Ils auraient dû arriver en F1 : Laurent Aïello
Un léger excès d’orgueil et un mauvais timing
Au début des années 90, alors que plusieurs pilotes représentaient la France en Formule 1, un futur champion attirait toutes les attentions : Laurent Aiello. Vainqueur en 1990 des courses de Monaco et Macao en F3, il décroche logiquement un volant pour aller disputer la saison 1991 de Formule 3000, à l’époque dernier pas avant la F1, pour le compte de DAMS.
Une première saison d’apprentissage en demi-teinte lui permet toutefois de signer avec l’écurie Pacific, qui aura ensuite une expérience oubliable en F1, pour la saison 1992.
« Chez DAMS, le châssis Lola n’était pas le meilleur, mais j’étais un des plus performants avec » se rappelle Aïello. « J’ai dominé les essais de l’hiver avec Pacific, mais dès la première sortie avec le Reynard la colonne de direction s’est cassée et j’ai coupé la chicane Dunlop, j’ai décollé sur les vibreurs et l’atterrissage a endommagé le châssis. Au départ de la saison, je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais je n’avais plus d’adhérence ».
La saison 1992 se passe assez mal, Aïello ne brille pas et décide de s’orienter vers le Supertourisme français. Titré en 1994 sur Peugeot 405, ses liens avec le constructeur français lui offrent un test en Formule 1, sur une McLaren, à l’époque motorisée par les blocs français.
Le test est orchestré par Jacky Eeckelaert, alors ingénieur en chef chez Peugeot, toutefois inquiet de savoir qu’Aiello n’a pas pris le volant d’une monoplace depuis deux ans. « J’ai contacté un ami, Joseph Le Bris, qui a été d’accord pour que Laurent essaie une F3000 gratuitement. La seule chose qu’il avait à faire était de payer les pneus » explique Eeckelaert.
« Laurent a répondu qu’il n’avait pas à payer et il n’a pas fait le test » ajoute Eeckelaert. Ce petit sursaut d’orgueil d’Aiello lui vaut d’arriver peu préparé à ce test avec McLaren, où roule également un certain Mika Hakkinen.
Malheureusement pour lui, et malgré des temps très honorables face au Finlandais, Aïello souffre physiquement, les contraintes d’une Formule 1 n’ayant rien à voir avec celles d’une voiture de tourisme. Incapable de tenir sa tête sans problème dans les virages rapides du circuit d’Estoril, le Français paie son manque de préparation.
« C’était un sentiment incroyable, mais c’était très dur car je n’avais pas conduit de monoplace depuis deux ans » raconte l’intéressé. « J’ai fait du bon travail, mais le souhait de me voir courir venait de Peugeot, plus que de McLaren ».
A l’issue de ce test, Aïello a pourtant impressionné. « Dans la partie lente du circuit, le deuxième secteur, il était plus rapide que Hakkinen » avoue aujourd’hui Eeckelaert. « Je ne pense pas qu’il aurait pu courir avec McLaren puisqu’un accord avait été passé entre eux et Mercedes pour la saison suivante, mais Laurent avait beaucoup de talent. Il était juste beaucoup trop détendu ».
Et ce comportement désinvolte se retrouve quelques mois plus tard, lorsqu’Aiello teste une autre F1, encore grâce à Peugeot, la Jordan J194.
« Peugeot voulait forcer un pilote français chez Jordan, mais je pense que ce n’était pas dans ses plans. J’ai fait deux tests avec Jordan mais j’ai arrêté car je ne faisais qu’une journée à la fois, et je ne pouvais pas montrer de quoi j’étais capable ».
Une expérience qui tournera court en F1 pour Aïello, qui ensuite ira s’imposer dans différents championnats de Supertourisme européens et qui, en haut fait de carrière, remportera les 24 heures du Mans avec Porsche en 1998.