50 ans en F1 : des joies, mais beaucoup de drames pour Frank Williams

Courage, Senna, deux disparitions qui l’ont marqué

Par Alexandre C.

11 juillet 2019 - 20:46
50 ans en F1 : des joies, mais (...)

Sir Frank Williams fêtera, ce week-end, à Silverstone, un anniversaire particulier : ce sera son 50e anniversaire en tant que directeur d’une écurie de F1 – à l’heure actuelle, sa fille Claire demeure en effet simplement directrice adjointe de Williams F1.

Cette épopée a commencé en 1969, lorsque Williams racheta un châssis Brabham F1 pour entrer en compétition.

En 50 années, Frank aura connu bien des réjouissances, des joies, des succès, mais aussi plusieurs drames. En 1970, son pilote, et ami, Piers Courage, trouva la mort au Grand Prix des Pays-Bas, à Zandvoort.

« C’était une personnalité formidable » se souvient Williams aujourd’hui. « Il avait des manières exquises. Sa disparition fut une perte majeure. A l’enterrement, tous les pilotes, sauf un, étaient présents, et tout le monde pleurait. »

Frank Williams vendit sa première équipe à Walter Wolf, pour rester comme son employé. Mais rapidement, joignant ses capitaux à ceux de Patrick Head, il fonda une nouvelle équipe, Williams Grand Prix Engineering. L’équipe s’installa dans une usine de tapis désaffectée…

Dès la deuxième saison de Williams F1, la victoire était au rendez-vous, au Grand Prix de Grande-Bretagne 1979. L’année d’après, Alan Jones remporta le premier titre mondial dans une Williams. « Il était incroyablement rapide et aussi très amusant en dehors de la voiture » se remémore Frank.

Le 8 mars 1986, la vie de Frank fut bouleversée par un accident de voiture, sur la route menant au circuit du Paul Ricard. Depuis, le directeur se déplace en fauteuil roulant.

La tragédie frappa à nouveau l’équipe lors de ce fameux 1er mai 1994, qui vit la mort d’Ayrton Senna. « Il était un pilote très talentueux, profondément déterminé » regrette Frank, toujours affecté par ce drame qui l’a longtemps poursuivi et hanté.

Ce week-end à Silverstone, Sir Frank Williams sera présent dans le paddock – ce qui devient rare ces dernières années.

« Cinquante ans en F1, honnêtement, je n’y ai pas trop pensé. Je ne peux dire que j’ai adoré chaque minute, parce que certains moments furent vraiment difficiles. J’ai perdu ma femme, et des pilotes. Mais la F1 a été très bonne avec moi. La vitesse m’a toujours fait vibrer, depuis que je suis gamin. Quand Patrick Head m’a rejoint, ce fut si important, il a été décisif pour faire de cette entreprise ce qu’elle est aujourd’hui. Nous avons obtenu des succès formidables, mais il y a une expression bien connue en F1 : ‘Votre niveau dépend de votre dernière course’. Nous allons continuer à nous battre, et je ne vais certainement pas aller voir ailleurs. »

Sa fille Claire, qui préside au quotidien de l’écurie, a eu également des mots touchants envers Frank – elle se sent redevable de son héritage, aujourd’hui en danger sur le plan sportif.

« Papa a la ténacité la plus extraordinaire, la résilience la plus grande, mais je pense que tout peut être expliqué par sa passion. Il adore juste la F1, c’est sa vie. Dès qu’il sortit du pensionnat – ce fut une période assez solitaire pour lui – la F1 lui a donné une communauté. Certainement, après son accident, la F1 a été pour lui une raison de vivre, comme pour toute notre famille. Williams, c’est ce qui l’a poussé à continuer de travailler, la F1 est son oxygène. Il vit, il respire pour la F1, et il continue de le faire aujourd’hui. »

Jonathan Williams, fils de Frank, et qui avait été un temps pressenti pour prendre la succession de l’écurie à la place de Claire (il siège aujourd’hui au Conseil d’Administration), a lui aussi rendu hommage à son père et à sa ténacité.

« Papa est absolument déterminé. Son accident fut dramatique, elle a changé la vie de nous tous. Notre famille a dû s’adapter, maman a dû s’adapter pour reconstruire papa, et son environnement. Elle a été exceptionnelle. La détermination de papa à revenir en F1 ne s’est jamais évanouie. Il est un racer, il a toujours hâte de disputer la prochaine course. Sa nature compétitive est aussi solide qu’elle l’a toujours été. Ce qu’il a réussi à construire, c’est un héritage formidable pour notre famille, nos petits-enfants, et pour les fans ; mais l’histoire continue, elle n’est pas encore terminée. »

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