Interview avec Carlos Tavares (Renault) en Inde

RSF1 est un exemple pour toute la marque

Par Franck Drui

30 octobre 2011 - 16:19
Interview avec Carlos Tavares (Renault)

Carlos Tavares, le bras droit de Carlos Ghosn, s’est rendu sur le circuit international de Buddh lors du Grand Prix d’Inde.

Quel est votre sentiment sur le doublé signé cette saison avec Red Bull Racing, le deuxième titre constructeur consécutif de Renault avec RBR, le 10e pour le losange et le titre pilote de Sebastian Vettel ?

Évidemment c’est un sentiment de grande satisfaction pour les équipes, à la fois pour celles de Red Bull et pour celles de Renault Sport F1 à Viry-Châtillon. C’était effectivement une performance remarquable, c’est le 10e titre sur une présence totale en Formule 1 de 34 ans. 10 titres en 34 ans, je crois ça démontre bien la compétence et l’excellence du travail accomplit. Donc je dirai un mot de félicitations chaleureuses, respectueuses compte tenu de l’ampleur de cette performance. Je me suis déplacé la semaine dernière à Viry-Châtillon pour féliciter de vive voix tous les collaborateurs et ce qui me frappe le plus au-delà du talent, de la compétence et de l’expertise de ces collaborateurs, c’est leur humilité. Par cette capacité à délivrer des résultats de très grande qualité avec une attitude d’une très grande humilité on peut dire que c’est la marque des très grands champions. A ce titre l’équipe de RSF1 représente pour toute l’entreprise Renault un exemple, et un parfait exemple, de ce que nous tous nous pourrions devenir.

Dès le début de votre collaboration avec Red Bull, la notion de partenaire a pris le pas sur la notion de client. Est-ce que cela fait partie de cette philosophie Renault ?

C’est très important et ça colle parfaitement à l’ADN de Renault. La capacité dans un monde de plus en plus complexe à collaborer avec des entités de nature très diverse, des cultures différentes, est de plus en plus un atout pour la performance. Effectivement, nos équipes de Viry-Châtillon ont démontré leur empathie, c’est-à-dire la capacité à travailler avec leur client pas simplement pour leur donner un moteur mais pour leur permettre à eux de faire un châssis extrêmement performant. Cette empathie, cette capacité à collaborer, qui est très en phase avec ce qu’est Renault à travers de son alliance avec Nissan, à travers les démarches que nous avons engagées avec Daimler, c’est - je pense - une des forces de l’entreprise. Cette ouverture d’esprit, cette flexibilité mentale qui permet d’apprendre et de contribuer à la performance de son partenaire. Donc c’est vrai que nous travaillons dans cet esprit avec Red Bull mais pas uniquement : nous le faisons aussi avec les autres partenaires. Nous avons bien compris que le moteur ce n’est pas qu’une affaire de puissance et de consommation, c’est aussi une affaire de compacité et d’architecture qui permet à l’ingénieur châssis d’exprimer tout son talent notamment dans le domaine aérodynamique.

Le futur de Renault en Formule 1 s’écrira avec 4 équipes dès 2012. Parlez-nous de ce futur proche.

Deux éléments essentiels, d’abord, il n’y a pas de grande marque et de grande entreprise sans de grande Histoire. Donc, c’est vrai que notre partenariat historique avec Williams est un élément qui nous touche profondément. C’est une des plus petites écuries du plateau et Sir Frank Williams cherche à revenir au premier plan. Donc nous avons "sentimentalement" une envie énorme d’aider Williams à revenir au premier plan. Et nous allons le faire tout en contribuant aussi à ce que la marque Renault se renforce au travers de ses partenariats. C’est un point très important et j’ai senti en discutant avec les gens de Renault Sport F1, une grande affection pour cette équipe. Je dirai aussi que, c’est vrai, nous tirons une grande fierté du fait que l’année prochaine nous disposerons de 4 écuries clientes. Mais je m’empresse de dire deux choses. D’abord, nous valorisons énormément la diversité car nous apprenons beaucoup au travers de la diversité. Enfin, je veux aussi rassurer certains sur le fait que nous n’avons pas de vision monopolistique de la fourniture moteur en F1. Pour une raison très simple : si nous étions les seuls à fournir des moteurs nous aurions des difficultés à montrer que notre moteur est le meilleur. Donc nous préfèrerons qu’il y en ait d’autres comme ça nous aurons le plaisir de les battre et ainsi asseoir la compétitivité et l‘excellence de la technologie de nos ingénieurs.

Il y a une nouvelle course au calendrier de la Formule 1 cette saison : le Grand Prix d’Inde. Est-ce aussi une région du monde importante à l’échelle industrielle ?

L’Inde est pour Renault un marché très important. On peut considérer que ces dix prochaines années, le marché va croître énormément pour probablement devenir un des 3 ou 4 plus gros marchés du monde. Donc c’est tout à fait stratégique et nous avons décidé de lancer dans un espace-temps relativement court de 15 mois 5 voitures sur ce marché. Nous avons commencé en juin 2011 avec la Renault Fluence, nous avons introduit le mois dernier la Renault Koleos, fin octobre nous présentons la 3e voiture de ce groupe de 5 voitures et il y en aura deux autres en 2012. Donc 5 modèles en 15 mois, un effort très important sur le plan produit et sur le plan commercial. Dans le même temps, nous avons développé avec nos partenaires de chez Nissan une entité industrielle à Chennai d’une capacité très importante. Pour l’instant nous avons 14 concessions dans ce grand pays, ce qui est relativement modeste. D’ici à fin de l’année nous avons l’ambition d’en avoir 40 et probablement à la fin de l’année prochaine une centaine de concessions de façon à avoir un socle sur lequel on va s’appuyer pour augmenter notre présence sur ce marché. Donc un enjeu important qui commence par une présence industrielle assurée par le lancement de 5 nouveaux modèles et par l’augmentation dans proportions très importantes de la taille du réseau. C’est une des raisons de ma présence en Inde.

La Formule 1 dans cette projection industrielle est-elle un bon vecteur de vente ?

C’est un vecteur exceptionnel. Et j’en ai encore eu la preuve hier car j’ai eu le bonheur de passer un bon moment avec trois de nos clients. Un de nos concessionnaires a fait venir trois de nos clients qui ont acheté deux Renault Fluence et une Renault Koleos. J’ai passé un bon moment avec eux pour comprendre quelles avaient été leur motivation. Il faut savoir que ces deux voitures – sur ce marché – son pratiquement des voitures de luxe donc à un prix assez conséquent dans le contexte général du marché. Et un des arguments forts pour ceux qui avaient acheté la voiture la plus luxueuse avec toutes les options est le fait que Renault soit une marque fortement présente en F1. Je passe tout le reste : la notoriété, le fait qu’au travers de retransmissions télévisées on peut faire connaître la marque Renault dans les marchés émergents, mais on voit que les gens reconnaissent que la technologie F1 est la technologie la pluie pointue et que Renault s’illustrant en F1 donc Renault fait des voitures de haute technologie avec un grand niveau de qualité ce qui est par ailleurs complètement vrai. Ça nous aide beaucoup sur ce que nous appelons le pricing power et le positionnement des marques afin d’assurer la rentabilité de l’entreprise sur ces marchés émergeants.

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