2e titre de Verstappen : Le paradoxe d’une saison bien plus dominatrice que prévu
La F1 2022 aurait dû être sacrifiée sur l’autel de la saison 2021
C’est désormais une certitude mathématique : Max Verstappen se succède à lui-même et remporte un deuxième titre pilotes consécutif.
A cette occasion, Nextgen-Auto revient sur le déroulement d’une saison moins cahoteuse que celle de l’an dernier – où le Néerlandais, après des débuts difficiles, a marché sur la concurrence.
2022 : une saison qui était censée être sacrifiée ?
Si l’on met peut-être de côté la saison 2013, jamais Red Bull n’aura bénéficié d’une voiture aussi dominatrice qu’en 2022 – le mérite de l’exploitation de la voiture revenant aussi, bien sûr, en bonne part, au talent de Max Verstappen.
Les erreurs commises par la Scuderia Ferrari, en termes d’opérationnel, comme le loupé de Mercedes sur le plan aérodynamique, ont également accentué l’impression de domination de Milton Keynes cette année.
Pour autant, un fait demeure : cette domination de Red Bull en termes de performance pure, résulte à la fois d’une surprise et d’une paradoxe.
D’une surprise, parce que tout le monde s’attendait de nouveau à un duel serré en tête de la grille entre au moins Mercedes et Red Bull. D’un paradoxe, parce que des écuries de pointe, Red Bull était pourtant – semble-t-il – l’équipe ayant le plus sacrifié le développement de la voiture 2022 sur l’autel de la saison 2021.
« Si Ferrari débarque avec la voiture la plus performante et nous écrase dès la première course, cela voudra dire que nous n’avons probablement pas fait les bons choix » confiait ainsi Christian Horner après le Grand Prix d’Abu Dhabi, l’an dernier.
Et pour cause : Red Bull n’avait jamais caché avoir poussé à fond le développement de la voiture 2021, engagée dans une lutte si intense contre Mercedes et Lewis Hamilton – le moindre dixième, et donc la moindre évolution, pouvaient faire la différence.
On attendait même plutôt une domination de Mercedes en ce nouveau règlement aérodynamique de 2022 : car l’équipe allemande avait elle assumé, au contraire, une stratégie privilégiant 2022 sur 2021.
Toto Wolff détaillait par exemple cette stratégie de Mercedes après le Grand Prix d’Autriche l’an dernier (une défaite de Mercedes), soit avant même le début de la deuxième moitié de saison : « Comment nous avons raisonné ? Chez nous, cela a toujours été très simple : vous devez toujours penser à l’intérêt sur le long terme Tout jeter dans la bataille de 2021 jusqu’au dernier Grand Prix n’a aucun sens parce que la réglementation de l’année prochaine va nous accompagner pendant quelques années. (…) En termes de développement aérodynamique, nous nous sommes arrêtés il y a longtemps. »
Christian Horner avait donc beau jeu de déclarer au podcast "Beyond the Grid" récemment : « Oui, je suis surpris par le manque de rythme de Mercedes. Parce qu’ils ont fait une transition précoce vers les règles de 2022 en 2021, ils ont été vocaux sur le fait qu’ils compromettaient le championnat l’année dernière pour passer très tôt à leur voiture de 2022. »
En 2021, Red Bull assurait pourtant ne pas avoir voulu sacrifier la saison 2022. Max Verstappen, après ce même Grand Prix d’Autriche, s’était même fendu d’une sortie contre Toto Wolff, assurant que Red Bull savait ce qu’elle faisait.
Mais tout ceci était un feu de paille et un affichage médiatique, purement de façade. Christian Horner l’a reconnu, volontairement ou involontairement, en cette fin du mois de septembre dans une autre interview : Red Bull pensait bien avoir compromis la saison 2022.
« Ce qui a été particulièrement agréable cette année, c’est que malgré les changements colossaux de réglementation que nous avons dû subir cette année, et nous avons honnêtement pensé que nous avions compromis cette année en misant tout sur l’année dernière, l’équipe est arrivée avec une voiture incroyable. Nous avons probablement été la dernière équipe à passer au règlement 2022. Nous avons pris du retard dans le développement en 2021 » assurait ainsi Christian Horner.
Ô surprise, Red Bull vire en tête…
Quelle ne fut donc pas la – bonne – surprise de Red Bull en voyant, aux essais de Barcelone et de Bahreïn, que la monoplace de Milton Keynes était, tout compte fait, bien meilleure que la Mercedes.
Christian Horner n’en revenait pas alors de ce pari : « L’année dernière, la lutte pour le titre a été si intense qu’elle nous a poussés à développer la RB16B [la voiture de 2021] plus tard dans la saison que ce qui aurait été idéal pour une réglementation aussi nouvelle. »
Avant le début d’année, conformément à ces informations, il semblait légitime et rationnel de parier sur un ‘one-shot’ de Red Bull en 2021, avant que l’équipe ne paie les pots cassés de sa lutte homérique avec Mercedes en 2022 ; tandis que Mercedes, fidèle à son approche de 2014 (saisons 2012 et 2013 en bonne part sacrifiées), se dirigeait dans la bonne direction.
L’apparition d’une Mercedes radicale à 0 ponton à Bahreïn allait d’ailleurs dans ce sens : oui, Mercedes, se disait-on, avec ce temps de développement supplémentaire, avait bien trouvé une idée disruptive qui plierait la concurrence en deux… Mais il n’en fut donc rien ! La F1 est pleine de surprises…
Finalement, les propos de Max Verstappen, à l’été 2021, quand Red Bull paraissait sacrifier la voiture 2022, prennent aujourd’hui tout leur sens : « J’ai confiance dans les personnes que nous avons dans l’équipe et je sais que nous sommes concentrés à 100% sur l’année prochaine. »
La confiance de Max envers son équipe a été récompensée : Red Bull domine outrageusement. Pour une voiture au développement ‘sacrifié’, ce n’est pas si mal !
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