Hill se souvient avec émotion de Senna
Ils étaient équipiers chez Williams en 1994
Ayrton Senna est mort le 1er mai 1994 sur le circuit d’Imola, mais cette tragédie était la dernière de ce week-end particulièrement sombre pour la F1.
C’est d’abord Rubens Barrichello qui se blessa le vendredi en essais libres après avoir percuté un mur de pneus très violemment. Le jeune pilote brésilien a échappé à la mort par miracle et c’est avec un nez et un bras cassé qu’il retourna dans le paddock le lendemain pour conter sa mésaventure.
Le lendemain en qualification, c’est l’Autrichien Roland Ratzenberger qui sortit de la piste, écrasant sa Simtek dans un mur. Il ne survivra pas à ses blessures.
Le lendemain au premier départ de la course, c’est un accrochage entre Pedro Lamy et J.J. Letho (qui avait callé sur la grille de départ) qui blessa plusieurs spectateurs. Peu après la relance de la course, c’est Ayrton Senna qui écrasa sa Williams dans un mur alors qu’il était en tête. Il ne survivra pas lui non plus.
Pour la petite histoire, il y eut un deuxième départ pour cette course remportée par Michael Schumacher et qui vit encore quatre blessés dans les stands lorsque la Minardi de Michele Alboreto perdit une roue.
“Ce week-end il y a eu comme une montée en puissance, chaque jour il y avait des tragédies jusqu’à celle qui a vu la disparition de cette star qu’était Ayrton Senna,” se souvient Damon Hill, qui était l’équipier du Brésilien chez Williams, pour Reuters.
“Tout le monde en F1 se demandait pour quelle raison nous faisions cela. Certains disaient que nous faisions cela parce que c’était dangereux et que cela faisait partie de toute l’excitation qu’il y a autour de ce sport, mais je peux vous dire aujourd’hui que ce n’était pas du tout ça. Ce qui est arrivé à Imola a arrêté tout le monde dans son élan. On se demandait tous si cela valait la peine de faire ça et si c’était moralement défendable. Le résultat de ces drames fut une amélioration des mesures de sécurité.”
Deux semaines après ce week-end dramatique, Damon Hill remporta la victoire en Espagne. C’était la quatrième victoire du Britannique en F1, mais c’est celle qui a tout changé pour lui.
“Nous avons réussi à remporter la victoire et c’est ce qui a vraiment lancé ma carrière… jusqu’à cette victoire, je pensais que j’allais probablement rester la doublure idéale de pilotes tels que Senna ou Mansell. Ce n’est évidemment pas de cette façon que l’on rêve de devenir le leader d’une équipe. J’avais des sentiments mélangés,” poursuit le fils de Graham Hill.
Certains doutent que Damon Hill aurait pu décrocher un titre de champion du monde si Ayrton Senna ne s’était pas tué en 1994. “Je ne peux qu’être d’accord avec ceux qui disent cela. Dans la vie, des opportunités se présentent parfois et que doit-on faire dans ces cas-là ? Doit-on les refuser ? Je suis persuadé que de nombreux pilotes enviaient ma chance, mais parler de la perte d’un équipier comme une chance n’est peut-être pas la bonne façon de s’exprimer.”
“Combien de temps Ayrton aurait-il continué en F1 ? Il avait 34 ans à l’époque et nous ne pourrons jamais répondre à cette question. Il aurait pu décider d’arrêter à la fin de cette saison, c’est difficile à savoir.”
Ayrton Senna était le nouvel équipier de Damon Hill en 1994 et ils n’ont donc disputé que deux Grands Prix ensemble, le troisième étant fatal au Brésilien. “J’ai eu à peine le temps d’apprendre des choses de lui, mais j’ai eu le temps de voir à quel point il était bon, comme si j’avais besoin de le découvrir. Toutefois, on m’a toujours appris à ne jamais mettre quelqu’un sur un piédestal. Je voulais battre Ayrton, c’était mon challenge à moi comme ce fut celui de Mika Hakkinen lorsqu’ils étaient tous les deux chez McLaren la saison précédente,” ajoute Damon Hill.