Mercedes, championne du monde des constructeurs 2014

Retour sur l’engagement de Mercedes en Grands Prix

Par Franck Drui

12 octobre 2014 - 14:42
Mercedes, championne du monde des (...)

Mercedes a décroché aujourd’hui à Sotchi son premier titre de champion du monde des constructeurs en Formule 1, après de nombreux titres obtenus en tant que partenaire motoriste de McLaren.

La carrière en Formule 1 de Mercedes-Benz en tant que constructeur est quasi-identique à celle d’Alfa Romeo dans les années 50 : carrière courte, mais riche en performances, ponctuée par deux titres pilotes.

La carrière de Mercedes en Grand Prix débuta très tôt dans l’histoire automobile. Trois bolides allemands étaient présents lors du premier GP de l’histoire au Mans en 1906. Mais la vraie période faste de Mercedes débuta dans les années 30. Hitler voulant montrer la supériorité de l’Allemagne, Mercedes et Auto-Union, reçurent des sommes colossales pour s’imposer en course. En 1934, après un début désastreux, Manfred von Brauschtisch remporta l’Eifelrennen au Nürburgring, après que Fagioli ait finalement accepter de laisser passer le pilote allemand.

En 1935 est lancé le championnat d’Europe de l’AIACR. Championnat remporté par Rudolf Carraciolla, ainsi qu’en 1937 et 1938. En 1936, c’est Bernd Rosemeyer qui s’impose avec la firme Auto-Union. Toutes les autre firmes européennes font grise mine, car les allemands ne laissent rien derrière eux. Il faudra la fougue de Tazio Nuvolari pour s’imposer au Nürburgring avec une Alfa Romeo P3, pour s’imposer devant 4 Mercedes et 4 Auto-Union. Jusqu’en 1939, Mercedes s’imposera.

Après la guerre, il faudra attendre la saison 1954 pour revoir les flèches d’argent en compétition. Alfred Neubauer, le directeur d’équipe de Mercedes, engagea le champion du monde 1951, Juan Manuel Fangio. Lors du GP de France, les Mercedes sont bien les plus fortes. Juan Manuel Fangio gagne devant son coéquipier Karl Kling. Fangio remportera 3 autres courses pour s’adjuger une deuxième couronne mondiale. En 1955, Fangio a un nouveau coéquipier, Stirling Moss. Commence ainsi une relation maître-élève, l’un des plus grands duo (et duel) de la F1. la saison commence bien, Fangio remporte 2 des 3 premières courses.

Mais le 11 juin, un terrible accident arrive aux 24 heures du Mans. L’accident de pIerre Levegh provoque la mort de 82 personnes et du pilote lui-même. A la 9ème heure, les Mercedes se retirent de la course, avant d’annoncer leur retrait de la F1 à la fin de la saison 1955. Fangio sera champion, Moss 2ème. Les Mercedes ne reviendront plus en tant que constructeur. En 12 courses seulement, les Mercedes auront gagné 9 fois et réalisé 17 podiums. Des chiffres impressionnants.

Et il faudra attendre 1993 pour revoir Mercedes, en tant que motoriste cette fois, de l’écurie Sauber, que Mercedes soutenaient déjà avant que l’écurie n’arrive en F1. Puis en 1995, c’est le début du partenariat avec l’écurie McLaren. Une alliance qui aboutit en 1997 à une première victoire de Mercedes depuis 42 ans, grâce à David Coulthard en Australie. En 1998, le trio McLaren-Mercedes-Mika Häkkinen remporte les titres pilotes et constructeurs. En 1999, Häkkinen conserve son titre, mais McLaren est battu par Ferrari chez les constructeurs.

Puis, pendant une décennie, McLaren-Mercedes ne va rien gagner tout en restant une écurie pointe. L’équipe passe pourtant près du titre en 2003, 2005 et 2007. Le scandale d’espionnage qui éclabousse l’écurie cette année-là déplaît fortement au motoriste allemand, qui a peut-être envisagé un retrait. Durant ces années 2000, les rumeurs de rachat de McLaren par Mercedes vont bon train, mais ne se concrétisent pas. Finalement en 2008, Lewis Hamilton devient champion du monde, offrant à McLaren-Mercedes ses premiers lauriers depuis neuf ans.

En 2009, en plus de McLaren, Mercedes motorise les petites équipes Force India et Brawn GP. Cette dernière, bâtie sur les ruines de l’écurie Honda et dirigée par le génial concepteur Ross Brawn, va s’affirmer à la surprise générale comme la nouvelle équipe de pointe. Brawn réussit en effet à offrir à Mercedes ce que McLaren a été incapable de faire en une décennie, décrocher les deux titres, pilotes (avec Jenson Button) et constructeurs.

Fin 2009, tandis que quasiment tous les autres grands constructeurs quittent la F1, Mercedes songe à faire son retour officiel. Brawn GP, peu chère et très performante, semble être la base idéale. Le 16 novembre 2009, Daimler AG et Aabar Investments PJSC rachètent 75,1% des parts de l’équipe. Celle-ci prend le nom de Mercedes Grand Prix. Brawn et Nick Fry restent les dirigeants du team tandis que Norbert Haug dirige le département moteur. Le groupe pétrolier malaisien Petronas est le sponsor principal. Ce rachat suscite quelques protestations au sein de Daimler-Benz, alors que la crise économique frappe durement les salariés de la marque.

Côté pilotes, le jeune et prometteur Nico Rosberg est engagé. Mais surtout, Mercedes obtient en décembre le retour de Michael Schumacher. Le septuple champion du monde, retiré depuis 2006, s’ennuie dans la retraite dorée que lui a offert Ferrari. A 41 ans, il accepte de faire son retour à la compétition et signe pour trois ans avec la marque qui a parrainé ses débuts en course automobile. Enfin, l’expérimenté Nick Heidfeld, un temps pressenti pour le second baquet, est nommé pilote de réserve des Flèches d’argent.

Malheureusement, trop occupé à développer la voiture de 2009 et manquant alors de moyens, Ross Brawn n’a pas pu beaucoup travailler sur la nouvelle MGP W01. Ainsi celle-ci se révèle très en deçà des machines de pointe, à savoir les Red Bull, Ferrari et McLaren. Malgré plusieurs évolutions, la monoplace n’arrive pas à progresser dans la hiérarchie et ne peut pas viser autre chose que les points.

Mais ce qui va surtout attirer l’attention sur Mercedes en 2010, ce sont les piètres performances de Schumacher, visiblement peu à l’aise avec les Formule 1 modernes et plus encore avec la rétive W01. Le septuple champion du monde est dominé quasiment toute la saison par son jeune équipier et ne fait pas mieux quatrième en course. De quoi alimenter pendant des mois l’aigreur de la presse sportive allemande à son égard. C’est donc Rosberg qui tire le mieux son épingle du jeu en obtenant trois podiums, et surtout en terminant quinze courses sur dix-neuf dans les points. Il permet ainsi à Mercedes de conserver la quatrième place au classement des constructeurs, assez largement devant Renault. Mais Schumacher a inscrit deux fois moins de points que Rosberg. Surtout, avec cinq victoires, McLaren-Mercedes finit largement devant l’équipe d’usine de la marque.

Ces piètres performances suscitent de vives critiques en Allemagne et particulièrement au sein des syndicats, qui dénoncent cet investissement en temps de crise économique et sociale. Toutefois le système de financement de l’équipe apparaît sain, puisque Mercedes utilise les fonds perçus dans son désengagement de McLaren. A la fin de l’année le constructeur allemand rachète les parts que possédait encore Brawn dans l’équipe et en prend le contrôle à 100%.

Mercedes se tourne donc vers la saison 2011 pour redresser la barre. La Mercedes MGP W02 est présentée le 1er février 2011 sur le circuit de Valencia. L’équipe a des attentes élevées et espère remporter au moins une victoire cette saison. Nico Rosberg et Michael Schumacher restent les pilotes titulaires et brillent durant les essais hivernaux. Certains s’imaginent déjà que les flèches d’argent joueront la victoire à Melbourne...

Mais c’est tout l’inverse qui se produit. Trop peu compétitives, les Mercedes se retrouvent dans le peloton et les deux pilotes abandonnent suite à des dommages causés par des accrochages. C’est donc au deuxième Grand Prix de la saison que les premiers points sont inscrits grâce à la 9e place de Michael Schumacher. Après deux courses, Mercedes GP pointe à la 8e place du classement avec seulement 2 points au compteur... Red Bull en a déjà 78, Mclaren 48 et Ferrari 36.

L’un des principaux points faibles de cette MGP W02 est sa grosse consommation de pneus Pirelli. L’usure est trop rapide et cela est particulièrement visible dans les rues de Monaco où l’écurie ne marque aucun point. Heureusement, quelques éclaircies apparaissent ici ou là. En Turquie, Nico Rosberg se qualifie 3e et termine 5e après avoir doublé Jenson Button en fin de course. Quant à Schumacher, c’est au Canada qu’il parvient à briller en terminant 4e après avoir longtemps occupé la deuxième place.

En terminant régulièrement dans les points, Mercedes remonte au championnat et s’installe confortablement à la 4e place. Mais au final, les qualifications et courses où les flèches d’argent parviennent à se mêler au peloton de tête sont bien trop rares malgré tous les efforts fournis par Nico Rosberg et Michael Schumacher.

Comme il n’y a pas grand chose à espérer sur la piste cette saison, l’état major de l’écurie s’attelle à préparer l’avenir en recrutant d’importants ingénieurs pour son département technique. Bob Bell, Aldo Costa et Geoff Willis sont les principales recrues de l’année. Mais pour les deux derniers, qui ont rejoint l’usine en fin d’année, leur influence sera forcément moindre dans la conception de la voiture de 2012. L’avenir passe également par Nico Rosberg qui a prolongé son contrat le 10 novembre.

2012 ne répond toujours pas aux attentes de Mercedes, même si Mercedes a enfin pu signer sa première pole position et sa première victoire lors du Grand Prix de Chine avec Nico Rosberg. Cette fois c’est la fiabilité qui fait défaut avec 10 abandons pour la W03.

La compétitivité a également chuté de course en course et termine à la 5ème place du championnat, loin derrière Lotus. Mais on comprend que Brawn a lancé une restructuration d’envergure qui doit payer en 2013. Ce qui a convaincu Lewis Hamilton.

Ainsi, le 28 septembre 2012, ’écurie Mercedes Grand Prix annonce que Lewis Hamilton a signé avec elle un contrat de trois ans et remplacera donc Michael Schumacher à partir de la saison 2013.

2013 sera en effet meilleure : Nico Rosberg remporte deux victoires dans la saison, à Monaco et à Silverstone, tandis que son coéquipier remporte l’épreuve hongroise. Le duo de pilotes réalise huit pole positions dans l’année (5 pour Hamilton et 3 pour Rosberg) et inscrit un total de 360 points, ce qui permet à l’équipe de terminer vice-championne du monde des constructeurs derrière Red Bull Racing avec 6 points d’avance sur la Scuderia Ferrari.

Et c’est bien en 2014, en travaillant au maximum sur la nouvelle règlementation, que Mercedes a réussi la saison (en cours) que l’on connait. On ne peut que féliciter les nouveaux champions qui ont remporté toutes les courses jusqu’à présent, sauf 3, gagnées par Red Bull.

Sources : Stats F1, Nextgen-Auto

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