Hulkenberg chez Renault : le choix du moyen-terme
Le choix, aussi, de la maturité
Nico Hulkenberg était, jusqu’à présent, l’homme des occasions manquées. Longtemps pressenti pour débarquer chez Ferrari en 2015 (il aurait même signé un pré-contrat avec la Scuderia), pour finalement rester chez Force India, l’Allemand n’a encore jamais concouru dans une écurie capable d’être championne du monde. Ni même de jouer les podiums à la régulière.
A bientôt 30 ans – et sans toujours le moindre podium signé –, le temps commence à être long pour le champion 2009 du GP2. L’an prochain, Nico Hulkenberg quittera donc enfin des écuries privées – Sauber ou Force India – pour poser ses valises chez un constructeur, Renault. Rappelons d’ailleurs que l’Allemand avait déjà failli arriver à Enstone, en 2014, avec Lotus – il avait alors fait le bon choix : ne pas tenter l’aventure dans une écurie qui sortait certes d’une excellente saison, mais qui était quasiment en faillite.
Certes, Renault est encore très loin d’être une écurie capable de jouer le titre, ou même les points à la régulière. Mais comme l’indiquait Frédéric Vasseur après l’officialisation du transfert, Hulkenberg, « valeur sûre du plateau », est indubitablement « à un moment de sa carrière où il est conscient qu’il a besoin de travailler avec un constructeur et il n’y en a pas tant que ça en F1. Des projets potentiellement gagnants à moyen-terme, il n’y en a pas 50. »
C’est le pari que prend Nico Hulkenberg. Il semble avoir fait le tour de la question chez Force India. Ces derniers temps, il souffrait même de la comparaison avec Sergio Perez, signe d’une lassitude évidente. L’écurie indo-britannique bénéficie d’un capital sympathie éminemment justifié, mais elle pâtit aussi d’un désavantage structurel considérable : elle n’est soutenue par aucun constructeur et ne peut donc viser que des coups d’éclat à moyen-terme, jamais le titre mondial. Or, depuis le rachat de l’écurie, Renault investit massivement dans Enstone. Les résultats seront longs à venir. Mécaniquement, vu l’argent dépensé, ils ne pourront faire défaut. A moyen-terme, d’ici trois saisons par exemple, Renault a donc toutes les choses d’être facilement devant Force India.
Nico Hulkenberg appartient à la génération de Romain Grosjean. Presqu’une décennie plus tard, c’est au tour de l’Allemand de signer avec Renault. Le Français, quant à lui, a fait le choix du voyage américain, chez Haas, avec sûrement moins de perspectives à moyen-terme, puisque l’écurie américaine investit moins que notre fanion tricolore. Leurs trajectoires se croisent. Elles ne sont pas peut-être pas aussi prometteuses.
Car avec Renault, Nico Hulkenberg sait qu’il pourra enfin compter sur le soutien d’un constructeur. Conséquence immédiate : son salaire de l’an prochain serait même trois fois plus élevé que celui de cette année. Un hic demeure : l’Allemand bientôt trentenaire aura-t-il la patience d’attendre le retour en grâce de Renault ? Cela fait deux saisons maintenant que Fernando Alonso prend son mal en patience chez McLaren…
Une autre inconnue doit être relevée : à quel pilote Nico Hulkenberg sera-t-il associé chez Renault ? Magnussen, Palmer, Ocon, Bottas, les pistes sont nombreuses du côté de Viry et d’Enstone. Une seule chose est sûre : avec une motivation sans doute retrouvée, un nouvel élan donné à sa carrière, l’ancien pilote Williams devra prouver qu’il est toujours une référence du plateau. Qu’il peut hausser son niveau de jeu face à un nouveau challenge. Ce fut le cas au Mans en 2015, quand il réussit des tours de nuit incroyables pour assurer la victoire de Porsche. Charge à lui de réitérer.