures agressives ont obligé les pilotes à se muscler les bras et le cou.

Et le bras justement, c’est bien le souci de Robert Kubica, dont une photo a circulé récemment qui montrait un bras droit quasiment atrophié et traversé par une énorme cicatrice.

Dès lors, maîtriser la puissante RS17 sur des circuits aussi intenses que Suzuka ou Spa Francorchamps pourrait s’avérer plus difficile que ce à quoi il a été confronté en Espagne la semaine dernière. Toutefois, son niveau de progression et d’entraînement, puisqu’il est passé de la GP3 à la F1 en un mois et demi, sous-entend qu’il pourrait également se préparer à des monoplaces plus exigeantes.

Les problèmes qui se posent à lui sont pour le moment d’ordre administratif puisqu’il n’a pas sa superlicence, mais la FIA avait assuré lors de la mise en place du nouveau règlement d’accession à la F1 que des dérogations seraient accordées aux anciens pilotes. Néanmoins, l’état de son bras droit pousserait sûrement la FIA à lui accorder sous condition et à s’assurer qu’il n’aurait pas de problèmes à manipuler le volant et diriger sa monture.

Si ses capacités ne sont en rien atténuées par le manque de muscle de son bras, Renault pourrait être tentée de le faire participer aux essais prévus juste après le Grand Prix de Hongrie, avant la pause estivale, afin de valider ses capacités au volant d’une monoplace actuelle.

A ce moment-là, Renault et Kubica pourraient boucler la boucle interrompue par le terrible accident du pilote et relancer cette belle histoire inachevée du Polonais en F1. Sans compter qu’avec lui et Hulkenberg, Renault afficherait un duo de qualité dans le milieu du peloton.

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