Grosjean : Finir la Lotus E22 à coups de marteau
Au moins un bon coup dans la tronche, c’est dans son esprit
Romain Grosjean ne gardera pas un souvenir impérissable de sa saison 2014... et surtout de la Lotus E22 et de son moteur Renault. Comme il le dit lui-même, cette année aura été la pire de sa carrière et, s’il avait pu le faire, il aurait mis fin à sa monoplace à coups de marteau !
Le Français revient dans les colonnes du journal L’Equipe sur la monoplace qui lui a causé tant de soucis
"Pendant l’hiver, tout le monde dans l’équipe était convaincu que nous allions avoir une très bonne voiture. Les infos filtrent tout le temps entre les écuries, avec les mouvements d’ingénieurs, etc. La seule complètement fermée, c’était Mercedes. En tout cas, on se disait que la Lotus était géniale. À côté, Ferrari et McLaren semblaient être nulle part. En général, on arrive à se faire une idée à peu près fiable de la situation. Sauf que là…" commence Grosjean.
"En gros, tant qu’elle est en ligne droite, on a un appui aérodynamique vraiment excellent. Mais dès que ça tourne, ça se gâte. Et ce problème-là, nos ingénieurs ne réussissaient pas à le modéliser. Cette saison super difficile aura au moins servi à quelque chose : aujourd’hui ,en soufflerie, ils arrivent à tout reproduire."
Grosjean et les ingénieurs ont continué à y croire tout au long de la saison. Sans jamais percer son mystère.
"Cette voiture, on ne la comprend toujours pas. Austin en est la parfaite illustration : le vendredi matin, c’était la cata ; le samedi matin, génial ; l’après-midi, en qualif, re-catastrophe ; et le dimanche, en course, correct. Or, entre le samedi après-midi et le dimanche, on n’avait touché à rien, puisqu’elle se trouvait au parc fermé."
Lorsqu’on lui demande s’il n’a pas eu envie de lui balancer des coups de pied parfois, le Français répond sans détour : "Ah mais si ! Je n’attends qu’une chose, après le dernier Grand Prix, c’est de lui mettre un grand coup de marteau dans la tronche ! Tout le monde la déteste, cette voiture. Les mécanos, parce que travailler dessus, c’est une horreur ; tout y est trop confiné. Les ingénieurs, parce qu’ils ne la comprennent pas. Et les pilotes, parce qu’elle nous joue tout le temps de sales tours. Allez, au pire, je frapperai sur le rétroviseur, pour marquer le coup !"
Malheureusement, chez Lotus, il n’y avait pas que le châssis qui avait des défauts. Le moteur Renault n’était pas vraiment au top des performances et de la fiabilité pour cette première année du V6 turbo hybride.
"Comme on a eu beaucoup de problèmes techniques avec Renault, il y a des moments où j’y suis allé un poil fort envers eux. Mais il y a aussi des moments où, je pense, les choses n’ont pas été faites correctement," estime Grosjean, qui aura droit au moteur Mercedes l’an prochain.
"Bon, dans l’ensemble, on va dire qu’ils ont fait ce qu’ils pouvaient, avec les moyens qu’ils avaient. Ils ont raté leur moteur – mais nous, on a raté notre voiture –, ils ont tout fait pour se rattraper ; cela dit, par moments, on aurait aimé avoir un peu plus de soutien de leur part. Je ne veux pas crier au scandale ; certaines choses auraient pu être mieux faites, c’est tout. Ils ont dû faire des choix et, cette année, ils ne pouvaient pas offrir la même prestation à toutes leurs écuries. Ils ont décidé de se concentrer sur Red Bull et Toro Rosso, qui ont eu plus de moyens. Mais soyons justes, cette saison, c’est surtout Mercedes qui a réussi un coup de maître."