Bottas peut-il déjà s’inquiéter pour son volant ?
Une fin de saison qui inquiète, alors qu’Ocon frappe à la porte
Alors que Ferrari et Red Bull auront un line-up à moitié renouvelé l’an prochain, avec les arrivées de Pierre Gasly et Charles Leclerc, Mercedes a décidé de conserver le même duo Lewis Hamilton – Valtteri Bottas. Le 20 juillet 2018, le Finlandais était ainsi prolongé jusqu’à la fin de saison 2019 – pour un an seulement donc – avec une option pour 2020.
La prolongation de contrat de Valtteri Bottas semblait alors pleinement légitime. Certes, l’ancien pilote Williams n’avait pas gagné de Grand Prix, mais il avait été plus que malchanceux à Shanghai (une voiture de sécurité arrivée au mauvais moment lui avait fait perdre ses espoirs de victoire) et surtout à Bakou (il filait vers la victoire, avant de rouler sur un débris qui causa une crevaison). En qualifications, Valtteri Bottas faisait même jeu égal avec un Lewis Hamilton moins tranchant.
Or, depuis juillet dernier, et tout particulièrement en ce dernier tiers de saison, les performances de Valtteri Bottas ont nettement décroché. Depuis 14 Grands Prix, le Finlandais a été systématiquement dominé par Lewis Hamilton le dimanche…
Méconnaissable en cette deuxième moitié de saison, Valtteri Bottas est apparu comme « le seul point faible » de Mercedes en 2018, pour reprendre les propos de Ross Brawn. « Pas dans son assiette », il a eu du mal à se remettre non seulement de sa déveine du début de saison, mais encore des consignes d’équipe de Mercedes qui l’ont réduit au rang de « wingman » (Toto Wolff dixit) de Lewis Hamilton, c’est-à-dire de deuxième pilote.
Lors des quatre dernières courses de la saison, la chute de performance de Valtteri Bottas s’est faite la plus visible. L’ancien pilote Williams semblait largement dépassé par les évènements, certes moins en qualifications qu’en course. Souffrant plus particulièrement de l’usure des pneus, il a paru fébrile à plusieurs reprises au moment de défendre sa position, comme à Mexico ou à Austin. A Abu Dhabi, Grand Prix qui devait le remettre en selle, le Finlandais était enfin totalement hors de forme. Même avec des ultratendres neufs en fin de Grand Prix, son rythme était encore loin de son coéquipier, des Red Bull ou de Sebastian Vettel qui étaient pourtant en pneus usés.
Le Finlandais a ainsi cédé face à Kimi Räikkönen et Max Verstappen au championnat des pilotes : il ne finit que 5e, alors que son coéquipier a battu le record historique de points en une saison. Gênant…
Valtteri Bottas le reconnaît lui-même aujourd’hui, sa saison a été « assez épuisante », moralement et physiquement. Le pilote Mercedes, encore sous le coup de la déception de ces dernières courses, trouve « difficile de voir beaucoup de points positifs à cette saison. »
Toto Wolff s’est même publiquement inquiété du moral de son pilote, en admettant que la saison avait pu « lui faire du mal mentalement. » Pendant l’hiver, retrouver le moral sera sans doute le grand chantier de Valtteri Bottas, qui apparaît en crise de confiance.
Or, alors que les performances de Valtteri Bottas au mieux interrogent, au pire inquiètent, les prétendants au deuxième baquet Mercedes ne manquent pas. La menace pour le Finlandais est claire : s’il ne redresse pas la situation l’an prochain, l’écurie allemande aura un successeur tout désigné en la personne d’Esteban Ocon.
Le Français, qui a dû laisser place nette pour Lance Stroll chez Racing Point Force India, sera le pilote de réserve et d’essais de Mercedes en 2019. Et ne cache pas son envie de faire son grand retour dans les paddocks dès l’an prochain. Jacques Villeneuve le voit même prendre la place du Finlandais en cours de saison si cela se poursuit ainsi pour lui
Or l’hypothèse de remplacer Valtteri Bottas par Esteban Ocon, est tentante pour Toto Wolff et Mercedes : cette saison, alors que le Finlandais déclinait, le Normand a pris l’ascendant sur Sergio Pérez, de manière plus prononcée encore en qualifications. Déjà très rapide, Esteban Ocon ne semble pas avoir exprimé son plein potentiel. Sa réputation, en dépit de quelques manœuvres trop agressives en course, a franchi un nouveau palier dans le paddock.
En plus de l’hypothèse Esteban Ocon, il ne faut pas négliger non plus la piste menant à George Russell, lui aussi produit de la filière Mercedes. Le Britannique a marqué les esprits en Formule 2 en dominant Lando Norris et Alexander Albon. S’il dispose facilement de Robert Kubica chez Williams l’an prochain, lui aussi sera un prétendant sérieux pour un volant Mercedes.
Qu’est-ce qui pourrait alors sauver Valtteri Bottas ? Le Finlandais doit bien sûr commencer la saison du bon pied, en évitant à tout prix les erreurs du premier Grand Prix de cette année : à Melbourne, il s’était violemment crashé dans les barrières en qualifications. Un tel scénario le replongerait immédiatement dans une période de fort doute.
Mais Valtteri Bottas a un autre atout dans sa manche, et qui pourrait lui servir de joker : son entente remarquable avec Lewis Hamilton. Le Britannique dresse souvent des éloges sur sa relation avec son coéquipier – cette relation serait même « l’une des meilleures de l’histoire de la F1 » selon Lewis Hamilton. Toujours hanté par le souvenir de la guerre civile entre Lewis Hamilton et Nico Rosberg, Toto Wolff pourrait ainsi être tenté de prolonger Valtteri Bottas, un pilote placide et serein, qui ne fait pas de politique… A l’inverse peut-être d’Esteban Ocon, dont la relation avec Sergio Pérez s’est considérablement détériorée au fil du temps.
Valtteri Bottas a donc indubitablement la pression pour conserver son volant. Les pistes Esteban Ocon et George Russell sont ses épées de Damoclès. Mais le Finlandais a encore la maîtrise de son destin. Il se sait sous surveillance, mais loin d’être encore condamné.
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