Faire grandir un jeune pilote, mode d’emploi

Par Vasseur, Tost et Horner

Par Alexandre C.

9 octobre 2018 - 15:54
Faire grandir un jeune pilote, mode (…)

Franz Tost, directeur de Toro Rosso, et Frédéric Vasseur, ancien directeur d’ART Grand Prix et qui a fait progresser Charles Leclerc cette saison, ont l’habitude de travailler avec des jeunes pilotes.

Quelle est la clef du succès pour faire éclater le talent d’un rookie, sans qu’il soit broyé par sa première saison en F1 ?

« Le pilote doit d’abord être talentueux » rappelle l’Autrichien. « Ensuite il doit être passionné : cela signifie 365 jours de F1. Il doit être aussi discipliné, et innovant. Il doit donc penser à la meilleure manière de performer, de s’améliorer. Et il doit être ensuite bien intégré dans une équipe – et l’équipe doit bien sûr beaucoup plus faire attention à lui parce qu’il est jeune et inexpérimenté, consacrer plus de temps pour sa préparation, sa nutrition, son entraînement physique, son travail dans le simulateur… »

« Un jeune pilote est durant de nombreux mois à l’usine pendant l’hiver, il s’assoit avec nos ingénieurs, il discute de tous les sujets sur les réglages de la voiture, de l’unité de puissance, du volant… C’est beaucoup de travail et donc il faut un pilote à 100 % engagé pour l’amener à l’avant de la grille. »

« Bien sûr, le rythme est le premier des talents » confirme Frédéric Vasseur. « Si vous n’avez pas le rythme, alors vous pouvez tout oublier. Nous avons aussi beaucoup de jeunes qui ont du rythme mais qui ne peuvent entrer en F1. Principalement pour les mêmes raisons. Il y a un fossé immense entre les formules junior et la F1 : il fait gérer beaucoup plus de choses. Vous n’avez pas beaucoup de jours de tests. Quatre jours à Barcelone, c’est assez court, et quand deux se déroulent sous la neige, c’est un cauchemar. »

« Ensuite il y a une pression énorme, de la part des médias, lors des premières courses, quand ça ne fonctionne pas. J’aimerais rappeler qu’après deux courses, quelqu’un m’avait posé une question sur Charles Leclerc : est-ce qu’il n’était pas trop tôt pour lui, est-ce que c’était une erreur de le prendre en F1… ? Nous devons être patients, parce que c’est un fossé immense à franchir, et nous devons y aller étape par étape et les laisser travailler. Mais il faut qu’ils soient pleinement engagés. »

« Pour nous c’est très simple » plaisante Christian Horner. « Nous envoyons nos jeunes chez Franz. S’ils peuvent survivre au programme d’entraînement sur 365 jours, ils peuvent aller chez Red Bull. Et ce processus a prouvé sa réussite ces dernières années. »

Le travail de Christian Horner en amont est aussi de préparer, comme aujourd’hui, la venue d’un nouveau pilote. Ce sera Pierre Gasly en 2019. Comment s’y prendre pour que la transition s’effectue en douceur ?

« Il faut créer le bon environnement, qui permette de mettre en confiance les pilotes. Il faut que les pilotes se sachent écoutés, mais aussi ce qu’ils doivent faire, parce que les attentes en F1 sont extrêmement élevées, surtout dans une équipe de pointe. Car vous ne roulez pas que pour vous, mais aussi pour 800 personnes dans l’équipe, pour les sponsors, les actionnaires… Donc la pression est beaucoup plus forte. Il faut trouver cet équilibre, entre le plaisir et la responsabilité. »

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