Des questions se posent après l’accident de Bianchi

Les grues en bord de piste font débat

Par Franck Drui

6 octobre 2014 - 08:46
Des questions se posent après l'acc

Alors que l’état de santé de Jules Bianchi suscite encore toutes les interrogations et que l’attente a commencé pour avoir de ses nouvelles, le monde de la Formule 1 a déjà tourné son attention sur les circonstances de l’accident, teintées de controverses.

Deux choses font débat : la course aurait-elle dû être arrêtée plus tôt et que faire contre ces grues en bord de piste.

Le Grand Prix n’a pas été avancé à 11h au lieu de 15h pour tenter d’échapper au typhon Phanfone mais cela n’a pas été un gros problème en piste.

Seul Felipe Massa réclamait l’arrêt de la course, quelques tours avant l’accident de Sutil. Mais la majorité des pilotes, comme Lewis Hamilton, reconnait que la FIA a pris les bonnes décisions : départ sous safety car, interruption puis nouveau départ, à peu près aux bons moments.

Mais la visibilité décroissante et le retour de la pluie ont, en l’espace de quelques minutes, menés à deux accidents, au même endroit : Sutil est sorti, la grue est intervenue. Malheureusement au tour suivant c’est Bianchi qui partait en aquaplaning et venait taper cette grue.

Pour Kimi Raikkonen, il y a beaucoup de malchance dans cette situation.

"Nous avons déjà roulé dans des circonstances bien plus difficiles. Je ne peux pas dire si le circuit était encore sûr ou pas mais au moment de l’accident tout allait encore bien. Etait-ce sûr ? Est-ce que cela était vraiment sûr depuis le début ? C’est difficile. Nous étions vers la fin de la course, les pneus étaient usés et avec la pluie qui redoublait, c’est très facile de partir à la faute. Il faut évidemment apprendre de cette situation mais j’estime qu’il y a beaucoup de malchance dans ce qui est arrivé à Jules."

C’est dans ce même virage, il y a 20 ans, que Martin Brundle était sorti avec sa McLaren Peugeot et avait sérieusement blessé un commissaire qui portait assistance à une autre voiture accidentée.

"Certains diront qu’il y avait des drapeaux jaunes et qu’il fallait ralentir. Mais cela n’empêche pas les voitures de glisser si les conditions sont trop mauvaises. Mon souci, ce sont ces grues près de la piste. Elles sont très hautes alors que le pilote est assis très bas."

Brundle est donc du même avis qu’Alain Prost (lire notre information d’hier) : il faut trouver un moyen de les éliminer. Cet avis a été partagé par Jacques Laffite et Olivier Panis, ce dernier regrettant "qu’il faille toujours attendre un accident sérieux pour agir. Cela fait des années qu’on en parle, qu’on dit qu’on ne veut pas les voir près de la piste. Pas de grue mobile sans safety car ou drapeau rouge, voilà la règle à suivre."

Patrick Tambay ajoute : "Je suis contre l’intervention des grues au milieu d’un bac à sable pour sortir une monoplace. Laisser une voiture dans le bac à sable n’est certes pas une bonne chose mais il va falloir trouver un autre système. Sur certains circuits comme à Monaco, on utilise des grues de levage avec un bras très avancé et qui vont chercher les monoplaces. C’est possible à Monaco parce que c’est très resserré. Là, ce serait plus difficile. Mais on peut mettre un câble ou un treuil."

"Cet accident va probablement permettre d’ouvrir une table ronde concernant les choses qui sont encore à faire. Depuis Ayrton Senna, il y avait certes eu des accidents très graves, mais pas de cet ordre. On a fait des progrès sur les monoplaces, on a fait des progrès sur les circuits mais là, il y avait un tracteur qui se baladait au bord de la piste et c’est inacceptable," ajoute l’ancien pilote de F1 français.

Alexander Wurz, qui représente les pilotes de F1, admet que des discussions vont s’ouvrir.

"Il y a clairement beaucoup de questions qui se posent. Avec des si on peut toujours tout refaire. Mais il est clair que la priorité de la FIA ces dernières années a toujours été la sécurité. A Suzuka, Charlie Whiting a pris les bonnes décisions. Avant cet accident, tout allait bien et la course avait été parfaitement géré. Mais il y a toujours des risques et une voiture qui part à la faute à haute vitesse devient un projectile."

La FIA étudie une protection pour le cockpit des pilotes depuis plusieurs années. Les recherches sont toujours en cours car aucune solution n’est parfaite.

"Je ne sais pas si un cockpit fermé aurait changé les choses pour Jules mais sur cet accident, j’aurais souhaité qu’il en ait un," admet Rob Smedley, le directeur de la performance de Williams. "Ce chapitre est toujours ouvert mais cet accident est anormal. Nous faisons des crash tests mais une F1 n’est pas censée aller s’écraser dans une grue. Ce sont des conditions qu’il faut éviter."

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