Abiteboul et les ambitions de Caterham pour 2013
Sortir de l’ombre
Cyril Abiteboul a pris la tête de l’équipe Caterham ces dernières semaines et sa mission en 2013 sera de réussir ce que Tony Fernandes n’a pas encore réussi à faire depuis son arrivée en 2010 : intégrer le milieu de peloton.
La pression est grande sur le Français mais il va prendre les choses dans l’ordre, conscient des enjeux mais aussi des besoins pour parvenir à aller titiller les équipes déjà établies depuis de nombreuses années.
"Nous n’allons pas pouvoir utiliser l’excuse d’être une nouvelle équipe à tout jamais. Il y a une date de péremption pour ça. L’an prochain nous devons franchir une étape. Nous devons être un compétiteur et plus seulement une nouvelle équipe. Même si nous sommes devenus la meilleure des nouvelles équipes, il nous faut oublier cela," déclare Abiteboul au magazine Autosport.
"Je veux apporter un peu de stabilité à l’équipe, qui a déjà connu beaucoup de changements. Passer de 0 à 300 personnes en moins de trois ans montre qu’il y a du y avoir du changement donc il faut maintenant souder le groupe. Nous devons être sûrs que les personnes travaillent bien ensemble, que les processus sont implémentés et exécutés. Il nous faut la bonne gouvernance pour prendre les bonnes décisions, autant d’un point de vue financier que technique. Il s’agit donc de consolider les choses et c’est quelque chose que je préfère faire dans le calme plutôt que guidé par les émotions. Je ne pense pas que nos résultats nous demandent de faire des changements radicaux."
2012 devait pourtant être l’année où Caterham devait aller se battre avec des équipes comme Williams, Toro Rosso ou Force India. Ce ne fut pas le cas.
"Tout n’était pas mauvais," poursuit Abiteboul. "Si vous revenez à nos débuts en 2010 et au début de saison 2011, nous avions des problèmes de fiabilité. Cette année il n’y en avait plus à part les pièces que nous ne produisons pas. La fiabilité est là. Côté performance, il y a du bien et du moins bien. Nous n’avons pas rattrapé le milieu de peloton mais ce n’est jamais facile parce qu’il faut progresser plus qu’eux."
"Nous avons dû déménager, de Hingham à Leafield, et cela nous a certainement distrait dans notre efficacité et notre rythme de développement. Mais selon les données, nous n’avons pas perdu de terrain face au milieu de peloton," ajoute-t-il.
En 2ème partie de saison Marussia est venue faire peur à Caterham. Il s’en est fallu de peu pour que ce soit bien l’équipe russe qui prenne la 10ème place du championnat...
"Nous n’avons pas fait un bon travail par rapport à Marussia," reconnait le patron de Caterham en F1. "Si on prend la différence de moteur et de KERS, on voit que côté aérodynamique nous n’avons pas été aussi bons qu’eux. Nous avons été trop loin dans certaines directions, trop sophistiquées. Nous n’étions plus au contrôle et nous voulons revenir à du plus traditionnel, que l’on contrôle."
"Nous avons amélioré nos installations, notre soufflerie, notre CFD, notre logiciel et notre méthodologie. Ce n’est pas très sexy mais il faut suivre ce processus prudemment. Il faut continuer le travail, il n’y a pas de magie en F1, nous attendions peut-être trop de choses et cela n’est pas arrivé."
2013 est déjà dans le viseur et pourtant nous ne connaissons qu’une partie des plans de Caterham alors que l’année va se terminer dans quelques jours à peine. La plus grosse inconnue est surtout de savoir qui va épauler Charles Pic. Là encore Cyril Abiteboul veut prendre le temps de faire le bon choix, avec pour argument la stabilité nécessaire au passage des règles de 2014.
"Je travaille sur un plan de trois ans pour les actionnaires et Caterham. Je veux que notre situation concernant les pilotes soit aussi stable que possible parce que nous aurons à gérer beaucoup de changements : un nouveau moteur (V6 turbo) qui impactera notre façon de gérer une course, la voiture et la stratégie. Alors que je voudrais que nos pilotes de 2014 soient ceux que nous aurons en 2013."
Le Français veut rester réaliste pour la prochaine saison et ne pas fixer d’objectifs trop ambitieux. Bien figurer et se montrer sera par contre essentiel.
"Nous savons ce que nous voulons faire pour 2013, nous nous sommes fixés des objectifs sur l’aérodynamique ou le développement. Ce que nous ne savons pas c’est ce que font les autres. Nous verrons en février. Nous devrions être capables de réduire l’écart sur le milieu de peloton mais ce serait trop agressif de dire que nous aurons comblé tout l’écart. C’est ce que nous voulons faire dans le cours de la saison si nous développons notre voiture plus rapidement. Pour cela il faut une bonne méthodologie, de bonnes installations, une bonne corrélation entre les différentes zones du programme de développement. C’est pourquoi la stabilité est importante. Nous prenons le temps, je dois jouer à la fois la carte du moyen terme et du court terme, parce qu’en F1 on ne voit souvent pas plus loin que ce qui se passe sous vos yeux."
"Nous voulons faire partie du show. Quand vous n’êtes pas dans le milieu du peloton vous n’êtes pas dans le show. Quelle motivation pour vos gars qui travaillent pendant 20 courses si vous n’êtes pas avec la concurrence ? Nous voulons des concurrents en 2013 et plutôt devant que derrière."