Interview de Giorgio Ascanelli

Le directeur technique de la Scuderia Toro Rosso

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29 juin 2011 - 19:04
Interview de Giorgio Ascanelli

La petite Scuderia Toro Rosso pointe aujourd’hui à la septième place du championnat des constructeurs, c’est-à-dire devant Force India et à un jet de pierre de Sauber. C’est un résultat qui est apprécié à Faenza comme nous le confirme ici Giorgio Ascanelli, le directeur technique de Toro Rosso.

Cinq arrivées dans les points en huit courses, dont les trois dernières. Comment résumeriez-vous la saison jusque-là ?

"Je crois que, en termes de tous les aspects qui forment une équipe de F1, nous sommes au niveau que l’on pourrait attendre de la neuvième équipe. Cependant, notre objectif avoué pour 2011 est de terminer huitièmes et, à l’heure actuelle, nous sommes septièmes du classement des constructeurs. Nous devons donc en être satisfaits, même s’il sera difficile de se maintenir à ce rang sur la suite de la saison. Le fait que nous soyons septièmes ne signifie pas que nous sommes plus performants que prévu dans notre plan de route parce que même si nous avons fait un certain nombre de choses correctement, notre position tient aussi aux erreurs commises par d’autres équipes.

Globalement, vous semblez être plus performants en course qu’en qualification, pourquoi ?

"La façon dont nos week-ends se déroulent peut donner l’impression que nous sommes des idiots le samedi soir et des génies le dimanche soir, mais ce n’est pas une théorie à laquelle j’adhère ! Il y a une vraie différence entre nos performances en qualification et en course. Une partie est due à des raisons techniques et il faut aussi prendre en compte que nous consacrons sciemment plus de temps à notre préparation de la course qu’à celle de la qualification. L’autre facteur est que, sans manquer de respect à nos pilotes, ils ne tirent pas le maximum de la voiture quand les pneus sont à leur maximum pour un tour de qualification."

Comment fonctionne l’équipe, dans sa deuxième année d’autonomie, notamment dans la liaison entre les installations de Bicester et Faenza ?

"Personnellement, c’est ma troisième expérience de production d’une voiture des deux côtés de la manche. Les deux premières fois, je l’ai fait avec Ferrari à une époque où la technologie – internet, ordinateurs, bases de données partagées et liens satellites – n’était pas aussi avancée qu’aujourd’hui. Maintenant, ce système fonctionne bien mieux qu’avant et, chez Toro Rosso, nous avons appris comment le faire fonctionner même s’il y a de temps en temps de petits accros. Nous sommes relativement inexpérimentés dans ce domaine et il nous faut plus de temps pour vérifier que nos outils de prévisions, soufflerie, CFD, etc, sont à la hauteur. Nous faisons de bons progrès à ce niveau, mais il y a encore un écart entre les outils théoriques et ce que nous voyons sur la piste.

Par exemple, à Valencia, nous avons apporté une nouvelle configuration de la voiture et, après les premiers essais, nous étions un peu surpris des différences entre ce que nous attendions de ce package et ce qu’il nous a effectivement donné. Nous avons eu un vendredi très occupé à analyser les données parce que dans de tels cas, nous devons comprendre si ça vient de mesures incorrectes ou de raisons physiques. Il y avait de vraies raisons derrière ça et ça nous a permis de progresser."

Cela signifie-t-il que nous pouvons attendre une autre belle performance lors du Grand Prix de Grande-Bretagne ?

"C’est difficile à dire parce que, en introduisant des évolutions significatives à Valence, nous sommes probablement en décalage avec la majorité des équipes britanniques qui vont sans doute pousser fort pour la course à Silverstone. Ca a eu une certaine influence sur le fait que Jaime puisse finir bien mieux placé qu’il n’était parti à Valence. La performance de Sébastien était bonne, également, mais moins remarquée. Nous venons de découvrir que sa voiture avait ramassé un gros débris qui lui a fait perdre un certain niveau d’appui durant la moitié de la course. Il a malgré tout réussi à gagner quatre places, en suivant une stratégie à trois arrêts comme la majorité des concurrents, alors que le résultat de Jaime devait un petit quelque chose à sa stratégie à deux arrêts."

Silverstone est le premier d’une série de circuits rapides sur lesquels l’aérodynamique est très importante. Est-ce que cela pourrait vous convenir ?

"Je ne le sais pas avec certitude, mais j’espère que nous pourrons bien faire. Nous avons déjà joué nos deux atouts en termes de développement de la voiture tandis que, comme je l’ai dit, je pense que les équipes anglaises produiront un gros effort pour cette course et, quand un homme avec un pistolet en rencontre un autre avec un fusil, l’homme avec le pistolet est un homme mort ! Nous devrons donc être très malins pour tirer le maximum de notre package."

Allez-vous continuer à développer la STR6 ?

"Nous approchons cette période de l’année où nous devons commencer à nous pencher sur la nouvelle voiture. Cependant, nous avons encore quelques évolutions de prévues pour la STR6 : il y aura quelques petits trucs à Silverstone et certaines des courses suivantes. A part ça, le Grand Prix d’Italie verra des changements sur la voiture simplement parce que Monza est un circuit unique qui nécessite une attention particulière. Après ça, nous devrons vraiment nous concentrer sur la STR7, sinon nous n’aurons pas de voiture pour l’année prochaine. Actuellement, nous sommes légèrement mieux placés que notre objectif final. Que nous restions à cette position dépendra de la qualité de notre travail, d’une pointe de chance, du niveau de performance de nos principaux adversaires et du pourcentage de leurs ressources qu’ils peuvent continuer à consacrer à leurs voitures 2011."

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