Exclu. Leclerc, un futur champion qui a ‘bluffé’ Olivier Panis
Rencontre avec le dernier Français vainqueur en Grand Prix
Engagée au Mans cette semaine, la LMP2 de Panis Barthez Compétition a réussi le 4e meilleur temps de sa catégorie en qualifications, et même le meilleur temps des non-Oreca. La Ligier numéro 23 emmenée par Will Stevens, Timothé Buret et Julien Canal a ainsi devancé les deux Ligier de l’écurie United Autosports, qui comptent Juan Pablo Montoya ou Paul di Resta comme pilotes officiels.
Le désormais directeur d’écurie Olivier Panis a confié ses impressions d’avant-course à Nextgen-Auto en exclusivité dans le paddock du Mans. Et il nous a confirmé que le podium en LMP2 était un objectif réaliste pour lui.
« De toute façon, on est venu pour ça, comme toutes les autres équipes. On va faire notre maximum. C’est vrai qu’on est très contents du travail accompli par l’équipe. Mettre la Ligier à cinq dixièmes des Oreca… Vu où on était l’année dernière, on fait un super boulot cette année. Je suis content pour Ligier et pour toute notre équipe. »
« Oui, je pense qu’on monte en puissance. On commence à avoir une équipe stable. On a plus de mécaniciens, on a un très bon line-up cette année. Mais les deux années précédentes, on avait aussi des bons pilotes. Donc oui, l’équipe commence à être une équipe plus stable, on gagne en performance. On commence à en sentir les fruits. »
La plus grande crainte d’Olivier Panis est-elle la fiabilité ou les accidents dans le trafic cette année ?
« Tout est ‘la plus grande crainte’ aux 24 Heures du Mans. On sait que pour faire un résultat, il ne faut pas faire d’erreur, il faut aller au bout. Après, Le Mans reste Le Mans, avec ses surprises, et avec ses émotions. L’important, c’est d’aller au bout. »
En parlant de surprises et d’émotions, une LMP2 avait failli gagner la course l’an dernier. Une telle surprise est-elle de nouveau envisageable cette année au général ?
« Tout est possible, comme en 2017. Une LMP2 avait failli gagner face aux grands constructeurs. Ce n’est pas parce qu’il y a des LMP1 privées que ça ne peut pas être pareil. Tout est possible. »
Fernando Alonso est la star de cette semaine sarthoise. McLaren a autorisé l’Espagnol à participer à la super-saison de WEC, et cette attitude ravit bien sûr Olivier Panis.
« Je trouve ça génial, car Le Mans, c’est la plus grande course du monde. Et maintenant, c’est super que les équipes de F1 donnent le droit aux pilotes de venir faire de l’endurance, je trouve ça très chouette. Aujourd’hui le niveau du championnat WEC, c’est un très gros niveau. Oui, c’est super sympathique que les pilotes de F1 nous rejoignent. »
Malheureusement, Jean Todt n’a pas caché que des conflits de calendrier devraient être ces prochaines années inévitables entre F1 et le WEC… Olivier Panis peut comprendre les contraintes de la FIA, mais regrette tout de même cette éventualité.
« Je trouve ça dommage, et nul. Après, je pense que Jean Todt a des contraintes que nous n’avons sûrement pas ; s’il pouvait faire les deux, il le ferait. Mais il a des contraintes, des situations compromettantes. »
La F1 attend toujours une victoire en Grand Prix d’un Français. Le dernier succès d’un Tricolore remonte au Grand Prix de Monaco 1996 – Olivier Panis l’avait emporté, sur une Ligier. La F1 compte aujourd’hui trois pilotes français (Romain Grosjean, Pierre Gasly et Esteban Ocon) et un pilote monégasque (Charles Leclerc). Lequel est le plus talentueux selon Olivier Panis ?
« Aujourd’hui, de tout ce que je vois, je pense qu’ils ont tous vraiment du talent. Mais je pense que Charles Leclerc, pour moi, sort un peu du lot. »
Le pilote Sauber est-il prêt à faire le grand saut chez Ferrari, et ce dès l’an prochain au cas où ?
« Si on lui propose… tu ne peux pas refuser. Est-ce que Ferrari va lui proposer ? C’est autre chose. Mais en tout cas, ce qu’il fait avec Sauber cette année est assez bluffant. Quoi qu’il arrive, il sera dans une vraie philosophie de filière avec Ferrari. Donc il n’y a pas à s’inquiéter pour lui. »
L’éclosion des jeunes pilotes français récompense en général le travail de la FFSA qu’Olivier Panis tient à saluer.
« C’est un vrai travail de fond en direction des pilotes français. C’est l’opportunité qui se présente. Donc honnêtement, je pense vous dire que oui, il y a un vrai travail le fond qui a été fait, parce que la loi Evin avait fait beaucoup de mal au sport auto il y a quelques années. Aujourd’hui on commence à retrouver de bonnes structures autour des jeunes pilotes. »
Olivier Panis a enfin plusieurs cordes à son arc au Mans, puisqu’il s’est impliqué intensément au cours du week-end pour promouvoir l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque avec Panis Barthez Compétition, afin « d’apporter notre petite pierre à l’édifice ».