Interview - Michael Schumacher : ‘Le pilote que je respectais le plus était Hakkinen’

Une interview réalisée fin 2013, avant l’accident

Par Alexandre C.

22 novembre 2018 - 15:52
Interview - Michael Schumacher : (...)

Le 3 janvier prochain, Michael Schumacher fêtera ses 50 ans. Depuis son accident à Méribel le 29 décembre 2013, l’état de santé précis du Kaiser demeure inconnu. Les fans doivent se contenter de nouvelles aussi rares que discrètes de la famille Schumacher, qui tient fort légitimement à préserver le secret médical.

La famille Schumacher a tout de même dévoilé une interview de Michael, réalisée quelques jours avant l’accident de Méribel. Il s’agit là probablement du dernier entretien de presse qu’a accordé le Kaiser, avant le 29 décembre 2013. Le voici.

Quel titre fut le plus chargé en émotions pour vous : le tout premier en 1994, ou le premier avec Ferrari, en 2000 ?

« Le plus fort émotionnellement fut définitivement celui de Suzuka, en 2000, remporté avec Ferrari. 21 ans sans championnats pour Ferrari, 4 ans de mon côté sans parvenir à remporter un titre, et enfin, en Suzuka, en 2000, gagner la course – une course exceptionnelle – et un championnat formidable… Ce fut ce titre, oui. »

Après plus de 20 années en F1, quel opposant avez-vous respecté le plus ?

« Le gars que j’ai le plus respecté durant toutes ces années fut définitivement Mika Hakkinen. Nous avons livré des batailles formidables mais en privé, notre relation est restée formidable. »

A quel point la F1 est-elle vraiment exigeante physiquement ?

« La F1 est très rude. Avant, elle était beaucoup plus dure. Les freins n’étaient pas puissants et la direction était plus difficile à appréhender par rapport à aujourd’hui. Mais de toute façon, c’est l’un des sports les plus exigeants, donc vous devez faire un grand travail de préparation. »

Quand vous étiez enfant, aviez-vous une idole en F1 ?

« Durant mes jeunes années, en karting, je dirais oui, Ayrton Senna. J’ai vu Vincenzo Sospiri que j’admirais beaucoup en karting. Mais ma grande idole était Toni Schumacher [Harald Schumacher, ancien gardien de but de la RFA] parce que c’était un grand joueur de foot. »

Avez-vous toujours su que vous battriez des records ? Avez-vous déjà douté de vos capacités ?

« Les records sont une chose… Les doutes, je pense que c’est très important de ne pas être trop en confiance, d’être sceptique, de rechercher à s’améliorer. J’ai toujours eu le sentiment que je n’étais pas assez bon, que je devais travailler dur sur soi-même. Et je pense que c’est une des recettes qui m’ont permis de devenir celui que je suis devenu. »

Vous avez toujours dit que le succès provenait d’un effort réalisé par toute une équipe. Mais la F1, n’est-ce pas l’affaire d’un seul homme ?

« Le succès, dans n’importe quelle situation dans la vie, c’est une question de travail d’équipe. Si tu travailles dans le cadre d’une équipe, alors, tu deviendras bien plus solide et la F1, c’est une question de travail d’équipe, ce n’est définitivement pas un one-man show. »

Vous avez mené Benetton et Ferrari aux titres de champions du monde. Et vous avez aidé à préparer la domination de Mercedes. Ces périodes sont-elles comparables d’une quelconque façon ?

« Si vous regardez les équipes pour lesquelles j’ai conduit, les missions que j’ai endossés chez Benetton – après quatre ou cinq années, construire l’équipe, gagner le championnat, la même chose pour Ferrari…. Nous avons essayé de réaliser la même chose avec Mercedes, en moins de temps… Y a-t-il une chose en commun ? Et je dois dire que oui : Ross Brawn. Pensez-y… »

Quand vous cherchez à vous améliorer, observez-vous tous les pilotes ou seulement les meilleurs ?

« Pour vous développer et progresser, vous ne regardez pas seulement la voiture, mais aussi vous-mêmes, les autres pilotes, et pas seulement ceux à l’avant de la grille, vous regardez tout le monde. Donc je l’ai fait parce que tout le monde a quelque chose de spécial, que je voulais savoir. »

Vous avez toujours dit que le karting était le meilleur terrain d’entraînement pour toutes les catégories de sport auto. Pourquoi donc ?

« Le karting est une bonne préparation pour le sport auto, parce qu’il vous donne beaucoup de facilités que vous pouvez développer vous-même, beaucoup de capacités que vous pouvez développer. Comment se battre roue-contre-roue, c’est une grande leçon que vous apprenez en karting. »

Est-il possible de parvenir au sommet tout seul ?

« Le talent, dans le sport auto, comme dans tout autre sport, est important, mais il ne fait pas tout. Vous devez vraiment développer beaucoup de capacités différentes… Le karting est une bonne base pour prouver votre talent, mais même pour trouver toutes les autres choses dont vous avez besoin en tant que pilote de course. »

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