D’une GP3 à une F1, le grand écart de Charles Leclerc en 2016
2017, objectif titre en GP2
Charles Leclerc est probablement, avec Antonio Giovinazzi, le jeune pilote le plus prometteur actuellement couvé par Ferrari. Cette saison, le Monégasque a réussi à remporter le relevé championnat de GP3 avec l’écurie française ART Grand Prix, en écartant la menace de son coéquipier, Alexander Albon. La lutte aura été serrée jusqu’à la dernière course, mais le Francophone, qui signait une 6e place finale à Abu Dhabi, tandis que son rival abandonnait, a réussi à accomplir son objectif.
Charles Leclerc peut donc tout à fait se satisfaire d’avoir répondu aux attentes que plaçait Ferrari en lui. « Je suis vraiment content du déroulement de la saison, avec toute cette pression. Au début, c’était vraiment une année difficile pour moi. Je faisais partie de la Ferrari Driver Academy, où je devais être rapide, parce que bien sûr, c’est Ferrari, et tout le monde voit Ferrari au sommet du sport automobile. Je devais être l’un des meilleurs. J’ai eu trois coéquipiers vraiment, vraiment forts, que je devais battre, et j’ai eu la meilleure voiture pour le faire. Je devais vraiment faire le boulot, et je l’ai fait, donc c’est impressionnant » se félicite aujourd’hui le francophone, interrogé par GP Update.
On dit souvent que le GP3 est une excellente école pour la compétition en monoplace et Charles Leclerc le confirme : il a bien progressé durant la saison. « Je suis devenu plus mature en tant que pilote. Avant, c’était tout ou rien, et c’est toujours un peu comme ça, je veux vraiment être premier ou rien, mais je ne me mettais plus en colère comme auparavant, chaque fois que j’étais second. Je prends toujours du plaisir sur le moment et c’est quelque chose que j’ai fait seulement cette année. Je pense que cela m’a fait beaucoup grandir et je pense que cela m’a beaucoup aidé pour le championnat. Auparavant, chaque fois que je finissais second, c’était la fin du monde, mais maintenant, j’y prends plaisir, pas autant qu’avec une 1ère place, mais c’est toujours un bon résultat. »
Charles Leclerc n’a pas appris que la valeur des points intermédiaires cette saison. Il a eu aussi le privilège de tester la Ferrari SF16-H lors d’un test à la mi-saison. Avec Haas, il a également roulé en essais libres en Angleterre, en Hongrie, en Allemagne et au Brésil. Une expérience aussi utile qu’inoubliable.
« C’était incroyable. Ferrari m’a tant donné cette année. Sans eux, j’aurais été un pilote de GP3 normal, et c’est tout. Je n’aurais pas fait toutes ces séances en F1 ou conduit une F1, donc je leur suis vraiment reconnaissant – ils ont fait des choses immenses pour moi. Ils m’ont fait aussi grandir. Je m’entraîne à Maranello avec un préparateur mental et un préparateur physique, et ils m’ont aidé à élever mon niveau de jeu. »
Le vendredi, avec Haas, Charles Leclerc s’était montré moins rapide que Romain Grosjean ou Esteban Gutierrez : et c’est tout à fait normal compte tenu de son inexpérience. « J’avais auparavant l’habitude de me faire assez rapidement aux nouvelles voitures, mais l’écart de la GP3 à la Formule 1 est immense, vraiment immense, donc passer de la GP3 à la F1 n’aide pas, bien sûr. Je n’ai pas tant souffert que ça, mais quand vous montez dans la voiture de quelqu’un d’autre, c’est toujours un sentiment spécial, et c’est difficile de performer à 100 % dans ce cas... et vous savez que dans trois heures, ensuite, il y aura les EL2, donc, vous ne pouvez rien faire de stupide. C’était difficile par moments mais je pense vraiment que Haas m’a fait grandir et m’a fait gagner en GP3 également. »
Cependant, en Malaisie, Gunther Steiner, le directeur de Haas, avait directement écarté l’hypothèse de la titularisation de Charles Leclerc, encore trop jeune selon lui. Qu’en pense le Monégasque ? « Je pense que c’est en raison de la presse et des souhaits exprimés par Gunther pour sa paire de pilotes l’an prochain. Ce que je comprends parfaitement. Ils auront une nouvelle voiture et ils ont besoin de pilotes expérimentés, et je ne suis pas expérimenté en F1. A partir de là, j’ai compris que je n’aurai pas ma chance en F1 en 2017. »
Dans tous les cas, l’avenir de Charles Leclerc est davantage entre les mains de la Scuderia que de Haas. Sa progression, l’an prochain, passe par le GP2. Il fera partie de l’équipe Prema, qui pour sa première année dans la catégorie, a réussi à placer ses deux pilotes (Pierre Gasly et Antonio Giovinazzi, le nouveau pilote de réserve Ferrari) aux deux premières places du championnat.
« Je pense qu’une voiture de GP2 est un peu plus similaire à une F1, et pour cette raison, je suis vraiment heureux. Je pense que vous pouvez pousser un peu plus qu’en GP3. Je suis un pilote qui pousse pas mal en entrée de virage, et en GP3, je devais me retenir un petit peu, et je ne le voulais pas, donc oui, j’ai hâte d’être en GP2. »
Aucun rookie n’a jamais remporté le championnat GP2 depuis l’arrivée de Pirelli. Stoffel Vandoorne, en 2014, et le rival de Charles Leclerc, Antonio Giovinazzi, en 2016, ont cependant réussi à se classer 2e dès leur première saison. Mais Charles Leclerc voit plus loin encore.
« Je ne commence pas une saison en me disant, ‘Nous ferons un top 3, et ce sera bien’. Donc je courrai vraiment pour la victoire. J’essaierai d’être un peu plus réaliste à la fin du premier rendez-vous au calendrier pour voir où nous en sommes et ce que nous pourrons faire durant l’année. Mais je pense vraiment que ce peut être une année positive, et je donnerai tout ce que j’ai pour gagner. »