2e titre de Verstappen : quand certains, dont Wolff, le disaient ‘trop jeune’ pour la F1
L’âge doit-il plus compter que l’expérience et la performance ?
C’est désormais une certitude : Max Verstappen se succède à lui-même en remportant un deuxième titre pilotes consécutif.
A cette occasion, Nextgen-Auto revient sur les tout débuts de la carrière du Néerlandais en F1 – et notamment sur la polémique liée à son jeune âge lorsqu’il était appelé à faire ses débuts en Grand Prix en tant que titulaire chez Toro Rosso.
Quand Wolff critiquait les débuts de Max Verstappen en F1
Après notamment des essais libres réussis à Suzuka, en 2014, et une fin de saison tonitruante en F3 (bien qu’il fût battu pour le titre par Esteban Ocon), Max Verstappen fut choisi par Toro Rosso pour faire ses débuts, en F1, en tant que titulaire, pour la saison 2015. Mathématiquement, le Néerlandais était alors appelé à devenir le plus jeune pilote à courir en Grand Prix – avant même l’âge de la majorité légale, ou l’obtention de son permis de conduire.
Sur le moment, les critiques avaient fusé sur la promotion trop précoce d’un ‘jeunot’ en F1 : peut-on vraiment débuter en F1 avant ses 18 ans ? Cela ne risque-t-il pas de remettre en question la vision de la F1 comme pinacle du sport automobile ?
Plusieurs voix avaient ainsi critiqué le choix de Toro Rosso de titulariser Max Verstappen. Comme… Toto Wolff. Le patron de Mercedes estimait le Néerlandais bien trop jeune pour débuter efficacement en F1.
« Max est un talent extraordinaire, il n’y a aucun doute là-dessus. Il a définitivement le calibre d’un pilote de F1 et probablement d’une star du futur. Mais mettre un jeune de 17 ans sur la grille de départ d’un Grand Prix de F1 est une autre chose » estimait Toto Wolff en décembre 2014.
« Je ne pense pas que ce soit bon pour notre sport. La Formule 1 n’est pas une cour de récréation où l’on développe de jeunes pilotes. »
Mais il faut remettre cette déclaration de Toto Wolff dans son contexte : Mercedes avait aussi cherché à attirer Max Verstappen en F1. Cependant en l’absence d’équipe-B, comme Red Bull avait Toro Rosso, Toto Wolff ne pouvait promettre qu’une saison en GP2 à Max Verstappen. La possibilité offerte par Red Bull de débuter directement en F1 avec Toro Rosso a fait la différence, in-extremis. Qui sait, si Mercedes avait eu une équipe-B, Max Verstappen aurait peut-être été un coéquipier de Lewis Hamilton dans un univers parallèle…
Si Verstappen avait choisi la filière Mercedes, Wolff lui aurait ainsi proposé « au moins une année en GP2 et plusieurs jours d’essais au volant d’une F1. Un apprentissage est forcément nécessaire même s’il se dit prêt pour la F1 » expliquait-il.
Toto Wolff était d’ailleurs loin d’être une voix critique isolée dans le paddock.
Mika Salo par exemple, commissaire de la FIA lui-même, critiquait ce choix de Toro Rosso à la fin 2014 aussi : « Selon moi, c’est une très mauvaise chose pour la F1. Un gars aussi jeune ne devrait pas avoir l’autorisation de rouler en F1. Ce devrait être le sommet du sport automobile et il faudrait des années d’expérience pour y accéder. La F1 n’est pas une catégorie pour les pilotes juniors. Si cela ne se passe pas très bien lors de ses deux premières années en F1 que va-t-il se passer pour lui ? Il deviendra un ex-pilote de F1 à l’âge de 19 ans. »
Mark Webber optait lui pour l’ironie grinçante : « J’ai eu une merveilleuse carrière, mais lorsque je vois qu’un gamin de 17 ans va faire de la F1, je me dis qu’à 38 ans, c’est fini pour moi. »
La confiance de Marko et de Max Verstappen
Du côté de Toro Rosso et de Red Bull, on était évidemment certains du bien-fondé de ce ’pari Verstappen’.
Helmut Marko apportait une contribution décisive au débat : tout d’abord, l’âge ne compte pas, l’expérience oui. Or à 17 ans, même à 17 ans, Max Verstappen était déjà un pilote très expérimenté. Au-delà de l’expérience, la performance comptait aussi : et Max là encore avait montré de quoi il était capable. L’âge n’est ainsi pas un critère : on peut tout à fait avoir 35 ans et être un pilote inexpérimenté pour la F1…
« Les autres équipes parlent aux jeunes pilotes, nous, nous agissons. Je veux bien parier 100 euros que Max Verstappen sera au niveau de Daniil Kvyat dès la première course de la saison » prédisait ainsi Helmut Marko.
Max Verstappen lui-même justifiait ainsi sa promotion express, en des termes logiques : « L’année passée, notre plan était de rester deux ans en F3 et ensuite seulement décider quoi faire. Mais j’ai signé de très bons résultats immédiatement et à partir de là, tout est allé très vite. Je ne m’attendais certainement pas à ce que cela se passe de cette façon. Au début, je m’étais demandé si j’avais toutes les qualités nécessaires pour faire de la F1 et puis après avoir analysé la situation, j’en suis arrivé à la conclusion que c’était bien le cas. »
« Jusqu’à présent, j’ai eu l’occasion de participer à trois séances et je n’ai eu aucun accident au contraire d’autres pilotes. Je suis me suis progressivement adapté sans me presser, mais mes chronos n’étaient pourtant pas trop mauvais » concluait-il.
Position qui était celle également de l’ancien pilote Jan Lammers, proche de l’univers Red Bull : « Son âge n’est pas un problème. Max faisait déjà du karting à l’âge de 4 ans et puis passer de la F3 à la F1 n’a rien d’illogique. Alain Prost, Kimi Raikkonen et moi-même, nous avons tous fait ça. Personne ne doit oublier que Max est un très grand talent. Personnellement, je pense que 17 ans c’est très jeune pour débuter en F1, mais certains mûrissent plus vite que d’autres. Moi par exemple, je n’étais pas du tout prêt pour la F1 à cet âge. Max a bien sûr aussi l’avantage d’avoir un père qui sait comment cela fonctionne en F1. »
Des conséquences sur la Superlicence
En débutant en F1 avant l’âge de la majorité, Max Verstappen dut pourtant faire face à une série de critiques : son âge fut aussi un poids et une pression ; en particulier à chaque accident, on ne manquait pas de relever son âge...
D’ailleurs dès fin 2014, Jean Todt, le président de la FIA, fit modifier les critères d’obtention de la Superlicence (qui n’affecteraient pas Max Verstappen).
En clair, il fallait revaloriser l’image de la F1, prétendument atteinte, en durcissant les critères d’obtention de la Superlicence. Il y avait mieux comme signe de confiance dans le rookie néerlandais !
Todt se justifiait ainsi : « Personnellement je pense qu’il est trop jeune. Il y a quelques jours, lors du Conseil Mondial au Qatar, nous avons changé les critères pour l’obtention de la Superlicence. A partir de 2016, un pilote ne pourra plus l’obtenir s’il n’est pas capable de rouler sur des routes publiques. Je pense que cette solution est logique. »
Entre parenthèses, Max Verstappen dut ainsi se dépêcher d’obtenir son permis avant mars 2016. Et pour l’anecdote, rappelons que Juan Manuel Fangio a obtenu ses titres de champion du monde sans avoir le permis de conduire. Mais c’était bien sûr une autre époque…
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