Des anciens de la F1 mettent en garde Haas

Avec son approche singulière de la Formule 1 et ses liens très étroits avec Ferrari, l’écurie Haas s’apprête à entrer dans le grand bain en 2016. Mais certains vétérans du paddock lui prédisent des débuts compliqués, à l’image de Colin Kolles, qui officiait à l’époque chez HRT.

« Je pense que ça va être très difficile pour eux. Au cours de ma carrière, j’ai pu rencontrer de nombreux milliardaires passionnés de F1, et je leur ai tous dit ‘donnez un million à la Formule 1 et vous la verrez le consumer si vous ne savez pas ce que vous faites’. »

Parmi ces richissimes propriétaires, l’entrepreneur russe Alex Shnaider, qui avait racheté Jordan en 2005 pour la renommer Midland.

« Au bout d’un an et demi, reprend Kolles, il a compris mon avertissement et a décidé de revendre à son tour. Un jour – et ce n’est qu’une question de temps – M. Haas se demandera ‘que s’est-il passé ?’, tout comme M. Cheglakov de Marussia avant lui. Et comme M. Carabante de HRT, qui avait voulu savoir ce qui était advenu de son argent au cours des 6 premiers mois. Réponse : rien ! C’est ça le problème. »

Et niveau finances, il ne faudra pas compter sur la FOM ou les sponsors dans un premier temps.

« Haas ne touchera pas d’argent de la part de la FOM pendant 2 ans. Ensuite, ils devront figurer deux fois parmi les dix premiers au championnat, ce qui signifie battre au moins Manor. Mais ce sera déjà assez difficile comme ça. »

« Et la situation des sponsors, particulièrement pour les équipes de fond de grille mais aussi les autres, a complètement changé. Ce n’est absolument pas comparable à ce que c’était il y a 10, 15 ou 20 ans. »

L’ancien directeur sportif de Mercedes, Norbert Haug, estime pour sa part que s’il est bon pour la Formule 1 d’accueillir une nouvelle équipe, Haas aura beaucoup de choses à apprendre et que « tôt ou tard, ils se concentreront sur l’Angleterre. » En effet, la nouvelle arrivante est pour le moment assez dispersée, avec une base américaine, une usine anglaise et des équipes en Italie.

Et David Richards, impliqué dans la gestion de Benetton et BAR-Honda, prédit lui aussi des débuts difficiles à Haas quand la saison reprendra en mars.

« Nous sommes en décembre maintenant et les premiers essais se tiendront fin février, mais nous n’avons encore rien vu, pas même la petite photo habituelle du modèle réduit de la voiture en soufflerie. Je n’ai pas non plus entendu parler de l’équipe qui s’en charge. Ils n’ont fait aucune vague et le retour à la réalité sera assurément brutal. »