Interview de Rémi Taffin, responsable des opérations piste de Renault F1
"Que chaque écurie que nous équipons ait le potentiel de s’imposer"
Avez-vous introduit de nouvelles procédures pour la gestion en piste, en fonction de l’expérience acquise en 2012 ?
Ce que nous avons mis en place pour la saison 2013 est une amélioration des méthodes définies lors de notre restructuration comme motoriste en 2011. L’année dernière, nous estimons avoir renforcé la partie opérationnelle, en adaptant nos procédures et nos structures à chacun de nos partenaires, afin de mieux correspondre à la culture de chaque écurie. Nous pouvions nous assurer que le moteur était correctement optimisé et en phase avec les évolutions du châssis, ce qui inclut les développements des échappements à effet Coanda qui ont été progressivement introduits au cours de l’année. Il faut que nous montrions une capacité de réaction suffisante pour intégrer des développements de cette ampleur. C’est un domaine dans lequel nous avons travaillé énormément et notre objectif est de poursuivre dans cette voie en 2013. La constance dans nos procédures est également un facteur sur lequel on peut se reposer alors que nous cherchons à améliorer la fiabilité de manière transversale. Une fois encore, la saison dernière a prouvé que chaque kilomètre doit être parfaitement exploité pour pouvoir atteindre une fiabilité maximale.
Le V8 en étant à son ultime année d’exploitation, dans quels domaines pouvez-vous gagner en efficacité côté exploitation ?
Naturellement, la fenêtre d’exploitation à explorer se réduit année après année. Bien sûr, nous continuons de nous adapter aux changements dans la réglementation, afin d’étudier tous les domaines dans lesquels nous pouvons améliorer la performance du moteur et notre prestation auprès du client. Il nous faut être plus efficaces dans chaque compartiment. C’est dans celui de la fiabilité que nous pouvons nous améliorer le plus. Nous avons travaillé sur chaque petit détail et sur chaque procédure afin de nous rapprocher de la qualité maximale.
En 2011, il y a eu les échappements soufflés. En 2012, la cartographie moteur et l’effet Coanda. Où pensez-vous que l’on peut trouver matière à développement cette année ?
Nous assisterons encore aux bénéfices de l’effet Coanda cette année. Mais, avec un an de développement préalable, les gains seront minimes. Il existe quelques évolutions que nous pouvons apporter à la cartographie du moteur pour diminuer la consommation. Toutefois, le V8 arrivant en fin d’exploitation, nous rendrons le moteur le plus neutre possible.
Y a-t-il des pièces que vous avez pu retravailler pour améliorer la fiabilité ?
Sur le plan technique, nous avons travaillé tout l’hiver pour résoudre les problèmes qui nous ont causé des soucis en 2012. Ça nous a montré que, même durant une période de gel du développement, ce n’est pas si facile, même en changeant plusieurs composants. C’est la différence entre maximiser la performance en changeant la spécification à chaque course, et améliorer la fiabilité en période de gel. Il faut faire attention à toujours apporter le maximum de cohérence dans la production de ces pièces.
Avec un championnat qui devrait être riche de 19 Grands Prix, quel impact cela aura-t-il sur la gestion des moteurs ?
Si nous comptons une course de moins cette année, cela nous donnera un peu plus de souplesse dans la gestion des moteurs. Ce n’est pas un énorme avantage, mais ça nous permettra d’avoir un peu plus de marge si besoin.
Au bout d’un partenariat d’un an avec Williams, quels sont les points-clés à améliorer ?
Nous allons développer cette relation sur les liens forts renoués en 2012. Désormais, toutes les procédures sont en place et nous devons nous assurer qu’elles fonctionnent parfaitement. Nous allons porter l’accent, pour chaque client et pas seulement Williams, sur la mise en place du moteur et son utilisation. Il est important de se rappeler que la différence peut se faire sur notre capacité à travailler à la fois sur les programmes 2013 et 2014. C’est pourquoi il est crucial d’avoir un système de fonctionnement opérationnel sur le terrain.
Comment se passent les relations avec Caterham après deux saisons de coopération ?
Nous travaillons désormais très efficacement avec Caterham et il est difficile de trouver une grande différence avec les teams établis d’un point de vue opérationnel. Bien sûr, les voitures sont différentes, mais nous pensons que Caterham peut marquer ses premiers points cette année. Tous les signaux sont au vert, d’autant que l’écurie est maintenant bien établie dans ses nouvelles installations. Ils ont désormais davantage d’expérience et peuvent fournir un travail plus abouti, d’autant que les budgets leur permettent d’atteindre leurs objectifs. Ce sera un très grand jour quand nous marquerons ces premiers points ensemble !
Red Bull est forcément un client exigeant… Que pouvez-vous apporter aux Champions du Monde pour qu’ils restent en haut de l’affiche ?
Nous partageons la même passion de vaincre. Nous apprécions qu’ils nous poussent à faire toujours plus, et aimons pouvoir répondre à leurs attentes de façon efficace et rapide. C’est encore plus gratifiant quand nous pouvons proposer des améliorations visant à améliorer la performance de la monoplace. Tout d’abord, nous devrons être irréprochables sur le plan de la fiabilité, avant de pouvoir encore repousser les limites. C’est pourquoi nous avons tellement travaillé sur la fiabilité.
Lotus est revenue sur le devant de la scène. La coopération va-t-elle rester dans cette forme actuelle ?
Plutôt que de dire que Lotus est revenue à la victoire, je crois qu’il faut dire que c’est une chose tout à fait normale que cette écurie remporte des courses. Nous voulons continuer à les soutenir de la sorte. En fait, le fonctionnement reste le même depuis que Renault a revendu ses parts dans l’écurie à Genii. Il est évident que nous avons une relation très proche avec cette équipe. Nous accueillons toujours avec joie leurs idées nouvelles et les aidons à atteindre leurs objectifs : ils sont clairement très présents dans nos planifications de passage au banc ! Le plus important est l’envie de gagner que nous avons su instaurer au sein de chacune des équipes de motoristes : nous voulons que chaque écurie que nous équipons ait le potentiel de s’imposer.