Johansson prédit une surprise de taille pour Liberty Media
Bienvenue au Club des Piranhas !
Stefan Johansson a accueilli l´arrivée de Liberty Media aux commandes de la FOM en deux temps. Tout d´abord, avec amertume, à cause du départ forcé de Bernie Ecclestone, mais aussi avec de l´enthousiasme, puisque ce changement peut ouvrir beaucoup de possibilités à la Formule 1.
L´ancien pilote ne prend pas de gants en évoquant l´éviction de Bernie Ecclestone de son poste de président de la FOM par Liberty Media.
« C´était à prévoir avec l´arrivée des grands actionnaires de Liberty Media. Et c´est cependant la fin d´une ère. Aussi lointain que chacun d´entre nous puisse se souvenir, la Formule 1 a toujours été associée à Bernie Ecclestone. Qu’y a-t-il dans la Formule 1 moderne qui n´a pas été engendré par lui ? Eh bien, moi non plus, je n´arrive pas à trouver. Les écuries, les pilotes, les organisateurs de courses, la télévision – chaque pierre de cet édifice a été mise en place par lui. »
Le Suédois a beaucoup de nostalgie à l´idée que le règne du grand argentier ait touché à sa fin.
« Lorsque j´ai appris qu´Ecclestone ne ferait plus le travail qu´il a effectué jusqu´à présent, j´en ai discuté avec beaucoup de mes amis issus du monde de la Formule 1. Nous avions tous le même sentiment : un peu de tristesse. Finalement, il était pour nous comme une sorte de grand-père. Ce changement est quelque-chose d´énorme. Je ne connais personne dans le paddock qui était là avant Bernie Ecclestone. Je suis curieux de voir ce qu´il va maintenant se passer. »
Johansson trouve que Liberty Media n´a pas été bien avisé de provoquer le départ immédiat d´Ecclestone. Les connaissances de l´homme de 86 ans en Formule 1 sont inégalables.
« Je suis d´avis que l´on aurait pu le garder à bord tranquillement pendant quelques années encore. Afin de gérer la transition avec moins de problèmes. Lorsque j´ai l´occasion de travailler avec le meilleur spécialiste en contrats de l´histoire, alors je saute sur l´occasion. Le diable se cache toujours dans les détails, et "Mr. E" est le seul qui connaisse tous ces détails. En tout cas, il part en laissant derrière lui une grande empreinte. »
Cependant, l´ancien pilote ne regrette pas toutes les décisions de Liberty Media, et il s´enthousiasme déjà à l´idée que Ross Brawn sorte de sa retraite afin que la discipline profite de son savoir-faire.
« C´est fabuleux. Ils n´auraient pas pu trouver quelqu´un de meilleur que lui. Il n´était pas seulement un designer et un technicien de génie, il a en tant qu´ancien directeur d´écurie une profonde compréhension du côté commercial du sport. J´espère qu´il pourra faciliter plusieurs choses en Formule 1. »
Mais l´homme de 60 ans sait aussi que Liberty Media va avoir beaucoup de défis à relever à l´avenir, de nombreux casse-têtes n´ont pas été résolus ou ont empirés avec le temps.
« Beaucoup de choses ont été écrites, sur ce qu´il faut changer. Mais je ne suis pas d´avis que tout le monde ici détient la bonne réponse – pas dans la technique digitale, pas dans le sport, pas en ce qui concerne le côté commercial. Il est bien souvent simple de faire observer ce qui n´est pas bien. Mais c´est bien plus difficile de trouver une meilleure solution. Je ne sous-estime pas Liberty Media. Ils ont eu jusqu´ici énormément de succès. Et ils sont suffisamment intelligents pour aller chercher les bonnes personnes. »
Johansson se montre très sceptique de l´approche démocratique avec laquelle Liberty Media souhaite diriger la Formule 1. Il avance une solution pour la gestion du sport qui pourrait mettre fin a beaucoup de problèmes.
« Chaque championnat qui a été mené de manière démocratique a échoué. Car quand il y a trop d´avis qui se retrouvent sur la table, cela devient difficile alors d´accomplir quoi que ce soit. Dans le Groupe Stratégie, nous avions les mêmes bases démocratiques. Ce qu´il m´a semblé, c´est qu´il en est ressorti plus que jamais de la confusion et trop de règles compliquées. Le Groupe Stratégie n´a rien apporté de plus à la Formule 1 que ce que le sport aurait fait. Non, la Formule 1 doit s´éloigner de la démocratie. Nous avons besoin de petits groupes constitués de spécialistes renommés, qui seront respectés de tous. Ces groupes doivent connaître à fond les différents aspects de leur branche. Et ils ne doivent pas être soumis à quelque contrainte que ce soit, comme diriger une écurie ou organiser une course. Cela les inhibe. Ces groupes doivent pouvoir travailler sans être influencés. Lorsqu´ils auront réfléchi sur chaque détail, alors la catastrophe que nous avons connue dans d´autres séries et d´autres sports cessera. »
L´ancien pilote est certain que Liberty Media va avoir une grande surprise, une fois plongé dans le grand bain.
« Je crois que les gens de Liberty Media ne se doutent pas encore tout à fait tout de ce qui va leur arriver – par exemple, dans le contact avec les écuries. Pour moi, la meilleure comparaison, c´est ce qu´a dit Ron Dennis, qui était alors le patron de McLaren, à Eddie Jordan, lorsque ce dernier a débuté en F1, il y a quelques années de cela : "Bienvenu au Club des Piranhas !" Rien n´a changé depuis, et c´est exactement ce qui attend les gens de Liberty Media. »