Interview : Rob Marshall, designer en chef de Red Bull (Part. 1)

Rencontre avec le designer en chef de l’écurie Infiniti Red Bull Racing

Par Franck Drui

20 octobre 2013 - 11:29
Interview : Rob Marshall, designer (...)

Pour Rob Marshall, son travail de designer en chef auprès du team Infiniti Red Bull Racing lui donne parfois l’impression de vivre dans le monde d’Alice au pays des merveilles. Grâce à Red Bull, suivons le lapin dans son terrier...

Débutons simplement si vous le voulez bien. Quel est votre rôle dans la conception de la voiture ?

Ce n’est justement pas si simple ! Adrian Newey est le directeur technique de l’écurie et il intervient à tous les niveaux. Sous ses ordres, on trouve Peter Prodromou (qui partira chez McLaren d’ici 2015, ndlr) et moi-même. "Prod" est en charge de l’aérodynamique et moi de la partie mécanique de la voiture, mais nous échangeons les rôles régulièrement : il s’occupe des aspects mécaniques et moi de l’aérodynamique. S’il a en charge les formes au niveau aérodynamique, mon rôle est de les concrétiser en faisant des structures physiques : des pièces que l’on peut fabriquer, usiner, et dont le poids doit être minimum, sans pour autant tomber en miettes. C’est une affaire de consensus permanent entre ce que désirent les techniciens aérodynamistes et ce que nous pouvons construire de façon réaliste.

Lorsque l’on sort de votre bureau, on tombe sur une salle remplie de gens tous plus intelligents les uns que les autres. Lesquels travaillent pour vous et quel est leur rôle ?

On trouve tout un éventail de services consacrés à la fiabilité, aux matériaux composites, aux tests de résistance, aux suspensions, à la direction, au système électrique, à la transmission, à l’hydraulique, au KERS, au R&D... Je me sers d’un organigramme complet pour que rien ne m’échappe.

Le travail de management prend tout votre temps ou parvenez-vous encore à prendre le temps de réaliser des croquis ?

Je le prends. J’essaye de passer le moins de temps possible au management pour me concentrer sur le design. Je continue toujours à dessiner des croquis sur un cahier ou sur un tableau. Ensuite, je prends ces dessins en photos et je les envoie par email au service concerné, accompagnés d’un petit mot qui dit : "pourrions-nous essayer l’un d’entre eux ?"

Comparé aux hautes technologies de la F1, cela semble un peu dépassé...

Lorsque vous réfléchissez à des concepts, réaliser des dessins à la main est bien plus aisé que de faire des modélisations sur ordinateur. Ce n’est qu’en utilisant la CAO que l’on réalise à quel point son idée est véritablement compliquée. Il faut arriver à faire le vide et dessiner une version vraiment simplifiée de son idée, sinon on n’irait jamais au-delà.

Votre rythme de travail est-il toujours aussi effréné ou vous autorisez-vous des moments de calme et de contemplation ?

Travailler sur la fiabilité est éprouvant car il s’agit souvent d’arriver à trouver des solutions en urgence pour parvenir à terminer la prochaine course. En ce sens, la difficulté est vraiment immédiate. Il faut être capable de trouver des solutions qui tiennent la route, sans pour autant disposer de toutes les informations nécessaires, ni du temps nécessaire, mais c’est votre rôle que d’y parvenir tout de même. Les coups de fils se font à toute heure et de partout dans le monde car l’horloge tourne. Il y a plus relaxant ! Mais c’est excitant.

S’agissant d’études de conception, on travaillait autrefois par cycles. Le rythme était sévère de décembre à mars avant de se calmer en été. Aujourd’hui, cela ne s’arrête plus. Lorsque vous vous battez pour le titre, la situation est différente. À un stade de la saison, certains ne sont plus en course pour le titre et peuvent se permettre de se reposer sur leurs lauriers. Mais quand vous jouez la gagne, vous vous battez sur deux fronts en même temps, à savoir travailler sur la voiture actuelle mais aussi sur celle de la prochaine saison. Et malheureusement, vous n’avez toujours qu’un seul cerveau pour imaginer ces deux voitures.

Que faites-vous pour vous détendre ?

Je fais de la voile ! Naviguer demande encore suffisamment d’efforts intellectuels pour garder le cerveau actif. Car si vous faites quelque chose de trop simple, vous pouvez être sûr que vous allez vous mettre à imaginer des voitures de nouveau...

La deuxième partie de cette interview sera publiée cette après-midi...

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