24h du Mans : Toyota ne donnera pas de consignes pour faire gagner Alonso
Il n’y a pas de voiture numéro 1, assure Vasselon
Directeur technique du Toyota Racing, Pascal Vasselon espère que l’heure de l’écurie japonaise au Mans est enfin arrivée. Avec Fernando Alonso à bord de la Toyota numéro 8, Toyota bénéficie de plus d’un atout autant sportif que médiatique.
« Nous avons bien sur échoué à gagner Le Mans ces derniers années, nous avons donc fait nos devoirs, nous avons listé toutes les raisons pour lesquelles nous avons perdues » a reconnu bien volontiers Pascal Vasselon devant Nextgen-Auto, ce mercredi dans le paddock du Mans.
« Parmi les raisons les plus importantes expliquant nos échecs, nous avons trouvé que nous avions mal géré les situations inattendues, ce qui par nature arrive. »
« Nous avons donc décidé de travailler différemment. Par le passé nous visions d’abord la performance. C’était l’objectif principal. Nous avons vu ces dernières années, que nous avions perdu non pas à cause de la performance, mais à cause de la fiabilité. Nous n’avions pas perdu en raison de problèmes fondamentaux. Nous avions échoué puisque nous n’avions pas bien préparé les situations inattendues. »
« La voiture est relativement stable. Donc nous consacrons plus de temps à résoudre d’éventuels problèmes, pour voir comment l’équipe réagit. C’est ce sur quoi nous avons travaillé, lors de chaque relais dans le simulateur. Nous nous sommes entrainés pour mieux réagir aux problèmes que nous rencontrons, les problèmes techniques, des problèmes de transmission, nous avons simulé tout cela. Nous avons même roulé sur trois roues pour voir ce que cela donnait, pour voir comment nous réagissons face à ces problèmes. »
« Mais nous n’avons pas essayé de boucler des tours seulement sur la puissance électrique C’était arrivé à Nicolas Lapierre l’an dernier, et nous avions fini à quelques mètres des stands… Nous pouvons essayer plusieurs autres choses en les programmant. »
Toyota sera la seule écurie à faire rouler des voitures hybrides cette année. A quel point les LMP1 japonaises ont-elles l’avantage sur les LMP1 non-hybrides selon Vasselon ?
« C’est difficile à dire. Nous n’avons pas toutes les données encore. Nous voyons certaines choses, mais ça ne reflète pas nécessairement le tableau final. »
« Nous avons plus de pression pour atteindre nos objectifs, mais nous l’avions déjà avant, depuis 2014. Nous devons performer, bien sûr. »
Toyota a essayé de préparer au maximum l’imprévisible. Sera-ce la paranoïa qui fera gagner enfin les Japonais au Mans ?
« Vous dites que c’est de la paranoïa, nous, on appelle cela de l’analyse de risques [sourire]. Le risque existe toujours. Les ingénieurs listent les principaux risques de leurs domaines respectifs, et ensuite, ils travaillent sur les problèmes prioritaires. Bien sûr depuis l’an dernier nous avons résolu certains risques, les plus graves, mais pas tous. Donc nous savons qu’il y a toujours des risques qui demeurent, et nous ne pouvons pas tous les résoudre et arriver au Mans en nous disant ‘tout ira bien, nous en sommes sûrs à 100 %’. »
« Les pilotes sont briefés, ils savent exactement le type d’incidents de course qui peuvent arriver, notamment en dépassant des pilotes retardataires. Il y a 50 % de chance d’avoir un contact, pas forcément un gros crash, mais au moins un contact. C’est le risque principal. Nous avons donc travaillé dans le simulateur pour gérer les dépassements et le trafic. Nous avons entraîné les pilotes pour qu’ils puissent réagir, pour qu’ils sachent quoi faire dans ce cas. »
Avec Fernando Alonso dans une voiture, n’est-il pas plus intéressant médiatiquement et commercialement pour Toyota de favoriser l’Espagnol ?
« Nous n’avons pas de voiture numéro 1, nous avons deux voitures et c’est tout » rétorque Vasselon à ces interrogations.
« Geler les positions durant le dernier relais, c’est quelque chose que nous considérons. Nous n’avons pas de plan défini d’ores et déjà, mais nous planifions ce genre de choses. Nous demandons à nos pilotes de ne pas se livrer à des batailles trop rapprochées. L’an dernier, nous leur avions juste demandé de gérer les dépassements de la manière la plus fluide possible. Et nous y sommes parvenus à plusieurs reprises. Nous leur demandons juste de s’assurer de ne prendre aucun risque inconsidéré. Si une voiture a des pneus beaucoup plus frais, nous pouvons demander à l’autre voiture d’ouvrir la porte. »
« Nous sommes tous des compétiteurs, mais il faut contrôler certaines choses. Nous avons juste besoin d’éviter des incidents malheureux. »
Ce mercredi et ce jeudi, les qualifications devraient donner une idée de l’avantage de Toyota en performance pure… même si Pascal Vasselon assure que là n’est pas la priorité.
« Nous n’allons pas consacrer trop d’efforts aux qualifications, nous n’avions jamais fait cela. La course est si longue ! Vous pouvez rapidement gâcher une session. »
Le record de la piste pourrait tout de même une fois de plus tomber, conclut Vasselon.
« Quel temps allons-nous faire ? Cela dépend tellement des conditions, c’est difficile à anticiper. La voiture est aussi rapide que l’an dernier, nous pouvons faire les mêmes temps que l’an dernier. Bien sûr que la voiture n’est pas plus lente que l’an dernier ! »