Supprimer les limitations d’essence en course ? Les patrons sont partagés

Dura lex sed lex

Par Alexandre C.

27 octobre 2018 - 12:16
Supprimer les limitations d'essence

Au départ de chaque Grand Prix, les monoplaces ne doivent pas embarquer plus de 105 kg d’essence et le débit d’utilisation maximum du carburant est également réglementé – ce qui a mené, fait rare, à la disqualification d’Esteban Ocon et de Kevin Magnussen aux États-Unis. Les pilotes doivent en outre économiser de l’essence si besoin en course, sans compter qu’il faut aussi préserver les pneus… Bref, la F1 pourrait devenir un championnat de « grand-mère » pour reprendre l’expression de Kevin Magnussen.

Les directeurs d’écurie regrettent-ils l’évolution actuelle de la F1 ? Ne faudrait-il pas déréglementer quelque peu la discipline ?

« Il faut économiser du carburant en F1 et ce n’est pas nouveau » tempère Franz Tost, le patron de Toro Rosso. « Rappelez-vous de Prost, à Hockenheim, quand il avait dû pousser sa voiture parce qu’il était à court de carburant. Donc, il faut respecter le règlement. Vous n’aurez jamais assez de pneus ou de carburant à utiliser en course pour piloter durant 60 tours, à la limite. Ce n’est simplement pas possible… Nous le savons tous. Cela dépend de l’intelligence du pilote, de l’intelligence de l’équipe – concernant sa manière d’opérer pour respecter le règlement. »

En partie visé par les commentaires de son homologue, Otmar Szafnauer, le directeur de Force India, reconnaît que son équipe « n’a pas été assez futée pour respecter le règlement » à Austin.

« Le règlement a récemment changé, et il changera l’an prochain. La quantité maximum de carburant augmentera encore [de 105 à 110 kg]. Mais même sans ces limites, nous ferons toujours des compromis pour savoir quelle serait la bonne quantité d’essence à mettre dans la voiture, pour finir la course le plus rapidement possible. Même par le passé, c’était le cas, alors qu’il n’y avait pas ces limites. Vous mettez de l’essence dans la voiture de manière à finir le Grand Prix le plus vite possible. Et cela implique parfois une économie de carburant. Au contraire, si nous économisons du carburant, et si nos concurrents autour de nous ne le font pas, alors, ça pourrait faciliter les dépassements : dans ces circonstances, c’est le bon moment pour attaquer. Donc vous voyez, ce genre de règles peut aussi favoriser les dépassements. »

L’économie de carburant pourrait-elle dès lors augmenter le spectacle sur la piste ? Günther Steiner n’est pas de cet avis…

« Nous n’avons pas été assez intelligents pour gérer le carburant et je ne vais pas nous trouver une excuse » reconnaît le directeur de Haas. « Mais si la course était raccourcie, en laissant le règlement tel quel, alors, nous n’aurions pas à dépenser autant d’argent dans le développement pour trouver comment économiser de l’essence. Juste en réduisant la course de trois tours, le Grand Prix serait beaucoup plus ouvert. Et il y aurait plus de dépassements que dans la situation actuelle, où il y a beaucoup de lift-and-coast. »

« Si vous écoutez les radios aujourd’hui, 80 % des conversations concernent du lift-and-coast. Une voiture de course, selon moi, est développée pour disputer une course dans son intégralité, pas pour économiser de l’essence. C’est mon opinion. Et on pourrait facilement y arriver. Si les courses faisaient trois tours de moins, ça ne déplairait à personne. Aujourd’hui c’est une procession en raison de l’économie de carburant de toute façon. »

Directeur de Sauber, Frédéric Vasseur tente la synthèse des opinions de ses homologues.

« Le premier sujet, c’est la pénalité. Il y a un règlement et si vous l’enfreignez, il faut une sanction. Ensuite, le deuxième point, c’est le règlement… Mais c’était une décision prise en commun que d’avoir une course basée sur l’efficience énergétique. Aujourd’hui, vous voulez courir sans aucune limite de carburant. Pourquoi pas ? Mais c’est un autre chemin qu’il faudrait alors emprunter. »

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