Jean Todt observe la F1 en toute discrétion

Jean Todt est le discret président de la FIA, mais cette discrétion ne signifie pas qu’il ne suit pas ses dossiers, notamment celui de la F1. Le Français est en effet très attentif à ce qu’il se passe aujourd’hui en F1, notamment depuis l’introduction d’un nouveau groupe motopropulseur au début de cette année.

“Nous avons introduit un nouveau règlement, car nous ne pouvions pas gérer le championnat de F1 sans nous préoccuper de ce qui se passe ailleurs,” déclare Jean Todt. “Le choix d’un moteur hybride était par exemple inévitable. Regardez le Salon de l’Automobile de Paris, tous les constructeurs proposent des moteurs de ce type. Le problème du championnat de F1, c’est qu’il a mal communiqué là-dessus.”

“Les moteurs de F1 d’aujourd’hui ont la même puissance que ceux du passé et bientôt ils seront même plus puissants. Et ils font tout cela en consommant 25% de moins ! La recherche technologique faite aujourd’hui pour la F1 profite aux voitures de tous les jours et c’est ça la F1 que nous voulons. S’il n’y avait pas ce nouveau règlement, Honda ne serait jamais revenu par exemple. La possibilité d’aligner une troisième voiture, pourrait-elle être une réponse adaptée à la crise dans laquelle sont plongées les petites équipes ? Oui, mais ce serait une déception, car j’aime les traditions. Il y a toujours eu 10 à 12 équipes en F1 et celles-ci ont toujours aligné deux voitures. Il y a des équipes mythiques comme Ferrari, Williams et McLaren, mais il y a aussi les autres équipes,” poursuit Jean Todt.

Jean Todt garde bien sûr toujours un oeil attendri sur la Scuderia Ferrari. “Lorsque je suis arrivé chez Ferrari, on m’a dit que ma mission était impossible. Alain m’avait dit que j’avais fait du très bon travail chez Peugeot, mais que cela allait être impossible chez Ferrari. Cela avait été très difficile au début, mais petit à petit, nous avons mis sur pied une équipe fantastique. Nous avons écrit l’histoire avec cette équipe, mais ce cycle est désormais terminé.”

“La première Ferrari confiée à Michael (Schumacher) était moins compétitive que la première Ferrari d’Alonso. Lorsque je suis arrivé chez Ferrari, nous étions à 2 sur une échelle de 10. Lorsque je suis parti en 2009, nous étions à 7… Un conseil pour Marchionne ? je lui dirais de réagir avec calme et pragmatisme. Lorsqu’il arrive quelque chose comme à Monza, il faut aussitôt se souvenir que Fernando Alonso était jusqu’à cette course, le seul pilote à avoir terminé tous les Grands Prix de cette saison dans les points.”

“Montezemolo ? C’était mon président. Nous avons souffert ensemble, ce fut la souffrance la plus grande de ma vie. Cela a créé entre nous des rapports affectueux et amicaux. Cette affection est toujours là. Pendant 16 ans, Montezemolo m’a téléphoné de 1 à 5 fois par jour, vous pouvez donc imaginer combien de temps nous avons passé ensemble au téléphone…”

Le titre mondial des pilotes pourrait se jouer lors du dernier Grand Prix de la saison à Abu Dhabi puisqu’on distribuera le double de points lors de cette course. Que pense Jean Todt de ça ?

“Cela ne me plaît pas, mais cela ne changera rien au championnat. Nous supprimerons cette mesure si nous jugeons qu’il faut le faire. Quoi qu’il en soit, c’est le meilleur qui l’emportera à la fin ou alors le plus chanceux avec la meilleure voiture,” ajoute le président de la FIA.