Alain Prost ému de voir son fils au volant d’une F1
Réactions après l’essai de la Renault R29 par Nicolas Prost
Quadruple champion du monde F1 et vainqueur ici-même, à Magny-Cours, à l’occasion du Grand Prix de France 1993, Alain Prost effectuait ce week-end son retour dans la Nièvre. L’ancien pilote Williams-Renault est venu voir son fils Nicolas effectuer le show Renault F1 Team, au volant d’une R29. Une première apparition pour le pilote français dans une monoplace de la discipline reine, dans le cadre de la manche française des World Series by Renault.
Vous avez gagné ici-même en 1993, à bord d’une Williams à moteur Renault, qu’avez-vous ressenti au moment où votre fils s’est installé dans le baquet de la Renault F1 R29 ?
C’est 17 ans après ma dernière course, 30 ans après mes débuts en F1. Avec tout ce qui s’est passé entre-temps, je ne pensais pas, en venant ici, qu’il y aurait autant d’émotion. C’est sympa, et pour lui en premier lieu, de rouler dans une F1, d’autant plus que ça se déroule dans des supers conditions. Il ne fait pas énormément de tours, et même si ça reste une exhibition, l’environnement est idéal et l’auto qu’il pilote est une excellente monoplace. Donc quoiqu’il arrive c’est déjà génial. Ça lui permet d’engranger de l’expérience au volant d’une F1 et de le faire pour la première fois sans pression. Il y a un moment où un accord avec une équipe de F1 n’était pas loin d’être conclu, mais ça n’a pas pu se faire pour des histoires de changement de règlement. J’espère, notamment grâce à cette occasion, qu’il aura l’opportunité d’aller peut-être un peu plus loin, qu’il aura l’occasion de montrer son potentiel en compétition. Mais il faut déjà savourer le moment présent, cette magnifique opportunité qui lui est offerte ce week-end.
Sur le plan humain, pour une famille, pour un père par rapport à son fils, c’est magique. Il était déçu il y a 17 ans quand j’ai arrêté, je dirais même qu’il n’était pas content. Mais après l’accident d’Ayrton Senna, il a compris certaines choses. Il n’était qu’un gamin, il n’avait même pas 12 ans. Aujourd’hui il est de l’autre côté de la barrière, et c’est vraiment très émouvant.
Nicolas est actuellement en endurance, discipline dans laquelle il a surpris plus d’une personne par sa rapidité. Cela vous étonne-t-il ?
Nicolas est sous-estimé. Il n’a pas commencé très jeune en sport automobile et a suivi un cursus différent de celui d’un pur pilote de course, puisqu’il a fait des études. Après, je ne suis pas sûr que le fait qu’il soit arrivé en même temps que Senna ou Rosberg (Bruno et Nico, ndlr) l’ait beaucoup aidé. Au début les gens n’ont pas pris la mesure de son potentiel. Il n’était pas au niveau qui est le sien actuellement, il manquait cruellement d’expérience. Mais depuis, il a énormément progressé et le niveau auquel il évolue maintenant est extrêmement intéressant. Il travaille beaucoup, réfléchi beaucoup, analyse beaucoup, et il a énormément progressé sur le plan du pilotage. Autant je n’aurai pas dit cela il y a quelques années, autant aujourd’hui j’aimerai bien le voir dans une équipe de F1, surtout avec ce que réclame aujourd’hui la F1, je pense que ça lui conviendrait beaucoup mieux qu’il y a quelques années. Ce serait un peu dommage de passer à côté, en tous les cas il fait tout ce qu’il faut pour que ça marche, et c’est vrai qu’aujourd’hui, je pense qu’il a réellement un très bon niveau.
Que lui avez-vous dit avant qu’il prenne le volant de la Renault F1 R29 ?
Moi je ne lui dis rien, je ne lui dis pas ce qu’il doit faire, il est grand et gère ça très bien tout seul. Je lui parle plutôt de ce qui concerne l’extérieur de la voiture pour le mettre en garde sur certaines choses. Je ne lui dis pas tu dois faire ci tu dois faire ça, fais attention à ci fais attention à ça. Une fois qu’il est là, il trace lui-même son chemin, il connait son truc et n’a besoin de personne. Moi je viens parce que ça me fait plaisir de le voir. Je suis content de le voir conduire, mais je préfère le voir se débrouiller tout seul, il est le seul et unique concerné.
Vous étiez-vous déjà déplacé sur un meeting des World Series by Renault ?
Je n’étais jamais venu assister à une manche de World Series by Renault. C’est une première. Il y a un réel contact entre les acteurs de la compétition et le public, une réelle proximité. C’est vraiment ce qui manque à la Formule 1 actuellement. C’est sûr que ce n’est pas toujours évident à gérer, mais c’est génial d’avoir autant de monde sur une compétition automobile et de voir les spectateurs se promener comme bon leur semble dans le paddock.