Dépenser sans limites : la F1 dans les années 90…
Retour vingt ans en arrière
Johnny Herbert et Damon Hill couraient dans les années 90. Une autre époque, ou une décennie finalement similaire aux années 2010 ? Pour les deux hommes, il n’y a pas que le pilotage qui a changé : l’environnement financier est devenu plus contraignant… et a bien modifié le visage général de la discipline.
Pour Johnny Herbert, « ce sont seulement ceux avec des gros budgets qui peuvent mener un développement plus rapide ». Et l’ancien pilote Stewart d’en tirer une conclusion logique : « Je pense toujours que la distribution des revenus devrait être égalitaire dans le plateau, et ensuite, les grosses équipes doivent travailler un peu plus dur. Auront-ils toujours des ressources supplémentaires parce que c’est Mercedes Benz ? Probablement. Gagneront-ils toujours ? Peut-être. Mais au moins, il y a une opportunité pour les plus petits d’entrer dans la partie. »
Damon Hill est bien plus nostalgique que son compère…
« Nous étions si chanceux parce que quand nous courions, les équipes avaient l’habitude de jeter l’argent par les fenêtres. Il y avait beaucoup de sponsors qui étaient des marques de cigarettes, et les équipes étaient détenues par des seuls individus, qui voulaient gagner, qui voulaient lancer leur argent par la fenêtre. Vous aviez peut-être 150 personnes, donc ils étaient capables de prendre des décisions. Maintenant, vous avez 800 personnes ou plus, et vous vous occupez de la réputation de grands manufacturiers comme Renault ou Mercedes. C’est un problème pour notre sport parce que les pilotes ne peuvent être autant charismatiques que les fans le veulent parce qu’ils ont une immense responsabilité envers le personnel et la marque. »
Johnny Herbert pense aussi que la F1 est devenue plus policée à force d’enjeux financiers…
« La marque est plus importante que tout, c’est dommage. Toutes les personnes que je rencontre qui vont à Silverstone et qui vont dans les tribunes ont peut-être une Mercedes, une Ferrari, ou une casquette Red Bull, mais ils me disent toujours qu’ils sont là pour voir Lewis ou Kimi. Ils sont là pour les pilotes, mais tout est conçu pour l’équipe. »
Le champion du monde 1996 pense que la F1 devrait être moins économe de ses moyens.
« Avant, c’était un peu comme les courses de dragsters, où il y avait des moteurs utilisés seulement pour une qualification, et qui était détruit après un tour. C’était du divertissement. Donc ils mettaient le turbo et ils disaient qu’ils ne savaient pas combien de chevaux ils avaient parce qu’ils n’avaient rien pour le mesurer. Donc ces moteurs explosaient et c’était une vraie débauche. Ils pouvaient prendre la décision de gaspiller beaucoup d’argent dans le divertissement. »
« C’est comme un feu d’artifice. Vous pouvez avoir un feu d’artifice, et si quelqu’un vient et dit ‘nous ne pouvons gaspiller autant d’argent avec ça’, vous pouvez répondre, ‘eh ! nous voulons dépenser 10 millions dans de la fumée’. Et c’est la même chose pour la F1. Nous parlons d’un feu d’artifice d’un million de dollars ou presque. Vous devriez avoir un beau spectacle avec ça ! »