1% de femmes en karting : la F1 face au mur des inégalités de genre
Tout part de la base, rappelle Mercedes
Grâce au développement de la F1 sur Netflix ou les réseaux sociaux notamment, 40 % de l’audience du sport est désormais féminine, selon les statistiques de la FOM.
Et pourtant, 100 % des pilotes demeurent masculins et il n’est pas réaliste à l’heure actuelle, d’annoncer l’arrivée prochaine d’une femme en F1.
C’est pourtant le but notamment des filières jeunes pilotes d’amener des jeunes filles et femmes vers la F1. Mais on part de très loin en la matière…
La donne n’est pas près de changer en effet, si l’on en croit Toto Wolff : le patron de Mercedes a révélé qu’en karting aujourd’hui, il y avait 20 filles pour… 4000 garçons.
« Quand vous regardez la grille aujourd’hui en karting, pour 4000 garçons, vous aurez probablement 20 filles » a confirmé Toto Wolff pour le podcast "Beyond the Grid".
C’est en réponse à ces inégalités criantes que la FIA a lancé la F1 Academy, une sorte de F4 réservée aux femmes. Série que dirigera l’épouse de Toto Wolff, Susie, elle-même ancienne troisième pilote Williams.
Mais puisque le problème des inégalités remonte au karting, la F1 Academy s’y intéressera aussi de très près, poursuit Toto Wolff.
« La F1 a lancé, avec Susie, la F1 Academy, qui a précisément pour objectif de former la prochaine génération de pilotes féminines, en partant d’abord de la base, du karting. Il ne s’agit pas seulement de respecter des quotas ou de remplir la grille de départ, mais de trouver une femme capable de courir en Formule 1 avec succès dans une voiture compétitive. C’est l’objectif que Susie s’est fixé pour les années à venir et, si tout va bien, pour les cinq années à venir – le but est qu’une fille soit capable de courir en Formule 1, de monter sur les podiums et de remporter des victoires. »
Mercedes a aussi accueilli dans son académie, l’an dernier, Luna Fluxá, une des jeunes pilotes les plus prometteuses à l’heure actuelle, pour la faire courir en karting. Où en est-elle dans sa progression ?
« Luna est la première fille qui est vraiment capable de courir dans le peloton de tête de sa catégorie de karting et elle a le talent et le bagage nécessaires pour réussir en tant que pilote de course. Cela dit, si elle était un garçon, à ce stade, on s’attendrait à ce qu’elle gagne et remporte des championnats. Mais je pense qu’il faut partir de là et dire qu’elle a tous les ingrédients pour réussir. Ses parents ont fait du bon travail et maintenant c’est à nous de continuer à l’éduquer, et Gwen fait tout cela pour qu’elle soit prête pour la Formule 1. »
Lagrue : quand vous avez 1 fille pour 99 garçons…
Gwen, c’est Gwen Lagrue, le responsable du programme jeunes pilotes de Mercedes. Il n’ignore rien de la cruelle réalité statistique des inégalités de genre en F1 : quand les femmes représentent 1 % du vivier des pilotes en karting, la messe est déjà dite.
« Mon opinion personnelle est que c’est mathématique » commente Lagrue. « Quand vous avez 100 garçons qui débutent en karting, vous avez une fille. Sur ces 100 garçons, il y en a peut-être un qui arrivera en Formule 1. S’il n’y a qu’une seule fille qui commence en même temps, les chances sont nulles. La clé est donc d’attirer beaucoup plus de filles dans le karting que ce que nous avons aujourd’hui. »
Comme Toto Wolff, Lagrue place donc beaucoup d’espoirs dans Luna Fluxá, dont l’approche n’est "absolument pas différente" de celle d’un garçon selon le responsable de Mercedes.
« Chez Mercedes, nous avons la chance d’avoir une jeune fille talentueuse appelée Luna Fluxa. Elle fait du karting et a remporté le championnat d’Europe de mini-karting il y a deux ans, devant 90 garçons en colère ! Il m’a fallu un an et des mois pour trouver une fille pour notre programme. »
« Il faut qu’il y ait plus de filles qui courent. Nous devons attirer plus de filles. Il y a beaucoup d’initiatives en ce moment pour promouvoir les filles dans le sport automobile, mais aussi pour attirer beaucoup plus de filles dans le karting. C’est essentiel. »
« Luna est tellement déterminée. C’est un petit monstre quand elle porte le casque. Elle veut juste gagner et quand vous lui parlez, elle ne veut pas être considérée comme une fille. Elle veut être considérée comme une pilote. C’est un vrai personnage et elle est vraiment spéciale. »
Mais que faudrait-il faire, selon Lagrue, pour commencer à sérieusement remettre en cause les inégalités de genre en F1 ?
« Tout d’abord, nous devons rendre la F1 plus accessible en général. Le coût financier est essentiel. Toutes les initiatives prises par la Formule 1 avec la F1 Academy pour attirer les filles dans notre sport contribuent à résoudre ce problème. La Formule 1 attire de plus en plus de filles. Nous constatons qu’il y a plus de filles en karting, mais nous avons besoin de plus en plus de filles à ce niveau. Autant que les garçons. Je pense que c’est la seule façon de trouver des filles talentueuses et de les amener en Formule 1. »
« Nous n’en sommes qu’au début du processus et l’impact sera visible dans trois, quatre ou cinq ans. Il y aura beaucoup plus de filles dans les séries de karting international dans les années à venir. Nous venons de voir qu’en mini-karting, la première année, il y a un peu plus de filles qu’il y a cinq ou six ans, donc nous avons commencé à remarquer un impact. Mais nous devons continuer à pousser. »
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