Coulthard plaide pour une stratégie plus libre chez Mercedes
Au moins une fois, pour la dernière course à Abu Dhabi
Lors d’un Grand Prix du Brésil 2015 assez pauvre en rebondissements, Mercedes a comme souvent donné la priorité stratégique au pilote en tête, à savoir Nico Rosberg. Lewis Hamilton se serait bien vu prendre l’avantage sur son coéquipier à la faveur d’un arrêt aux stands mais le directeur de Mercedes, Toto Wolff, a refusé de laisser l’initiative à ses pilotes, expliquant que cette situation était préférable à la désignation d’un pilote numéro 1 qui profiterait systématiquement des décisions stratégiques.
David Coulthard, ancien pilote de Formule 1, revient aujourd’hui sur les raisons de ce statu quo, tout en suggérant à Mercedes d’oublier momentanément ses principes d’équité à tout prix maintenant que le championnat est joué.
« Mercedes pourrait essayer d’adopter rien qu’une fois une approche différente pour que la dernière course de la saison à Abu Dhabi offre un meilleur spectacle, car ne nous mentons pas, elle risque de manquer d’un peu de piquant. »
« Les pilotes et leurs ingénieurs respectifs pourraient ainsi établir leurs propres stratégies. Les règles normales s’appliqueraient et il leur serait interdit d’entrer en contact sur la piste, mais Hamilton et Rosberg mèneraient leurs barques sans être limités par l’équipe. »
« Si ça se faisait, les pilotes devraient accepter les conséquences de leurs actions, que ce soit perdre la course au profit de leur coéquipier ou même de Sebastian Vettel. Il leur faudrait être prêts à faire face et admettre : ‘j’ai perdu à cause de mes propres choix et c’est pour les fans que nous avons procédé ainsi. L’équipe aurait gagné si nous avions suivi ses plans’. Tant que tout est clair pour tout le monde, je ne vois aucune raison de ne pas le faire. »
« Puisque tout est joué en arrivant à Abu Dhabi, pourquoi ne pas permettre aux pilotes Mercedes de changer de stratégie et laisser le gars derrière anticiper son arrêt aux stands pour passer devant ? Ils pourraient faire comme si Hamilton et Rosberg couraient pour deux écuries différentes. Il faudrait alors ériger un mur entre l’ingénieur de Hamilton, Peter Bonnington, et celui de Rosberg, Tony Ross, et le stratège en chef James Vowles ne s’en mêlerait pas. Les pilotes Mercedes sont dorénavant assurés de terminer aux deux premières places du championnat et je ne vois donc pas pourquoi l’équipe les empêcherait de jouer leur carte personnelle. »
Mais ce n’est pas pour rien que Mercedes a empêché Hamilton de changer de stratégie à la volée au Brésil, et un Vettel en grande forme a peut-être pesé dans la décision.
« Il est important de comprendre pourquoi Mercedes a décidé de recourir à sa stratégie actuelle, reprend Coulthard. Leurs deux pilotes ont un statut équivalent et l’équipe donne la priorité à la voiture qui mène une course donnée. »
« Il n’est pas garanti que Hamilton et Rosberg se qualifieront en première ligne. Et si c’est tout de même le cas, ils peuvent perdre la tête au départ, comme en Hongrie. De plus, il se peut que les Mercedes n’aient pas un avantage suffisamment grand sur leurs concurrentes pour pouvoir se permettre de faire ce qu’elles veulent sans risque. En fin de compte, l’objectif est bien de gagner, puis de décrocher le meilleur résultat possible, à savoir un doublé, quel que soit l’ordre d’arrivée des deux pilotes. Le seul cas de figure où cette philosophie ne s’applique pas, c’est quand ils doivent se battre contre un pilote d’une autre écurie. Mercedes doit alors prendre une décision et estimer lequel de ses hommes a de meilleures chances de devancer leur concurrent et/ou lequel sera sacrifié. »