Interview de Rémi Taffin, directeur technique moteur de Renault F1
Le point avant le Mexique
À plus de 2200 mètres au-dessus du niveau de la mer, le Circuit des Frères Rodríguez offre des défis uniques aux voitures et aux moteurs comme l’explique Rémi Taffin, Directeur Technique moteur de Renault F1.
Quelle approche a été prise pour la première au Mexique l’an passé et qu’en avez-vous retenu ?
En nous rendant au Mexique il y a un an, nous savions qu’il n’y aurait pas une grande différence sur la puissance du groupe propulseur, ce qui aurait été certainement différent avec un moteur atmosphérique. L’air est beaucoup moins dense, ce qui peut entraîner une perte de puissance d’environ 22 % pour un moteur atmosphérique. Avec notre moteur à combustion interne turbocompressé, le turbo doit simplement tourner plus vite. La récupération d’énergie et les systèmes de déploiement ne sont pas affectés non plus.
Hormis la puissance, l’altitude génère-t-elle des problèmes ?
L’un des domaines où l’on doit porter une attention particulière concerne le refroidissement du groupe propulseur. L’air moins dense est non seulement moins efficace pour la combustion, mais aussi pour le refroidissement. Si l’on maintient le même niveau de puissance, il faut dissiper toute l’énergie. Avec un air moins efficace dans les conduits, cela posait question l’an passé. Heureusement, nos prévisions étaient assez précises et nous n’avons pas connu de surprises, tout comme nous n’en attendons pas cette fois encore. Cela dit, si le thermomètre monte sensiblement, nous devrons suivre de près la situation puisque nous opérerons avec de très fortes températures.
Quelles ont été les améliorations effectuées depuis la première visite au Mexique ?
Pour cette année, nous avons affiné les données pour optimiser notre refroidissement et l’utilisation du turbo. Nous devrons faire tourner ce dernier à une vitesse bien plus élevée que partout ailleurs afin de le rendre aussi efficient. Une chose est sûre, les pièces du turbo utilisées au Mexique seront posées sur une étagère et plus jamais remployées après cette séance d’entraînement assez dure !
Où est l’équipe au niveau des éléments utilisés sur le groupe propulseur avant les derniers Grands Prix ?
Cette année, nous ne sommes pas mal placés en nombre de moteurs puisque nous en sommes au cinquième. Cela veut dire que nous pouvons en utiliser quatre. Nous allons employer le moteur le plus récemment introduit qui peut l’être ici et sur les deux prochaines courses. Nous ne devrions donc pas prendre de pénalité. Le moteur à combustion interne est mis à rude épreuve. Avec la longue ligne droite et l’air moins dense, d’où moins de traînée, les vitesses de pointe dépasseront 360 km/h. Ce n’est pas rien !
Existe-t-il des craintes sur le potentiel de performance au Circuit des Frères Rodríguez ?
Il n’y a aucune raison qui indique que nous ne devrions pas voir le même type de performances que sur les quatre ou cinq dernières manches. Nous voulons nos deux voitures en Q2 et nous aimerions vraiment avoir une nouvelle chance d’entrer en Q3 avant la fin de saison.