A la découverte du montage des V8 de Renault F1

Olivier Loret nous emmène dans son univers

Par Franck Drui

1er avril 2013 - 11:54
A la découverte du montage des V8 (...)

Que vous souhaitiez vérifier le comportement d’un moteur en fonction de telle ou telle cartographie ou bien simuler une « simple » endurance au banc, vous devez vous adresser au service montage. Olivier Loret est le Responsable de l’atelier montage V8 de Renault Sport F1, côté développement. Il nous emmène dans son univers.

Olivier, quel est votre rôle ?

Je gère une équipe dont la fonction est de fournir des moteurs qui répondent aux besoins du service essai. Il y a le moteur projet pour effectuer des essais de boîte de vitesse, un moteur cartographie pour faire des tests suivant les différents Grands Prix, des moteurs « perfo » diverses ou encore des moteurs endurances. Sur les moteurs endurance, notre métier est de pouvoir valider des lots pièces dont nous disposons pour les futurs moteurs de course.

C’est un travail capital, comment se déroule la validation ?

Le service métrologie vérifie que la pièce est bien conforme aux attentes de la spécification puis nous récupérons la pièce afin de fabriquer le moteur puis de le tester. Une fois l’endurance réalisée, les pièces sont démontées : elles sont alors analysées par le service fiabilité puis validées dans un dernier temps. Il existe en fait deux moteurs spécifiques : un pour le banc « perfo » et l’autre pour l’endurance. Après c’est le service essai qui a la gestion des moteurs montés. En revanche s’il faut modifier ces moteurs selon une nouvelle spécification, là, c’est notre boulot.

La gestion de stock doit être compliquée !

C’est du jonglage. On n’a pas forcément pléthore de pièce en stock, on s’arrange entre le service essai et le montage pour utiliser tel type de pièce à la place de tel autre si on n’en a pas assez. On essaie de trouver la meilleure solution possible pour pouvoir monter un moteur dans la spec demandée. La règle est que cela ne doit pas avoir d’impact sur le test à mener. On peut assurer la traçabilité des 4000 pièces constituants le moteur. La majeur partie de ces pièces (environ 50%) sont gérées par lot : d’où l’importance du travail de validation.

Combien faut-il de temps pour monter un moteur ?

Disons qu’il faut environ une semaine de travail à deux personnes.

Et pour effectuer une modification en fonction des essais à mener ?

Ça peut être une demi-journée, une heure... Lorsqu’on commence à devoir modifier le cœur du moteur, il est parfois plus simple d’en construire un nouveau ! Tout dépend du planning que l’on a, des hommes dont on dispose et des besoins du service essai. Parce que c’est une chose de fabriquer les moteurs, c’en est une autre de les passer au banc après.

Y a-t-il des coups de bourre ?

Oui, il faut alors savoir prendre du recul pour faire les choses dans les règles de l’art. Il y en a beaucoup moins qu’auparavant car les moteurs sont figés. On fait surtout de la validation de lot. Quand la saison reprend on fait beaucoup de cartographie et des essais de boîte de vitesse.

Avez-vous peur lors d’un premier démarrage ?

Il y a toujours l’appréhension d’avoir fait une erreur. Même si dans ce métier là normalement c’est zéro erreur, on reste humain. Oui, il y a une certaine appréhension. Mais maintenant, on arrive à maîtriser le processus.

Que faites-vous pour combattre la routine ?

Il y a des documents précis à remplir pour telle ou telle opération, il y a des check-lists. On travaille en binôme et il y a une certaine complicité entre les deux personnes pour éviter un oubli. Pour combattre la routine, j’essaie de faire tourner un maximum les personnes.

Certaines pièces sont-elles réutilisées ?

Oui, il y a certaines pièces qui sont sujettes à un kilométrage limite, selon un document fourni par le service fiabilité. Après utilisation, la pièce suit un cycle de rénovation : il y a du visuel, sur d’autres pièces du dimensionnel et puis ce que l’on appelle du « cracking test » pour vérifier qu’il n’y a pas de petites fêlures. Il y a aussi de la magnétoscopie pour toutes les pièces ferromagnétiques.

Parlez-nous de 2014, avec le futur moteur turbo…

C’est génial ! ça fait du bien. Il y a pleins de choses nouvelles qui vont arriver et puis on va être obligé de changer notre procédure de montage. Le moteur sera fondamentalement différent. Nous allons devoir le maîtriser sur le bout des doigts. On va prendre un réel plaisir à travailler là dessus. Ce ne sera plus du routinier. Cela fait depuis 2007 qu’on n’a pas vu un nouveau moteur !

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