Haas et Toyota, des destins parallèles ?
L’avis de McNish
Allan McNish, ancien pilote Toyota et ancien vainqueur des 24 Heures du Mans, continue de suivre de près l’actualité et l’évolution de la F1. L’Ecossais est bien placé pour commenter les débuts de Haas en Formule 1. L’écurie américaine a réussi à ne pas décevoir pour sa première saison, et a obtenu la confiance du paddock. Qu’est-ce qui différencie pourtant l’approche de Haas avec celle de Toyota pour McNish ?
« La culture. Je pense que beaucoup a été fait pour installer l’équipe Toyota en Allemagne. Ils avaient les infrastructures, c’était logique et correct de construire l’usine là-bas. Ce n’est pas souvent que les manufacturiers ont cette conscience et cette capacité de mettre les gens en place pour leur permettre de faire leur travail en course automobile, parce que les manufacturiers pensent que des cycles de 7 ans sont les plus appropriés pour construire et développer des voitures. »
Mais ensuite, l’équation s’est gâtée pour Toyota… Du reste, l’écurie japonaise, soutenu par un ogre mondial, n’a pas les mêmes attentes (ni le même budget) que l’écurie américaine plus modeste.
« Toyota en a beaucoup fait, et ensuite, vous avez trop de chefs et pas assez d’Indiens. Vous ne gagnez pas quand la compétition est impitoyable. Durant la première saison, nous n’avions pas de développement du tout, donc la voiture que nous avions à Melbourne était en réalité la voiture avec laquelle nous avions terminé la saison au Japon, alors que tout le monde avait progressé. Le seul avantage que nous avions au début de la saison était d’être prêt depuis novembre, et personne d’autre ne l’était, donc nous avions trois mois d’expérience en termes de roulage. Nous avons tiré le maximum de notre voiture lors des deux premières courses, comme Haas l’a fait. »
« Pour Haas, progresser et changer d’objectif, passer du désir d’être simplement respecté dans le paddock (telle était leur pensée première), à l’objectif de finir dans la première moitié de tableau des constructeurs après quatre ou cinq courses, c’était rêver, et cela les a replongés dans leur propre calendrier. Designer une voiture, la faire rouler, tester, développer la voiture de l’an prochain, tout cela en même temps, c’est rudement difficile. »
Outre l’écart entre les moyens et les ambitions affichés, un autre fossé sépare Toyota de Haas. L’écurie japonaise avait pu procéder à une batterie de tests privés un an avant d’entrer dans la compétition, tandis que le règlement actuel n’a pas permis de telles largesses pour Haas.
« Nous testions très souvent », se souvient McNish. « Nous allions sur un circuit deux jours après la course. Pour le développement d’une voiture, c’était un peu gaspiller du temps, mais pour le développement d’une équipe à partir de zéro, c’était plutôt pas mal, et cela a soudé l’équipe. Les gars étaient ensemble au travail, et au lieu de rassembler tout le monde à la dernière minute, nous avons passé une année à nous connaître. La lune de miel s’est terminée, et le mariage est devenu pleinement effectif. Ce n’était pas trop mauvais, mais le fait est que cela vous montre que l’argent ne garantit pas le succès. C’est un facteur, un facteur très important, mais l’argent doit être dépensé correctement, et ensuite, le reste incombe aux gens, et c’est ce que j’aime à ce propos – c’est le talent de chacun qui déterminera si vous aurez du succès ou non. »