500 jours après, les directeurs d’écurie jugent Liberty
Des intentions à concrétiser
Cela fait désormais 500 jours que Liberty Media a racheté la Formule 1 à CVC et possède donc les droits sur la discipline. Cette barre symbolique est bien sûr l’occasion de dresser un premier bilan des Américains à la tête du sport, alors que les négociations des prochains accords Concorde battent actuellement leur plein.
Rappelons que les écuries ont signé un « gentleman’s agreement » afin de ne pas laver leur singe sale avec Liberty Media en public, ce qui augure peut-être de réponses plus convenues.
« A chaque changement de régime, le style change » commence par reconnaître Toto Wolff, pour Mercedes, « et nous étions tous habitués à la manière de procéder de Bernie Ecclestone. Et nous lui rendons vraiment hommage pour tout ce qu’il a édifié dans ce sport. »
« Désormais, avec Liberty Media, ce n’est plus une personne qui prend les décisions, mais un groupe plus large de personnes, et cette transparence est rafraîchissante et facilite les choses et les négociations. Et bien sûr, notre sport affronte une période incroyablement difficile. Comme tout autre sport, la diffusion de nos courses a changé, et continuera à changer, et nous aurons à rechercher des sources supplémentaires de revenus. Et ce sera aussi difficile pour Liberty Media que pour les autres. »
« Mais ils ont essayé des choses, certaines bonnes, certaines mauvaises… ou moins bonnes. Mais dans l’ensemble je pense que nous sommes tous sur le même bateau. Nous voulons voir le sport grandir, les revenus croître et nous pouvons tous comprendre qu’il y a une réalité financière à respecter. Les écuries de pointe dépensent trop et nous devons garder tout cela sous contrôle. Pour résumer, jusqu’à présent, je dirais que le bilan est positif. »
« Oui, je pense qu’il y a eu de très bonnes choses » confirme Christian Horner, qui est un proche de Bernie Ecclestone.
« Liberty Media est beaucoup plus centré sur les fans, donc sur des choses comme l’accès à du contenu sur les médias du digital et les réseaux sociaux - pour créer un meilleur engagement avec les fans, pour avoir une meilleure expérience en bord de piste. Les promoteurs, certainement les équipes, ont trouvé qu’il y avait une approche différente, une attitude différente concernant cet aspect du business. »
« Le plus grand défi pour Liberty Media jusqu’à présent, c’est de trouver comment répondre aux problèmes du futur, pour 2021. Le problème, et les risques que je vois, c’est que la FIA et le promoteur ne soient pas pleinement alignés. Et nous finirons alors avec des compromis mous au niveau de règlement. Il doit y avoir une vraie clarté dans la direction que nous prendrons, sur ce que sera le règlement. Liberty Media a payé 8 milliards pour ce sport. Ils doivent le rendre encore plus attractif. Il y a un spectacle fantastique. Bien sûr il y a aussi les problèmes de coût, qui doivent être réglés, comme les problèmes de revenus. »
Plus aventureux que Toto Wolff, Christian Horner se risque à une critique sévère envers Liberty Media et les négociations qui sont actuellement en cours. Le directeur de Red Bull redoute un compromis à l’eau tiède.
« Ce qui nous inquiète dans la discussion sur les moteurs, c’est la direction que prennent les choses au niveau du règlement du châssis. Tout semble avoir été édulcoré par rapport au concept de départ. Donc je pense que les 500 prochains jours vont énormément nous renseigner sur ce que sera la F1 de 2021. »
Ecurie moins bien dotée que Red Bull et Mercedes, Toro Rosso se satisfait pleinement de la volonté de Liberty Media de réduire les coûts et de niveler les performances entre écuries.
« Je ne peux voir que des points positifs au sujet de Liberty Media » se réjouit ainsi Franz Tost. « Et je suis aussi convaincu qu’ils vont dans la bonne direction pour le futur de ce sport, parce que c’est important que la F1 profite d’une dynamique de changement. Pour ce qui est des coûts, ce qu’ils veulent faire est absolument la bonne chose à faire : les réduire. Ensuite, il faut distribuer l’argent d’une manière plus juste, il ne faut pas que certains aient tout et les autres rien. »
« Ils présenteront un nouveau règlement moteur, qui doit être bientôt fini, et un nouveau règlement châssis aussi. Donc tout ce qui est discuté va dans la bonne direction. »
« Ils ont amené une nouvelle attitude pour ce qui est des médias, ils se concentrent plus sur les réseaux sociaux, qui sont importants pour la F1 d’aujourd’hui. Donc cela va dans la bonne direction. Car nous n’avons pas besoin d’une F1 à deux vitesses comme aujourd’hui, avec trois équipes et le reste du monde. Donc, il faut dix équipes qui soient proches. Ou au moins cinq ou six équipes se battant pour le championnat, ce doit être l’objectif. Sinon, la F1 ne sera plus intéressante dans le futur. Je pense que Liberty Media a compris cela et qu’ils vont dans la bonne direction. Je ne peux que les soutenir. »