John Surtees : une légende de la moto et de la F1 s’éteint

Le maître des deux et des quatre roues

Par Alexandre C.

10 mars 2017 - 17:02
John Surtees : une légende de la (...)

Il était, depuis la mort de Jack Brabham, le 19 mai 2014, le doyen des champions du monde de Formule 1. Il reste encore le seul pilote à avoir remporté le titre suprême en moto comme en Formule 1. John Surtees, champion du monde Moto en 1956, 1958, 1959 et 1960, et champion du monde de F1 en 1964, nous a quittés aujourd’hui à l’âge de 83 ans.

Sa famille a annoncé, par communiqué officiel, son décès en ce vendredi après-midi…

« John, à l’âge de 83 ans, a été admis à l’hôpital Saint George de Londres en février. Il souffrait de troubles respiratoires. Après une course période en soins intensifs, il nous a quittés en paix, cet après-midi. Sa femme, Jane, et ses filles, Leonora et Edwina, étaient à ses côtés. »

« John était un mari, un père, un frère et un ami plein d’amour. Il était aussi l’un des pilotes véritablement géniaux du sport automobile et continuait à travailler sans relâche, jusqu’il y a peu, au sein de la Henry Surtees Foundation et avec le Buckmore Park Kart Circuit. »

« Nous déplorons profondément la perte d’un homme si incroyable, si attentionné, si tendre, et nous célébrons sa vie incroyable. »

« Il a été un exemple authentique d’une personne qui n’a cessé de poursuivre ses efforts, même à son sommet, et d’une personne qui a continué à se battre jusqu’à la toute fin. »

« Nous voudrions remercier tout le personnel de l’hôpital Saint George et de l’hôpital The East Surrey pour leur professionnalisme et leur soutien durant ce moment difficile pour nous. Nous remercions aussi tous ceux qui ont envoyé leurs messages attentionnés ces dernières semaines. »

Le Britannique appartenait à une espèce rare : celle des pilotes capables d’être à l’aise autant sur deux que sur quatre roues. Né d’un père londonien, Jack, propriétaire d’un magasin de motos, le petit John était vite tombé dans l’amour des mécaniques. Pilote dès 17 ans, il régna sur la discipline reine de la moto avec l’écurie italienne MV Augusta, et remporta sept championnats du monde au total (en 300 et 500 cm cube), écrasant la concurrence entre 1956 et 1960.

Après avoir tout gagné, tout prouvé sur deux roues, il ne mit pas longtemps à ambitionner une carrière en monoplace. Lors de sa première course en F3, en 1959, à Goodwood, il réussit à finir 2e, derrière un certain Jim Clark. Colin Chapman, l’homme fort de Lotus, l’engagea pour quatre courses afin de finir la saison 1960 en F1. Surtees réussit à obtenir une 2e place au Grand Prix de Grande-Bretagne, et frôla la victoire au Portugal, témoignant d’une rare capacité d’adaptation.

Surtees passa les deux saisons suivantes chez Cooper puis chez Lola, sans obtenir le succès escompté. Mais il réussit à garder sa réputation intacte dans le paddock, ce qui le permit de signer pour Ferrari en 1963. Là encore, il ne lui fallut pas longtemps pour connaître le succès suprême, en 1964, avec deux victoires et deux poles positions obtenues de longue lutte face à Lotus et Jim Clark.

Surtees avait entre-temps obtenu les surnoms de « Big John », « Son of the Wind » ou « Fearless John », après une victoire dans l’intraitable Nurburgring en 1964, où Graham Hill, sur sa BRM, dut s’avouer vaincu.

La saison 1965 chez Ferrari serait plus décevante (5e au championnat, sans aucune victoire). La suite de l’aventure de Surtees dans la discipline, avec Cooper et Honda, ne fut pas tout à fait malheureuse, puisque Surtees gagna avec les deux écuries. Il choisit ensuite, à l’image de Jack Brabham ou de Bruce McLaren, de fonder sa propre écurie (et Surtees fut lui-même pilote jusqu’en 1973).

L’écurie Surtees n’eut, comme Stewart deux décennies plus tard, qu’un succès mitigé. En neuf saisons, le meilleur résultat de Surtees en F1 fut une seconde place obtenue par Mike Hailwood, lui-même pilote moto à l’origine. Motorisé par Ford-Cosworth, Surtees connut cependant au bout de quelques années de graves soucis financiers. Des espoirs tels qu’Alan Jones, Jean-Pierre Jabouille, René Arnoux ou Patrick Tambay eurent néanmoins l’opportunité de se faire la main sur une Surtees.

Retraité des circuits, John Surtees eut également la douleur d’apprendre la mort de son fils, Henry, blessé mortellement durant une course de Formule 2 à Brands Hatch en 2009. Au sein de la Henry Surtees Foundation, il militait activement pour promouvoir les talents de demain.

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